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3e SITHO : « Le bilan est globalement satisfaisant »

Publié le jeudi 7 décembre 2006 à 08h22min

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Isidore Nabaloum

La 3e édition du Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) s’est tenue du 30 novembre au 3 décembre 2006. Avec pour thème « Tourisme équitable et développement ». La manifestation a été organisée de fort belle manière.

Avant un bilan officiel chiffré, nous avons rencontré sur le vif le président du comité d’organisation, Isidore Nabaloum. Ce dernier nous fait part de ses motifs de satisfaction et les perspectives du SITHO.

Au moment où les rideaux sont en train de retomber sur la 3e édition du SITHO, en tant que président du comité d’organisation, pouvez-vous faire un petit bilan sur cette édition ?

En attendant que nous fassions le point complet afin de disposer de tous les chiffres précis, je pense déjà qu’on peut s’estimer globalement satisfait. Dans la mesure où nous avons pu réaliser tout ce que nous avions prévu comme activités. Nous estimons donc que la mission est accomplie, maintenant nous allons évaluer le nombre de visiteurs et d’exposants et apprécier les genres de visiteurs et exposants. Ensuite il faut analyser les contacts que ces différents acteurs ont pu établir entre eux. Ainsi dès la semaine prochaine nous allons arrêter un certain nombre de choses qui permettront d’avoir plus de détails sur le 3e SITHO qui vient de se tenir.

Quelles sont les difficultés majeures que vous avez pu rencontrer dans l’organisation et la tenue du 3e SITHO ?

Les difficultés majeures rencontrées sont celles inhérentes à l’organisation de ces genres de manifestations. Elles sollicitent beaucoup d’investissement, or notre principal soutien est l’Etat qui est conscient de l’importance de ces rencontres et qui accepte mobiliser d’importants fonds pour son organisation.

Certes, nous bénéficions aussi de l’apport de certains partenaires. Mais il faut dire que cela reste insuffisant, alors que le SITHO prend des galons d’année en année . Aussi le soutien d’autres partenaires serait inestimable. Quant au côté organisationnel, nous pouvons dire que nous sommes satisfaits parce que nous avons accompli ce que nous avions prévu.

Pour cette édition on a déploré quelque peu le manque d’affluence. D’aucuns ont mis cela sur le fait que nous venons juste de finir le SIAO et le SITHO serait de trop. Qu’en pensez-vous ?

Il faut dire que le secteur du tourisme et de l’hôtellerie ce n’est pas le secteur de l’artisanat et il faut dire que le SIAO est à sa 10e édition sur 20 ans alors que nous sommes relativement jeunes. En plus le secteur n’est pas trop connu encore, mais je pense que petit à petit ça va prendre. Mais nous trouvons quand même un motif de satisfaction surtout au niveau des excursions où nous avons beaucoup d’inscrits que nous n’avons pas pus honorer par faute de moyens de déplacement.

Les gens se sont beaucoup intéressés à la visite des sites touristiques tels que le parc animalier de Ziniaré, les crocodiles sacrés de Bazoulé, le palais du chef de Kokologo. Tous ces sites ont été visités par un bon nombre de gens, donc c’est très satisfaisant et très prometteur.

En terme de perspectives du SITHO est-ce qu’on peut s’attendre à la mise en place d’une structure permanente qui aura à gérer les affaires courantes du Salon ?

Je pense que nous allons naturellement vers cette voie. J’en veux pour preuve le fait que Madame le ministre ait annoncé la prochaine édition du SITHO qui aura lieu du 24 au 28 octobre 2007. Cela veut dire qu’une fois que nous aurons fait le bilan de cette présente édition elle va, je pense, nous confier la tâche de préparer la 4e édition, ce qui va nous donner au moins un an pour la préparation.

Vous avez évoqué tantôt les difficultés financières, Est-ce qu’il faut alors s’attendre à un SITHO où il faudra débourser de l’argent pour y participer ?

Je ne pense pas pour le moment qu’on aille vers cela parce que je pense que c’est à nous de travailler pour trouver des partenaires. Ainsi nous arriverons à faire grandir la manifestation techniquement. C’est-à-dire que nous devons arriver à faire adhérer l’ensemble des pays de la sous-région et faire affirmer la vocation sous -régionale de la manifestation. Déjà au niveau des institutions c’est fait parce que nous avons quatre pays qui étaient représentés par les instituts officiels de tourisme. Maintenant il faut travailler pour que les privés de ces pays adhèrent également à la manifestation.

C’est à partir de là que nous aurons à gagner la bataille. Quant à l’engouement du public, c’est un problème de communication afin d’améliorer cet aspect. Là aussi cela nécessite beaucoup de moyens et il faut les trouver pour intéresser faire venir les Ouagalais et autres à la manifestation.

Par S. Daouda


Quelques impressions sur le SITHO

Le Salon International du Tourisme et de l’Hôtellerie qui s’est tenu du 30 novembre au 3 décembre 2006 a vu la participation de plusieurs pays de la sous-région, ainsi que des professionnels des tours opérators européens. En marge de ce Salon quelques participants et visiteurs ont bien voulu nous livrer leurs impressions.

Philippe NANZER, journaliste-photographe  : Il est bien beau de parler de tourisme équitable, mais il faut penser que ce sont les pays du Nord qui payent sans rien en contrepartie pour les pays du Sud. Le tourisme équitable c’est un échange d’argent contre des prestations. Par exemple des Burkinabè qui montrent des produits qui plaisent aux Européens, ces produits doivent être de qualité parce que c’est la qualité qui marche aujourd’hui.
En tant que journaliste professionnel du tourisme, je suis installé en Afrique pour donner des conseils aux Africains en matière touristique. Dans ce sens, je demande aux prestataires de service dans ce domaine d’être très rigoureux sur la qualité des services.

Bernard SCHEOU, président de TDS (Tourisme et Développement Société) : Je pense que c’est une très belle initiative du ministère en charge du tourisme au Burkina Faso et je souhaite qu’on le développe encore. Le thème choisi cette année, est un sujet qui concerne l’avenir parce que c’est grâce au tourisme équitable que les pays africains comme le Burkina peuvent s’en sortir. Cela permettra d’éviter le tourisme de masse qui ne profite pas trop aux Etats et aux populations.

Les populations doivent s’engager dans ce processus parce que ce sont elles qui en sont les principales bénéficiaires de cette forme de tourisme. Aussi les Africains eux-mêmes doivent s’intéresser au tourisme, sinon toutes les initiatives qui viennent de l’extérieur seraient inutiles. C’est vrai que les Africains voyagent au sein du continent mais, on ne peut pas considérer cela comme du tourisme, mais je pense qu’avec le temps on devrait aboutir à l’implication des Africains.

En Afrique, il existe une seule potentialité qui est souvent négligée par les autorités. Dans le projet tourisme et développement solidaire justement les villages deviennent des partenaires privilégiés au niveau local.
Cela permet de développer un tourisme local et incite les gens à aller passer un week-end dans les villages. C’est dans ce cadre que nous sommes au Burkina avec notre projet pour initier un tourisme solidaire à la base.

Par définition le tourisme solidaire c’est la solidarité qui s’établit entre les voyageurs et les populations au niveau local. Par la suite cette solidarité peut prendre plusieurs formes et plusieurs aspects.

Côte d’Ivoire : Mme Désire DJEREKE, décoratrice : Le SITHO est une plate-forme d’échange et je crois que ne pas participer au SITHO c’est se faire oublier. Deuxièmement ne pas participer au SITHO c’est refuser de partager les expériences d’un pays comme le Burkina Faso parce qu’il a une grande réputation d’acquis en matière d’organisation de manifestations de culture et de tourisme notamment avec le FESPACO, le SIAO... En tant qu’étranger, on voudrait peut-être organiser chez nous des manifestations de telles envergures, il faut alors venir s’inspirer et s’instruire au Burkina. Ce sont là autant de raisons qui font que nous sommes venus à ce 3e SITHO.

Par rapport au thème, il faut dire qu’il est très profond parce qu’on ne peut pas parler de tourisme sans parler de développement et d’équité. Alors si l’on établit des circuits inter-Etats pour permettre aux touristes de visiter différents pays en même temps et découvrir une diversité culturelle, cela ne sera que bénéfique à tout le monde. La raison de ma présence est surtout de vendre l’image du potentiel touristique ivoirien.

Nadège Tania KABORE, élève au CFTH (Centre de Formation Touristique et Hôtellerie), exposante OK INN : Après la visite, on a vraiment découvert beaucoup de choses de différents pays et nous estimons que c’est une belle initiative pour la promotion des potentialités touristiques. L’Hôtel OK INN est représenté à ce SITHO par le centre de formation hôtellerie. L’hôtel est donc exposé ici et nous montrons toutes nos capacités aux visiteurs qui pourraient être amenés un jour à avoir besoin d’un hôtelier professionnel.

Jean-Michel GALINOTTI, responsable Afric’EVER : Nous participons à la construction de chaînes hôtelières qui respectent les normes écologiques.
C’est-à-dire le respect, respect de la nature, l’utilisation des matériaux naturels comme le bois, la terre, du bizet, toutes les techniques de construction traditionnelles. Le traitement des eaux qui est un problème majeur pour les hôtels, l’énergie solaire ou éolienne ou du bois pour faire de l’électricité et enfin on obtient des unités complètement aux normes de l’écologie ce qui apporte un plus à la nature.

Nous sommes un conseil de construction et présentement nous transférons vers l’Afrique les concepts qui sont en Europe. Ce sont des concepts écologiques que nous mettons en place en Europe pour sauver la planète avant qu’on ne meurt sous les déchets.

La réflexion est que puisqu’il manque des hôtels en Afrique, autant construire des hôtels qui répondent aux normes de protection de la nature pour ne pas aboutir un jour à ce qui se passe en Europe. En s’appuyant sur les habitudes ancestrales de construction qui utilisent les matériaux locaux parce que ça fait moins de transport, moins de fuels consommés et on obtient plus de rendements écologiques. Aussi la clientèle touristique à présent s’approche plus de la nature et en venant en Afrique les touristes s’attendent à l’hospitalité des gens alors il faut qu’ils trouvent sur place un cadre hospitalier correct.

Nous avons déjà 23 projets de construction sur 14 pays en Afrique. Nous sommes par exemple en Angola, au Gabon, au Congo, au Cameroun, en Algérie...
Pour le Burkina, nous avons beaucoup de choses en projet également comme la route des pêches, le parc W et d’autres réalisations. Pour le SITHO, je trouve que c’est une rencontre très chaleureuse, très conviviale, à l’image de l’Afrique d’ailleurs. J’ai appris que le SITHO existait lors d’un salon à Genève, je suis venu et je trouve que c’est sympa.

Mme HOUNGUE FRIEDA, secrétaire de l’Association des femmes restauratrices du Bénin : Nous sommes fidèles au SIAO et au SITHO. Nous nous intéressons exclusivement à la gastronomie. A cette 3e édition, nous proposons plusieurs mets africains dont l’épinard béninois, le ndoulet, du riz gras au curie, du tô gras assaisonné à la pâte de maïs akassa, à la farine d’igname, tilibo, du jus de tomate, du poisson braisé et de la sauce graine au fromage. Cette année nous ne pouvons pas nous plaindre. La plupart des participants ont goutté à nos différents mets. J’aimerais suggérer aux autorités burkinabè de revoir la date de la manifestation.

Le rapprochement entre le SIAO et le SITHO cette année est la raison du manque d’engouement des visiteurs. En tant que francophone... je pense que le SITHO gagnerait à mettre à la disposition des participants surtout ceux qui doivent promouvoir les mets africains un certain nombre de conditions favorables pouvant leur permettre de s’investir à fond. Je profite lancer un appel aux responsables d’engager une réflexion avec tous les pays participants pour qu’ensemble nous portons la sous-région à la place qu’elle mérite au sein du tourisme international avec nos propres valeurs.

Mme TRAORE / Assétou LINGANI : Nous proposons aux visiteurs des jus à base de six fruits dont la papaye, l’ananas, la goyave, la banane, la mandarine et le citron. Tout cela est fait naturellement. Il y a aussi du Gnongon de fonio, appelé GNONGON « surprise » fait avec des œufs et du GNONGON « secret » avec des boulettes. Nous avons aussi des spaghettis de sorgho rouge, de maïs jaune, du petit mil, du riz et divers gâteaux faits à base de ces différents céréales. En tout cas les visiteurs se sont beaucoup intéressés à ce que je fais.

De prime à bord, quand un visiteur aperçoit le produit, a une question de curiosité, il s’en procure pour essai et cela devient une habitude dans sa consommation. Plusieurs commandes ont été lancées même à l’extérieur. Nous pouvons dire que ça marche un peu. J’aimerais que dans les années à venir qu’on fasse plus pour intéresser le public à la manifestation.
La date avec le SIAO est très proche et c’est aussi les fins d’année. Ce n’est pas évident pour tout le monde.

Morgan ECHAPPE, responsable technique à l’agence Tourisme : Nous organisons à l’agence des séjours, des circuits, nous faisons des prestations à la carte ou sur commande et nous sommes créateurs d’évènements.

Le thème du SITHO cette année est très intéressant parce qu’il permet d’aborder la question d’un tourisme honnête et qui doit profiter à tous. Il faut finir avec le tourisme qui consiste à donner des miettes aux gens mais plutôt de développer une économie au niveau local. Cela permettra de créer des emplois et contribuer à dynamiser la région touristique qui est visitée. Cela va contribuer au respect de la nature, l’environnement et la tranquillité des populations.

Aujourd’hui le SITHO est un moyen pour promouvoir notre activité, la filière touristique et hôtelière des pays. Le SITHO est aussi un moyen de dynamiser l’activité et de permettre aux acteurs de se retrouver et de pouvoir avancer dans le même sens.

Mme KOFFI Rosalie née ZODI : gérante de Niger Car-Voyages : Depuis la première édition du SITHO, j’y participe. Pour la première fois c’était une expérience, mais les choses avaient très bien marché. Pour la seconde édition, les choses étaient encore plus fantastiques parce que la rencontre s’apparentait aux rencontres européennes.

Mais pour cette année, les choses sont un peu timides, cela est sans doute dû au SIAO qui vient de finir et les gens ne sont pas encore remis de ces différentes dépenses. Aussi nous sommes proches des fêtes de fin d’année c’est ce qui pourrait expliquer la timidité de cette 3e édition. Mais dans tous les cas nous sommes et nous serons toujours là pour soutenir l’initiative qui participe pleinement à la promotion du secteur du tourisme et de l’hôtellerie.

Il faut le dire le tourisme est un secteur porteur, mais il faut une organisation dans le domaine c’est d’ailleurs dans ce sens aussi que le SITHO est bien. Ensuite pour que le tourisme prenne réellement son envol il faut faciliter l’accès du secteur à des opérateurs privés étrangers afin que les choses se développent. Enfin il faut que les Africains aussi fassent du tourisme dans leur propre pays et aussi dans les pays voisins.
Par Issoufou MAIGA

L’Opinion

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