Les musulmans de notre pays, à l’instar de ceux du monde entier, s’apprêtent à vivre le mois du Ramadhan.

Occasion de « festin » pour les uns, moment de peur pour d’autres et mois de ferveur religieuse pour beaucoup d’autres encore, le mois du ramadhan est particulier pour tous.

A l’avènement de ce moment unique dans l’année, il nous parait utile, si non nécessaire, de découvrir la valeur réelle de ce mois de jeûne, afin de lui réserver la préparation spéciale qui sied. C’est l’objet de cet article. Qu’est-ce que le ramadhan ?

A l’enfance, nous avions tous compris que ramadhan rimait avec joie et « bouffe », le soir au coucher du soleil, autour d’une diversité de mets délicieux. A l’âge de la puberté, lorsqu’il nous est demandé de jeûner comme tout bon musulman, ramadhan devient un moment d’angoisse.

Aussi n’est-il pas rare d’entendre de la part de certains adultes ceci : « Le jeûne arrive encore, ce sera dur ! » Pourtant, d’après la tradition du prophète Mohammad (paix et salut de Dieu sur lui), ce mois est le meilleur des mois aux yeux d’Allah. Et pourquoi ? Ramadhan, meilleur mois de l’année

Le ramadhan est, avant tout, le mois du jeûne. Et le jeûne, au-delà de la faim, de la soif et de la maîtrise du désir sexuel, est un exceptionnel moment pour vivre la proximité d’Allah.

En effet, d’après l’enseignement du Messager d’Allah (PSL), lorsque le fidèle jeûne et que le soir venu, il est exténué par la fatigue, la soif et la faim, le relent de sa bouche est plus agréable à Dieu que l’odeur du « musc » (parfum très doux) ; il est tout proche de son Seigneur ainsi.

Peut-il en être autrement, lorsqu’on sait que : « Quiconque jeûne une journée, dans le but de gagner l’Amour de Dieu, Allah l’éloigne de l’enfer d’une distance correspondant à 70 années de marche ou à celle parcourue par un corbeau qui s’est envolé tout petit jusqu’à mourir tout vieilli » (d’après Abou Ya’ala et Bayhaqui) ? Et à l’occasion du ramadhan, Dieu accorde cinq (05) faveurs spéciales à la communauté des musulmans :

 la première est le REGARD d’Allah, et quiconque à qui Dieu accorde son regard ne sera jamais malheureux ;
 la seconde est l’Amour que Dieu leur réserve lorsque fatigués, assoiffés et affamés, leur bouche émet du relent ;
 la troisième est l’imploration des anges, nuit et jour, à leur intention ;
 la quatrième est que Dieu intime au paradis de se préparer à s’embellir au mieux pour accueillir très bientôt les jeûneurs ;
 la cinquième est le pardon total que Dieu leur réserve à la fin du ramadhan. Ne serait-ce que pour cela, ça vaudrait la peine de se préparer pour entamer ce mois qui est finalement une occasion de grande grâce d’Allah. Comment préparer le ramadhan ?

Comme pour toute épreuve sérieuse, le ramadhan mérite d’être préparé psychologiquement, matériellement et spirituellement.

Au plan psychologique, il est bon de savoir que le ramadhan n’est point un moment de peine, mais plutôt un instant de bonheur spirituel exceptionnel qu’il faut savoir vivre. En effet, s’il est vrai que « laïlatoul kadr » (nuit du destin) est une nuit du ramadhan qui vaut, à elle seule, plus de mille (1000) mois d’adoration, soit 83 ans et 4 mois, quelle peut être la valeur du ramadhan tout entier ? Seul Dieu le sait ! C’est pourquoi les Sahabas - compagnons du prophète - (PSL) préparaient le ramadhan, six (6) mois à l’avance !

Sur le plan matériel, certes il faut se ravitailler en maximum de biens licites pour faire des largesses, autant que possible autour de soi : aux parents proches et lointains, aux amis, aux voisins et aux nécessiteux ; cependant, il faut éviter tout gaspillage. On doit se rappeler qu’au moment où l’on multiplie et diversifie les plats devant soi, d’autres frères ou sœurs jeûneurs n’ont même pas le minimum pour apaiser leur faim et leur soif après une si longue journée.

On doit se rappeler, à la rupture du jeûne le soir, que s’empiffrer de nourriture inhibe, selon l’imam Ghazzâli (que Dieu soit satisfait de lui), l’effet même du jeûne, qui est l’allègement du corps pour l’élévation spirituelle. On doit se rappeler que : « Celui qui assure à un jeûneur son repas de rupture a le même salaire que celui-ci sans que cela diminue en rien le salaire de ce dernier » (rapporté par Thirmidhi).

Au plan spirituel, le ramadhan revivifie l’enthousiasme des fidèles musulmans pour l’adoration et la dévotion à Dieu. C’est le mois de la lecture par excellence, de la méditation autour du coran ; car, en ce mois, « Chaque verset lu, équivaut à la lecture de tout le coran entier pendant les autres mois ». C’est le mois des prières surérogatoires de nuit (tarawii et kiyamoullaïli) ; et ces prières surérogatoires ont la valeur de prières obligatoires en d’autres mois.

On devra donc se rappeler que chaque jour du ramadhan mérite d’être vécu intensément dans la spiritualité profonde, car un jour de ramadhan perdu ne peut être rattrapé, même si on s’employait pour cela tout le reste des jours de l’année, et, au-delà de tout, il faut savoir que chacun a un nombre limité de ramadhan dans sa vie, et que, lors de son passage sur terre, son mérite réside dans l’effort de maîtrise de soi, l’effort de vie spirituelle dont il fera preuve en fin de compte.

Au total, le ramadhan est l’occasion de l’exercice à l’autodiscipline chez l’individu musulman, de la revivification de l’identité islamique de la Oumma (communauté des musulmans) ; toujours dans la revivification du saint-coran et de l’amour du prochain.

« ...Ainsi atteindra-t-on la piété », la finalité même du ramadhan (sourate II, verset 183). Que le ramadan 2006 apporte beaucoup de foi et de piété à tous les musulmans ! Qu’il apporte à tout le peuple burkinabè la miséricorde divine !

Le comité de presse de l’Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina (AEEMB)

L’Observateur