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Les faits divers de Sacré : « Les sœurs jumelles à pleine main »

Publié le mardi 30 janvier 2007 à 07h32min

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Arrêté devant la porte d’entrée du domicile de son patron, Moussa hésitait à frapper pour deux raisons :
1- on était dimanche et il serait peut-être mal vu de venir parler service en ces lieux. Le sale caractère du chef de service était bien connu de tous.
2- du dehors, il entendait une voix de femme très fâchée après quelqu’un qu’il imaginait être un enfant ou la bonne.

Moussa l’entendit crier que s’il pensait que laver le linge ou les assiettes était facile, il n’a qu’à goûter voir. La voix de la femme très remontée hurla : « « kouim dala ! énorme paresseux, arrête de laver le linge pour rincer les assiettes et les marmites, j’en ai besoin ! ».

Moussa écouta encore et frappa. Ce fut la voix de femme crieuse qui lui hurla de pousser. Il poussa et il vit. Il vit son chef de service en culotte, torse nu penché au-dessus d’une grande bassine pleine d’ustensiles sales. Le chef rinçait des assiettes à grandes eaux. Au-dessus de lui, les mains sur les hanches, son épouse le fusillait de son noir regard.

Le chef de service tourna piteusement la tête vers lui. Il lut dans ses yeux toute la détresse de l’homme découvert en flagrante humiliation, comme s’il avait été surpris tout nu par son subordonné. Le chef se redressa comme vaincu et lui demanda d’une voix, misérable ce qu’il voulait. Moussa lui débita en accéléré que pour cause de décès au village, il ne serait pas au service le lendemain lundi. De cette même voix, le chef lui répondit que ce n’est pas grave et Moussa démarra presqu’à reculons.

Derrière lui il entendit la femme tempêter : « fais vite, je suis pressée ! « et le bruit des ustensiles que l’on remuait vivement reprendre à son ordre. Sorti de la cour, Moussa pensa un instant que ce qu’il avait vu chez le chef n’était pas vrai ; et pourtant, son chef qui les faisait cavaler au service, qui donnait ses ordres sous forme d’injures ne leur faisait en réalité que ce qu’il subissait lui-même à la maison.

Chaque mauvaise paro1e qu’il leur adressait, répondait à l’injure reçue la veille de son épouse. Ainsi donc, le chef de service était un pauvre type bourré de complexes et même peut être de coups !

Les plus surpris furent sans nul doute les collègues lorsqu’ils remarquèrent le changement d’attitude du chef vis-à-vis de Moussa. Il lui parlait autrement qu’à eux, ne le contrariait plus comme s’il le ménageait. Les collègues ne savaient pas que Moussa connaissait la honte du chef et c’était tout comme lui tenir les « sœurs jumelles » à pleine main.

Sacré Chédou OUEDRAOGO
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 30 janvier 2007 à 11:31 En réponse à : > Les faits divers de Sacré : « Les sœurs jumelles à pleine main »

    Si j’étais à la place de Moussa, j’organiserai des visites régulières chez le chef les week-ends afin que le temps de nos visites boulerverse les choses en lui, qu’il passe des moments de paix avec nous. Il faut aider le chef à sortir de cette situation malsaine que certaines femmes oublient lorsqu’elles ne font que parler de violences faites aux femmes.
    Il y a des femmes très cruelles qui n’ont aucun amour pour leur homme. La famille du chef devra être informée pour que des mesures soient prises. merci

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