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Conflit Israël-Hezbolah : Une Résolution qui ne résout rien

Publié le mercredi 16 août 2006 à 08h07min

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Après une victoire à la Pyrrhus, le butin de guerre est maigre pour Israël. Très maigre même. En effet, après 33 jours de pilonnage coûteux à l’artillerie lourde, pour libérer ses deux soldats et anéantir du même coup le Hezbolah, Ehoud Olmert et Cie n’ont eu qu’une broutille.

Un accord de cessez-le-feu et le déploiement d’une énième force onusienne, qui va jouer le rôle de tampon. Et comble de l’humiliation, ce petit lot de consolation est venu de la communauté internationale. L’aviation et les chars lourds de Tsahal ne sont pas arrivés à bout de ces insaisissables combattants d’Hassan Nasralah, qui combattaient en jean et baskets. Même la rallonge de l’ami Bush, qui s’est empressé de fournir à cette armée des bombes de précision et du carburant pour ses avions, d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars, n’a pas été d’un grand secours. Le moins qu’on puisse dire est que la fin de cette guerre laissera aux Israéliens un goût d’amertume. Pendant longtemps.

Mais que s’est-il passé ? Les héros sont-ils fatigués ? Tsahal, le Mossad et le Sinbeth ne vont-ils plus à la même école de l’efficacité ? Ils sont certainement allés à l’école de Georges Bush, dans laquelle l’on a toujours pensé que seule l’attaque de masse peut résoudre un problème. Pourtant, ce qu’il est advenu aujourd’hui de l’Afghanistan et de l’Irak, après le passage des Gi’s, devrait faire réfléchir par deux fois les stratèges de Tsahal. Qu’est devenue cette armée qui, en six jours seulement, avait défait sept armées arabes réunies ? Que sont devenus les descendants des ces héros du raid sur Entebbe ?

Ils sont devenus l’ombre d’eux-mêmes, obligés depuis avant-hier de tourner le dos à l’ennemi et de rejoindre leurs casernes tête baissée. Pour beaucoup d’observateurs avertis en tout cas, on n’avait pas besoin de toute cette débauche d’énergie guerrière, surtout si l’on argue que c’était pour libérer deux pauvres prisonniers entre les mains de soi-disant terroristes. Les combattants d’Amir Peretz n’auraient-ils pas dû faire dans la dentelle, comme ils en avaient l’habitude dans de pareils cas ?

Aujourd’hui, s’il y en a qui sont sortis revigorés de ces 33 jours de combat, c’est assurément les combattants du parti chiite, le Hezbollah. L’on est loin de les avoir désarmés et leur désarmement ne risque pas d’être pour bientôt. Leur cheikh, Hassan Nasrallah, enhardi par l’issue des hostilités, n’a-t-il pas annoncé la couleur en faisant remarquer que si la "première armée du monde" n’est pas arrivée à le faire, ce ne sera pas des ministrions zélés qui leur retireront leurs chères katiouchas ?

En plus, leur aura en sort grandie au sein de la population, qui les couvera de plus belle. Dans l’imagerie populaire, ils ont aussi leur armée de Dieu. Maintenant, l’on compte sur la résolution 1701 de l’ONU, tout simplement parce que les Etats-Unis se sont rendus compte que la victoire sur le terrain n’était plus évidente. Mais cette résolution est loin d’être une panacée, car elle n’empêchera pas d’abord les deux camps de se rentrer dedans. Il y avait déjà une force d’interposition (la FINUL) de 2000 hommes qui s’interposait entre eux de 1978 à nos jours. Mais qu’a-t-elle pu faire ? Rien.

Pourtant, il faut plutôt soigner le mal à la racine pour trouver une solution globale au problème du Moyen-Orient. Tant que les Etats-Unis n’arrêteront pas leur esprit va-t-en-guerre, tant que l’on ne prendra pas au sérieux les mouvements de résistance, que l’on a tendance à traiter de terroristes ou de bandes d’illuminés, la paix ne sera pas pour demain dans le monde.

Ce sera toujours des vœux pieux, à l’image de cette résolution, la 16e sur le problème palestinien, qui ne servira à rien. Voilà ce que ça coûte aussi de vouloir soutenir vaille que vaille un allié dans sa mission périlleuse, au lieu de lui indiquer le droit chemin.

Une attitude qui donne raison au pacifiste israélien Uri Avneri, qui a fait cette remarque qui prête à sourire : « Tous les sénateurs et députés américains savent que critiquer Israël relève du suicide politique. Si le gouvernement israélien voulait demain une loi américaine demandant l’annulation des Dix Commandements de la Bible, 95 sénateurs sur 100, au moins, signeraient aussitôt le projet ».

Issa K. Barry

Observateur Paalga

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