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Expulsés de Folembray au Burkina : Une déportation qui ne dit pas son nom

Publié le vendredi 1er septembre 2006 à 08h12min

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Me Ahmed Simozrag et Naami Soufiane, deux des 20 expulsés de Folembray ont rencontré la presse hier 31 août 2006 à Ouagadougou. C’était à l’occasion des douze ans de leur exil forcé au Burkina.

S’ils ne sont pas nombreux, ici ou ailleurs, à se souvenir des expulsés de Folembray, ce n’est pas le cas des concernés qui, accusés d’appartenir à un mouvement prônant la violence et le terrorisme, se rappellent encore, comme si c’était hier, leur expulsion au Burkina.

“Le 31 août 1994 aux enivrons de 17 heures, un avion charter se posait sur le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou. Les passagers à bord n’étaient autres que ceux qu’on appelle les expulsés de Folembray, au nombre de 20 (19 Algériens et un Marocain), escortés par 50 policiers...”.

C’est par ce bref rappel que Me Ahmed Simozrag a introduit la rencontre avec la presse, qui avait pour cadre son domicile, sis à la Zone du bois. De 1994 à nos jours, cela fait, selon lui, “12 ans de solitude, de séparation d’avec leurs familles et d’arbitraire...”. Même ceux qui ont été arrêtés après eux, poursuivra-t-il, ont été libérés. Mais en ce qui les concerne, ils sont toujours en exil, victimes “d’une peine sans jugement”.

“Nous sommes privés de notre droit à la justice”, s’est-il indigné, avant d’ajouter qu’un condamné l’est pour une période, alors que s’agissant de leur cas, c’est “une peine sans fin”. Si après 12 ans, rien n’a été cité contre eux, Me Simozrag estime que “c’est une preuve de leur innocence, et que ce dossier est vide”.

Au regard de ce qui précède, il a demandé que leur affaire soit portée en justice. Les 12 ans d’exil, a-t-il dit, ont été durs pour eux et pour leurs enfants, injustement pénalisés, car privés du soutien de leurs pères. De l’avis de Me Simozrag, ils sont non seulement l’objet d’un bannissement comparable à une peine capitale mais aussi “d’une violation flagrante des droits humains”.

Son plus grand regret est que leurs enfants subissent les conséquences de cette grave sanction qu’on appelle, selon lui, par euphémisme “expulsion”. “Nos familles souffrent terriblement d’un traumatisme.

L’action sociale française refuse même de prendre en charge leurs soins sanitaires ;...”. Le comble, leurs familles, contrairement à ce qui avait été promis à leur arrivée par les autorités burkinabè, ne peuvent pas leur rendre régulièrement visite. Sont-ils des réfugiés, des détenus ou des touristes ? C’est la question que se pose Me Ahmed Simozrag qui martèle que « C’est une situation de non-droit, car nous ne connaissons pas notre statut ».

Pour l’avocat et Naami Soufiane, leur malheur est l’oeuvre d’un seul Français, en l’occurrence Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur. Et le comble, selon eux, est que les autorités actuelles ne veulent pas reconnaître le tort qu’elles font subir à eux et à leurs familles restées en France.

Quand verrons-nous le bout du tunnel ? Jusques à quand cette sanction ira-t-elle ? Ce sont là autant de questions que se posent les déportés de 1994, qui souhaitent que les autorités françaises prennent une décision d’abrogation de l’arrêté d’expulsion les concernant.

Toutefois, pour les conférenciers, les autorités burkinabè ont aussi leur part de responsabilité dans la situation qu’ils vivent. Elles devraient même s’inquiéter de leur situation qui, du reste, est en porte-à-faux avec le droit international.

Sur les 20 expulsés, six, selon les interlocuteurs, vivent actuellement au Burkina. Les 14 seraient partis clandestinement vers d’autres cieux. Mais parmi ceux qui sont présents, deux, dont Naami Soufiane, ont eu la nationalité burkinabè par alliance.

Hamidou Ouédraogo
Christian Koné(Stagiaire)

L’Observateur Paalga

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