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Vu et entendu à l’audience : Quand le fils vient de l’étranger

Publié le mardi 29 août 2006 à 07h15min

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Alou est un marabout qui sillonne des contrées. Après six mois d’absence, il rentrait chez lui quand la nuit le surprit. Ainsi, il élit domicile chez Dandé son logeur habituel, qui lui trouva une place sous un arbre.

Selon Alou, il ferma son vélo et posa dessus son Coran et une enveloppe qui contenait la somme 135 000 francs. Au petit malin, il sentit qu’en emportait son vélo. Il se réveilla et vit deux personnes dont le fils de son logeur. Aux bruits de ses cris, son logeur sortit de sa maison et lui demanda ce qui se passait.

Alou expliqua et demanda où était son fils. Celui-ci lui fit comprendre que le fils était au parc avec les bœufs et l’appela. Voilà que ce dernier sortit de la maison et déclara qu’il avait vu le voleur, l’avait suivi et que ce dernier avait fait volte-face en braquant sur lui une torche et en le menaçant ; ce qui l’a conduit à renoncer à sa poursuite.

Pour n’avoir pas crié pour alerter les gens, il devenait clair que le fils était le complice du voleur. Ainsi six mois ont été requis contre le fils et il devra payer à Alou la somme de 135 000 francs.


Elève, serveuse de bar et voleuse

Venue de Tomadi en Côte d’Ivoire pour poursuivre des études secondaires à Ouagadougou, Elbie n’a pas trouvé mieux que de se faire serveuse de maquis et de voler son amant d’un soir.

Selon Issa, une nuit, il a rencontré Elbie dans un maquis. Ils ont sympathisé et ont décidé de passer la nuit ensemble. Marié, imbu d’alcool, il a décidé de prendre une chambre dans une auberge du secteur N°17. A son réveil, le matin vers 8 heures, il a constaté l’absence de Elbie et la disparition de son portable et de ses sous.

Interrogé, le gardien lui fera comprendre que la fille est partie vers 6 heures. Il tentera de rentrer en contact avec elle et ce n’est que vers onze heures qu’elle daigna répondre sur son portable pour lui dire qu’elle venait d’être kidnappée. Issa resta pantois.

Après son coup, Elbie rejoignit très vite Kaya où elle était connue et son sort s’y scella. En effet, une dame du nom de Mariam, qui fait dans l’informel s’était rendue à Ouagadougou pour des achats et s’était fait subtiliser son portable. Ainsi quand elle vit Elbie dans un maquis elle reconnût son portable et voilà Elbie devant les pandores.

C’est de cet endroit que le portable sonnant, Issa fut invité à s’y rendre. Pour sa défense, Elbie dira que sa sœur qui payait les études à arrêter de le faire. Et c’est ce qui l’a poussée à se faire serveuse de bar pour subvenir à ses besoins. Alors pouquoi voler quelqu’un avec lequel on vient de passer de bons moments ?

Dame Ilboudo qui avait conduit Elbie à la gendarmerie a dit que le portable avait été offert par un ami mais que ce dernier n’avait pas songé à reclamer le reçu de vente. Or Issa a produit la pièce justificative et s’est vu remettre le portable, son portable, car les portables de même marque même série, il y en a des milliers qui pulullent au Faso.

Le tribunal a été clément en infligeant trois mois avec sursis à Elbie. Ce qui nous parait certain, elle risque de retourner à ses bars et maquis car selon ses déclarations, elle est orpheline de père et de mère. Si elle embrasse ce métier à 19 ans son avenir reste sombre.


L’excision a la peau dure

Après avoir séjourné pendant trois mois à la maison d’arrêt et de correction de Kaya, Yagbéda, une exciseuse récidiviste est revenue faire parler sa lame en excisant 27 personnes dans le village de Tangassok, département de Kaya. L’audience solennelle qui s’est tenue le 9 août 2006 a duré de 8 heures à 18 heures 35. La salle était pleine comme un œuf et le public est resté jusqu’à la fin du procès.

Tout est parti de Coumbo qui s’était rendue à Ouagadougou. A son retour elle a constaté que sa fille avait été excisée et elle cherchera à savoir où était cette dernière d’où la dénonciation. Or avant elle, des époux qui ont dit qu’en leur absence leurs épouses avaient fait exciser les filles n’ont pas dénoncé les faits aux autorités et ont été condamnés à 50 000 francs d’amende.

Pour nous résumer, tout serait parti du doyen de la famille. Issouf aurait délégué sa petite fille à Kaya avec pour instruction de ramener l’exciseuse Yagbeda, ce qu’elle fit. Ainsi, pendant quatre jours, cette dernière accomplira sa sale besogne sur 27 personnes dont 26 fillettes et une dame de 30 ans.

A la barre, les grand-mères, les mères ont reconnu qu’elles savaient que l’excision était interdite mais qu’elles avaient triché (volé) pour le faire. Certaines d’entre elles pensaient que c’était de la plaisanterie, et riaient devant le tribunal. Les faits se sont déroulés le 22 juin 2006 et après audition, les femmes qui avaient des enfants en bas âge avaient été autorisées à retourner à la maison et attendre le jour de l’audience.

Après avoir dénoncé les méfaits de l’excision, et sensibiliser les coupables et tout en mettant en garde le public, le tribunal après délibération a condamné l’exciseuse à douze mois de prison ferme. Issouf le chef de famille chez qui les séances se sont déroulées et qui avait envoyé quérir l’exciseuse a eu quatre mois ferme.

Les autres femmes ont écopé de trois mois chacune et quant à celles qui avaient des bébés et qui voulaient rejoindre leur place dans le public les CJP leur ont signifié qu’elles devaient rester avec les autres pour être conduites en prison. Panique ! Il y en avait une qui avait des jumeaux.

Comme dit, les maris ont écopé chacune de 50 000 francs d’amende pour n’avoir pas dénoncé leurs épouses. Bien que la dame se soit fait exciser volontairement, nous n’avons pas compris pourquoi la dame Ouédraogo n’a pas été condamnée puisqu’elle aussi avait eu l’information sans dénoncer. Ce qui est certain la pratique a encore de beaux jours devant elle et des femmes comme Coumbo méritent des encouragements.


Le délégué du village au frais

Le délégué administratif du village doit séjourner à la maison d’arrêt et de correction de Kaya pour avoir laissé filer un voleur de vélo, dont il assurait la garde.

Lallogo était au marché quand il a entendu dire qu’on avait surpris un voleur en flagrant délit de vol qui s’était refugié chez le chef du village.

Il s’y rendit, puisque le chef très âgé, était son père et lui était le délégué du village.

Comme il faisait nuit, il décida de veiller sur lui puisque ce n’était pas la première fois qu’il le faisait en attendant de le conduire le lendemain à la gendarmerie. Pourtant, le propriétaire du vélo était décidé de l’y conduire dans la même nuit et il refusa. Selon les propos de Lallogo ce jour de marché, il avait consommé un verre de trop et s’était assoupi.

Le voleur qui avait été attaché au hangard ne fut pas retrouvé le matin quand le propriétaire du vélo se présenta.

Il se trouve que pris en flagrant délit le voleur avait engagé une lutte et avait fui quand il vit arriver le renfort.

Le propriétaire qui s’était mis à ses trousses ne retrouvera pas son vélo à son retour et une somme de 300 000 francs selon lui.

Il réclame réparation.

Devant le tribunal, Tiougou ne put justifier la provenance des fonds.

Les faits étant constants, Lallogo fut condamné pour complicité de vol et d’évasion, à trois mois de prison ferme et à payer 20 000 francs à Dabilgou pour la perte de son vélo.

C’est sûr qu’une fois hors de prison Lallogo rendra le tablier.

Jacques NONGUIERMA
AIB/Kaya

Sidwaya

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