Presqu’île de Bakassi : Le Nigeria traîne les pieds
Quatre ans après l’attribution de la presqu’île de Bakassi au Cameroun, la procédure de retrait du Nigeria est entamée. Pour le moment, le Cameroun occupe difficilement son nouveau territoire gagné après une longue lutte.
Dans le conflit qui oppose le Nigeria au Cameroun à propos de la presqu’île de Bakassi, les experts onusiens accusent le Nigeria de faire de l’obstruction et même de résister à l’établissement des frontières dans certains villages situés entre les deux Etats. La résistance du Nigeria aux clauses des accords s’étend aux frontières maritimes.
Il faut dire que la détermination de ces frontières appartient aux autorités des deux pays. Un accord avait été signé dans ce sens entre les présidents Olesegun Obasanjo et Paul Biya, le 12 juin 2006 à New York, sous l’arbitrage de Kofi Annan. La lenteur des autorités nigérianes intervient alors que le ministre de la Justice nigérian, Bayo Ojo et le ministre camerounais de la Justice, Maurice Kamto ont déjà procédé au transfert de sauveraineté. A cette occasion, les deux ministres avaient exprimé leur fierté de contribuer à « l’édification de la paix » dans une région convoitée par leur deux Etats. C’est dire donc que cette réticence nigériane est inattendue, d’autant plus que même l’histoire donne raison au Cameroun. En effet, dès 1913, la Grande Bretagne, puissance colonisatrice du Nigeria, a signé un accord avec l’Allemagne, la puissance colonisatrice du Cameroun. Cet accord attribuait la presqu’île de Bakassi à l’Allemagne, donc aujourd’hui au Cameroun indépendant. C’est cet accord qui a été pris en compte par la CIJ.
La réticence du Nigeria peut être comprise car, au moment où il « acceptait » de rétrocéder Bakassi au Cameroun, personne ne se doutait de la richesse de ces terres marécageuses.
Aujourd’hui, il est reconnu que c’est un réservoir d’hydrocarbures, ce qui change la donne. Pour mémoire, le conflit entre le Nigeria et le Cameroun au sujet de Bakassi a débuté en 1993. Mais c’est après les affrontements armés de 1994 et 1996 que le Cameroun a saisi la Cour internationale de Justice de La Haye. En octobre 2002, la Cour a statué en faveur du Cameroun.
Cependant, le retrait des 3 000 soldats nigérians se fait attendre. Ce qui crée de nouvelles tensions entre les deux pays.
Nœlle Octavie OUEDRAOGO
(Stagiaire)
Sidwaya