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Restauration de clitoris : « Tous les types d’excision peuvent être réparés » selon le docteur Sébastien Madjou

Publié le mardi 26 septembre 2006 à 08h24min

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Sébastien Madjou

Le petit « bouton » de l’amour, le clitoris, coupé, peut être réparé grâce à une technique chirurgicale. Le docteur praticien d’un centre hospitalier universitaire de France, Sébastien Madjou, présent au Burkina du 16 septembre au 2 octobre 2006 est à pied d’œuvre de restauration de clitoris.

Dans cet entretien, il explique entre autres, en quoi consiste la technique et les avantages d’un clitoris réparé.

Sidwaya (S.) : Dites-nous, dans quel cadre êtes-vous au Burkina ?

Dr Sébatien Madjou (S. M.) : Je suis venu au Burkina pour la première fois en février 2006 grâce à la collaboration de Dr Charlemagne Ouédraogo, gynécologue obstétricien au centre médical avec antenne chirurgicale au secteur n°30 de Ouagadougou. C’était pour la mise en place de la technique de reconstruction clitoridienne. Une technique unique au monde, mise au point par le chirurgien urologue français Pierre Foldès.

Je suis revenu pour une campagne de reconstruction clitoridienne du 16 septembre au 1er octobre 2006.

S. : En quoi consiste cette technique de reconstitution du clitoris ?

S. M. : C’est une technique chirurgicale plastique. Elle consiste à reconstituer le clitoris lui-même, sans interposition d’autres tissus. Elle consiste à enlever la cicatrice de la mutilation et de découvrir le clitoris. Le clitoris mesure 10 cm de longueur et l’excision est pratiquée sur la partie externe, donc il reste toujours un maillon. Le but de l’intervention est de repositionner le clitoris. Après l’intervention, il y a une peau naturelle qui va se couvrir tout autour et rendre l’organe sensible et excitable lors des rapports sexuels. La cicatrisation se fait au bout de quatre semaines et les rapports peuvent être repris au bout de six semaines à peu près.

S. : Combien de temps dure l’opération ?

S. M. : La reconstitution clitoridienne peut se réaliser sous une anesthésie générale. L’intervention en elle-même dure en moyenne 30 mn pour les praticiens expérimentés.

S. : Tous les types d’excision sont-ils opérables

S. M. : Oui, toutes les formes d’excision sont opérables. Pour le moment, nous n’avons pas encore eu des cas pour lesquels on a refusé une reconstitution clitoridienne. Souvent, les femmes affirment avoir subi un enlèvement total du clitoris. Cela n’est pas possible car les exciseuses ne peuvent pas racler tout le clitoris qui mesure 10 cm de long. Il en reste toujours un maillon.

S. : Combien de femmes excisées avez-vous opéré au Burkina ?

S. M. : Je suis là pour faire le point. En février 2006, pour la première fois, une vingtaine de femmes ont bénéficié de la reconstitution clitoridienne à la clinique Suka et à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo. J’étais entouré des professeurs Jean Lankoandé et Michel Akotionga. J’ai formé aussi des obstétriciens burkinabè qui ont continué la technique. Nous allons faire le point global des réparations d’ici le 1er octobre 2006.

S. : Les résultats sont-ils satisfaisants pour les excisées déjà réparées ?

S. M. : Parmi les femmes que j’ai revues, elles sont satisfaites du point de vue anatomie ainsi que sur le plan fonctionnel du clitoris. Ces femmes ont retrouvé leur vie sexuelle normale.

S. : Quel est le coût de l’opération ?

S. M. : Le coût de l’intervention est variable en fonction de là où on la réalise. Moi, je fais une campagne de reconstitution clitoridienne et grâce au Comité national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE), le prix est à vingt cinq mille (25 000) F CFA.

S. : Quels conseils donnez-vous aux femmes réticentes ?

S. M. : Il y a plusieurs raisons qui doivent amener les femmes à ne pas être réticentes. En enlevant la gangue, la femme jouit sa sexualité sans douleur lors des rapports sexuels. Par ailleurs, le but de la réparation c’est de rendre plus esthétique le vagin. Il faut que les femmes sachent que toutes les formes d’excision sont réparables. Il ne faut pas avoir honte de réparer son clitoris.

S. : La réparation est-elle possible à tout âge ?

S. M. : Il n’y a pas d’âge limite, c’est le besoin qui importe. Si la femme exprime le besoin, son clitoris peut être réparé. Certaines femmes pensent qu’à 40 ans, il est trop tard. Non, c’est en ce moment où les enfants du couple sont devenus grands, qu’on peut bien jouir de sa vie sexuelle. Il n’y a plus de petits enfants qui pleurent à côté... C’est le moment idéal.

S. : Comment amener les femmes excisées à réparer leur clitoris ? Y’ a-t-il une stratégie ?

S. M. : La seule stratégie est de dire aux femmes qu’on a coupé une partie de leur organe et que la chirurgie peut la leur remettre. Il faut continuer à sensibiliser les femmes victimes de l’excision que la réparation est possible.

S. : Malgré la sensibilisation, l’excision persiste. Que faut-il faire ?

S. M. : Il faut continuer la lutte. Les gens parlent de mutilation générale. Nous, nous disons plutôt mutilation sexuelle. Génital c’est purement anatomique, alors que dans le cas d’espèce, on enlève quelque chose de bénéfique pour la femme. L’excision est barbare et il n’y a aucune raison de la pratiquer.

Entretien réalisé par Boureima SANGA (bsanga 2003 @yahoo.fr)

Sidwaya

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