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Fêtes de fin d’année : Effervescence sur fond de “viima y a kanga”

Publié le jeudi 28 décembre 2006 à 06h55min

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L’année 2006 égrène ses derniers jours. Une fin d’année particulière ? En tout cas, il y a longtemps que ne se sont suivies à quelques d’intervalles autant de fêtes : Noël (25 décembre), Tabaski (30 décembre), Saint Sylvestre (31 décembre/1 janvier).

Partout donc dans le monde, c’est l’effervescence festive, chacun y allant selon ses moyens et l’atmosphère du milieu le permettant. Au Faso, les réalités ambiantes sur fond de « Viima y a Kanga » (la vie est dure) déteignent sur les préparatifs des uns et des autres.

Le micro trottoir que nous vous proposons livre les sentiments de quelques citoyennes et citoyens Ouagalais qui ont bien voulu s’exprimer sur l’occurrence. Des propos qui en général évoquent la cherté de la vie mais surtout ne manquent pas d’appeler à la prudence car les excès sont sources de nuisance.

Les fêtes qui s’annoncent, qu’en pensez-vous ? Etes vous prêt ?

Madame OUEDRAOGO Née ZIDA Elise (se faisant tresser les cheveux) : “Les préparatifs vont bon train et nous sommes contents cependant, cette année il y a beaucoup de difficultés dues au manque d’argent et cela bloque toutes les activités. Nous fêtons Noël et nous comptons faire comme d’habitude c’est à dire saluer les amis, les voisins et souhaiter la paix la santé et le bonheur pour tous les Burkinabé.

Je dis surtout à la jeunesse de faire très attention et de ne pas exagérer parce que c’est la fête. On assiste souvent à des cas malheureux qui peuvent aller jusqu’au pire. Nous ne le souhaitons pas mais, la prudence doit être de mise”.

Vous êtes une actrice principale des fêtes parce que c’est vous qui rendez les femmes belles. Comment ça se passe cette année ?

Kadi EMMA, coiffeuse : “Nous faisons en tout cas ce que nous pouvons. Mais cette année la clientèle est timide. Vous voyez le salon est presque vide. Cela s’explique par le fait que les gens n’ont plus d’argent et le peu qu’ils ont ne le gaspilleront pas pour les fêtes qui sont passagères. En tout cas pour l’instant, nous ne faisons pas de bonnes affaires.

Espérons que la clientèle va augmenter d’ici là. Il faut savoir aussi que les hommes sont devenus pingres. Ils fuient leurs responsabilités. Les femmes se débrouillent seules, ce n’est pas intéressant. Pour les fêtes je souhaite à tous le peuple burkinabé de très bonnes fêtes. Déconseillons aussi l’abus de l’alcool parce que cela peut entraîner des surprises désagréables”.

Nous sommes à quelques jours des fêtes. Faites-vous de bonnes affaires ?

Abdoul Ganion SANFO commerçant : “Ça va un peu. Comme c’est le début les gens ne se bousculent pas mais c’est pas mal. Je vends des sacs, des jeans et autres habillements des Tanties et des jeunes. Vous savez le manque d’argent fait que les parents choisissent une seule tenue pour toutes les fêtes.

On les comprend ce n’es pas facile partout. Par exemple la Tabaski, les musulmans fêtent en famille et on n’a pas besoin de beaucoup de choses pour ça. Par contre Noël et le 31 décembre les gens dépensent énormément sur ces deux festivités lors de là. Cette année les fêtes sont trop rapprochées et les gens n’ont pas d’argent”.

Votre étalage grouille t-il de clients cette année ?

Madame Alizèta OUEDRAOGO commerçante : “Partout le marché est timide. Je pense que cela s’explique par l’effet grandissant de la pauvreté. C’est dur pour tout le monde. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui ne veut pas bien s’habiller et paraître beau et respectable ? Hélas les moyens font défaut. On fait donc avec. Si je fais une comparaison par rapport à l’année passée le bilan est négatif en terme d’affluence. Nous ne recevons que des visiteurs, pas d’acheteurs.

Vraiment pour l’instant nous ne faisons pas de bonnes affaires. Attendons de voir à la dernière minute comme on dit. A l’endroit de la population j’appelle à la prudence et à la solidarité entre les filles et fils du pays. La paix est très précieuse, il faut travailler à la renforcer et c’est par là que nous allons ensemble surmonter les difficultés. Aux jeunes je demande de boire surtout avec modération”.

Vous êtes boucher, comment ça se passe pour vous, les fêtes ?

Ousmane NEA boucher à Zaabre-Dâaga : “Pour le moment ça ne va pas trop. Depuis le matin on n’a rien vendu. Je ne sais pas pourquoi cette année c’est comme çà. Il faut dire aussi que la viande est devenue chère et ce n’est pas donné à tout le monde surtout avec cette vie chère de s’en procurer. Le kilogramme de viande est à 1500F CFA. Comme les fêtes arrivent et nous trouvent en bonne santé, on ne peut que remercier Dieu. Nous prions pour tous les Burkinabé et nous leur souhaitons bonnes fêtes.

Madame, vous-êtes venue faire le marché pour les fêtes ?

Mme Fati SAWADOGO, cliente : “Oui, je suis là pour faire des emplettes pour la fête. Il faut dire que tout est cher. Je ne sais pas si c’est parce que c’est à l’approche des fêtes. Je me dis aussi que c’est dû à la pauvreté : les commerçants sont pauvres, les clients également, c’est très difficile. Je suis chrétienne. Je privilégie le Noël parce que c’est la fête des enfants et il faut leur faire plaisir.

Je fais aussi du commerce surtout de Bazin, ça marche un peu. Pour moi, c’est normal qu’on fasse la fête du fait qu’on a la santé, la paix. Cependant il faut déplorer l’exagération et aussi il faut cultiver la solidarité en partageant le repas avec ceux qui n’en n’ont pas. Ça renforce les liens et Dieu aime ça. Je prie pour une année de paix, beaucoup de santé, la joie et l’amour et beaucoup d’argent”.

Vous vendez des arbres de Noël on peut dire que ça va chez vous ?

Moumouni NIKIEMA commerçant : “Oui ça va, c’est le marché et chacun gagne pour lui. Les sapins que vous voyez, on les vend selon la taille. Il y a trois qualités et sur chacune je n’ai pas plus de 1000F de bénéfice. Je pense qu’il faut être honnête envers les clients et les clientes. Comme c’est de la décoration c’est une activité périodique donc on s’adapte.

Si le Noël passe, on vend autre chose. Ce sont des produits chinois et chacun trouve son compte. Je dis aux jeunes que c’est quand on a la vie qu’on peut s’amuser. Donc je leur conseille la prudence surtout de boire peu. Pour moi l’alcool n’apporte que des malheurs. L’alcool fait que les gens ne vous respectent pas. ça Je dis à mes frères de s’abstenir de boire. Bonne fête à tous, surtout à nos mamans”.

Vous faites de la broderie. Pour les fêtes on peut dire que vous faites de bonnes affaires ?

Mohammed Maki TALL tailleur spécialiste en broderie nationalité malienne : “Ça va bien, vraiment, vous savez nous travaillons avec des rendez-vous. Nous disons à nos clients d’apporter leurs tissus un moi avant. Là on est sûr de l’avoir. A l’heure actuelle, on est obligé malgré nous de refuser les travaux de dernière minute. Nous pensons que tous ceux et celles qui ont fait confiance, nous allons honorer nos engagements à 98%”.

On dit que les tailleurs sont réputés « dribbleurs » ?

“Mais, les clients aussi nous dribblent. Je dirai que les principaux clients ici, sont les femmes. Cependant nous faisons de la couture mixte. Je dis aux clients de venir tôt chez le tailleur afin qu’ils puissent travailler tranquillement et bien. Il faut souvent comprendre les tailleurs aussi voyez je suis là depuis hier matin (Ndlr micro trottoir réalisé au soir du 23 décembre 2006) et je n’ai pas encore été voir ma famille. On fait le maximum pour satisfaire tout le monde. Qu’on nous comprenne. Je profite souhaiter bonne fête à tous nos clients et à la population entière".

Comment ça se passe pour vous surtout que les fêtes arrivent à grande vitesse, de bonnes affaires ?

Batogoma TRAORE, couturière mixte : “Pour le moment ça va juste un peu. Avec ces trois fêtes Noël, Tabaski, le 31 décembre (Saint sylvestre) la couture ne se porte pas très mal. De bonnes affaires ? pas trop.

Pour les clients et clientes nous pensons honorer nos engagements à 100%. A l’endroit de la population j’appelle à la prudence surtout pas d’abus d’alcool. Cela peut entraîner des désagréments pour tout le monde. Je dirais même que si on pouvait s’en passer ce serait mieux. Je pense qu’il ne faut pas être plus pressé que l’année elle- même.

On constate que les gens s’excitent trop pendant les fêtes. Il faut plutôt aller doucement. Pour ce qui concerne la nature de ma clientèle je dirai que la bonne partie est féminine. Je souhaite par la même occasion une bonne fête et heureuse année à tout le monde. Que l’année prochaine nous trouve en bonne santé, avec moins de problèmes et beaucoup d’argent.

Par Issoufou MAIGA

Sidwaya

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