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Burkinabè vivant en Allemagne : Plus de 500 clandestins recensés

Publié le lundi 24 juillet 2006 à 10h36min

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Nous sommes dans une belle villa. C’est l’ambassade du

Xavier Niodogo

Burkina située dans un quartier de Berlin très calme et non loin du centre-ville. Une situation géographique qui rend le coût de l’immobilier assez élevé. C’est donc dans cette chancellerie que nous avons échangé sur bien de points préoccupants avec Xavier Niédogo, l’Ambassadeur.

Cet homme bien apprécié des 27 membres de l’ambassade et des 1125 Burkinabè d’Allemagne a successivement servi à l’ambassade du Burkina à Paris comme conseiller économique et commercial avant de revenir au pays pour être le secrétaire général du ministre Salif Diallo alors qu’il avait en charge le département de l’Environnement et de l’Eau. Puis, c’est l’Assemblée nationale qui accueille l’homme de Koupéla, d’abord comme 5e vice-président puis 2e questeur et enfin 1er questeur.

C’est de la représentation du peuple que Xavier Niédogo- qualifié d’humain et de modeste - va représenter et défendre les intérêts du pays des Hommes intègres au pays de la Chancelière Angela Merkel. Ce Sagittaire de 53 ans, marié et père de 3 enfants parle de la coopération entre les deux pays, de l’immigration, de ses difficultés, du foot, du Burkina...C’était à l’avant-veille de la finale de la Coupe du monde de football.

"Le Pays" : Comment se porte la coopération bilatérale entre le Burkina et l’Allemagne ?

Xavier Niédogo (Ambassadeur du Burkina en Allemagne) : La coopération Burkina-Allemagne se porte très bien. Elle va se développant et se renforçant depuis de très longues années. Les interventions allemandes au Burkina sont au beau fixe.

Y a-t-il une mention à donner à cette coopération ?

Je dirai que la coopération entre les deux pays est excellente en ce sens que nous avons pour tradition de poser clairement nos problèmes, d’exprimer nos besoins. L’Allemagne également fait état de ses pensées, de ses désirs et de ses objectifs. Nous nous asseyons autour de la même table pour des échanges fructueux à la satisfaction des deux parties. C’est donc la mention "Excellent" qui convient à cette coopération.

Quelles types de relations l’Ambassade entretient-elle avec les Burkinabè vivant en Allemagne ? Arrivez-vous à les mobiliser autour de leurs intérêts ?

Les ressortissants burkinabè en Allemagne sont dispersés dans les 16 régions du pays. Les distances d’une région à l’autre sont assez considérables. Nous essayons de maintenir des contacts permanents, avec eux à travers leurs associations régionales. Ces associations existent par exemple à Hamburg (où il y a une grande concentration des ressortissants), à Bonn, Nuremberg, Francfort et bien entendu, à Berlin. Il nous arrive d’avoir des rencontres avec eux comme ce fut le cas à Hamburg, à Bonn. J’ai rencontré les responsables de toutes ces associations à Berlin pour certes échanger mais aussi pour leur permettre de se connaître.

Quelle est votre lecture par rapport au problème de l’immigration qui est un sujet actuel ?

C’est vrai que ce problème devient de plus en plus préoccupant. Comme vous le savez bien, dans le cadre de l’Union européenne, les règles sont en train d’être harmonisées en matière d’immigration. La dégradation de la situation économique du pays fait que la situation des étrangers n’est pas vraiment ce que nous attendions. De plus en plus, nous assistons à des demandes de rapatriement. Concernant particulièrement le Burkina, nous avons beaucoup de Burkinabè qui sont arrivés en aventure de manière non conforme à la législation...

Sont-ils nombreux, ces aventuriers ?

Il est difficile pour l’Administration de savoir combien ils sont puisque la manière même de leur venue ne le permet pas. Chacun arrive par ses propres moyens selon la frontière de son choix. Leur situation ne leur permet pas de se présenter à l’ambassade. Généralement, ils n’ont pratiquement plus de documents. C’est quand les problèmes se posent que nous savons où ils sont, et nous essayons de les contacter et aller vers eux pour résoudre les problèmes ponctuels. Globalement et grâce au recoupement de statistiques, ils sont autour de 500 personnes, voire un peu plus.

Quelle est la procédure utilisée pour rapatrier un Burkinabè non en règle ?

Avant de rapatrier un Burkinabè, l’administration allemande s’adresse à nous pour demander le laissez-passer si l’intéressé n’a pas de documents officiels sur lui. S’il a un document officiel, elle procède systématiquement à l’achat du billet d’avion en vue de son rapatriement. Si aucun document n’atteste qu’il est réellement Burkinabè, les autorités demandent en ce moment l’établissement d’un laissez-passer.

Nous apprenons qu’ils sont nombreux, parmi ces aventuriers, à se réclamer Burkinabè même quand ils sont d’autres nationalités. Pourquoi cela ?

Votre information est juste. Beaucoup d’immigrés se réclament Burkinabè alors qu’ils ne le sont pas. Cela est dû au fait que le Burkina Faso, de manière générale, jouit d’une certaine notoriété à l’extérieur. Les Burkinabè ont une bonne réputation. Ce ne sont pas des gens qu’on retrouve dans les milieux du banditisme et des délinquants. Ils travaillent et se comportent bien si bien que quand on se dit Burkinabè, les gens vous font tout de suite confiance. Conscients de cette situation, beaucoup d’immigrés se déclarent Burkinabè avec l’assurance qu’on ne va pas chercher tout de suite à les renvoyer. C’est une couverture car le Burkina Faso est une marchandise qui se vend bien.

Comment, selon vous, peut-on freiner ce problème de l’immigration ?

Il est difficile d’envisager des solutions catégoriques. Vous savez que beaucoup viennent et se disent réfugiés politiques, mais tout le monde connaît la vérité. Nous disons que ce sont plutôt des réfugiés économiques. Ce sont des gens qui fuient des difficultés économiques de leur pays et qui essaient de trouver des lendemains meilleurs sous d’autres cieux. Si la question économique n’est pas réglée de manière adéquate comme le disait le Président du Faso lors de sa récente visite en France, tant que le Nord ne comprendra pas qu’il faut aider le Sud à se développer pour que ces populations cessent de partir, cet assaut vers l’Occident continuera toujours.

Nous sommes en discussion avec les partenaires allemands sur la question pour voir comment aider ceux qui sont venus clandestinement à avoir le courage de repartir. Et pour qu’ils puissent repartir, il faut leur créer des conditions parce que personne n’est là parce qu’il veut quitter son pays. Nous avons fait des propositions à la partie allemande qui est en train de les examiner pour voir comment trouver une aide conséquente au retour pour les volontaires.

Vous exercez dans un pays composé de 16 Etats fédéraux qui jouissent chacun de son autonomie. Cela constitue-t-il une entrave dans vos actions ?

De manière globale, cette situation ne nous gène pas du tout dans notre travail. Nous représentons le Burkina Faso dans toute l’Allemagne. Nous avons des relations avec le gouvernement fédéral, mais nous avons aussi des contacts avec les gouvernements locaux et les parlements. Par contre, en matière de gestion des immigrés, il n’y avait pas de mesures homogènes, dans un passé récent, liées à l’indépendance de chaque Etat.

Chaque région élabore et rédige ses règles en fonction de ses réalités. Mais de plus en plus, il y a une certaine harmonisation de la politique d’immigration au niveau fédéral. C’est ainsi qu’une nouvelle loi sur l’immigration a été votée en 2004 et qui est entrée en vigueur en janvier 2005. Tout récemment (ndlr, dans la semaine du 1er au 7 juillet 2006) une loi sur l’immigration vient d’être votée. La semaine prochaine (ndlr, l’entretien a été réalisé le 7 juillet) les Etats généraux sur l’immigration se tiendront en Allemagne.

Des Etats africains comme le Burkina se comportent modestement à l’étranger, ce qui contraste d’avec le système anglo-saxon qui permet de parler de soi-même, de mieux se faire connaître, de mieux se vendre. Est-ce la bonne attitude que vous avez adoptée ?

Je crois que la modestie est une qualité, mais il faut aussi éviter les excès. Tout excès nuit. Il faut rester modeste, correct, respectueux du pays d’accueil, de la population de ce pays, mais il faut aussi faire le travail de promotion de son pays. La modestie ne veut pas dire s’enfermer. Il faut vendre l’image de son pays tout en restant modeste, sans exagération.

Comment avez-vous vécu la 18e coupe du monde de football que l’Allemagne vient d’abriter ?

Le Mondial "2006 a été un succès. C’est un succès sur le plan organisationnel, sur le plan de la mobilisation. En tant que profane, je dirai qu’au niveau du jeu, tout s’est aussi bien passé. C’est le fair-play de manière globale en dehors de quelques exceptions du côté des arbitres et de certains joueurs. De manière globale, ce mondial" 2006 a été très bien organisée avec une très forte participation de la population, surtout que l’équipe allemande volait de victoire en victoire. Les stades étaient toujours pleins. Ça , c’était vraiment une fierté pour cette 18e Coupe du monde de football."

Un ambassadeur du Burkina en Allemagne fait-il face à des difficultés spécifiques ?

Je ne pense pas qu’il y ait des difficultés particulières en Allemagne. C’est un pays comme les autres. Ce sont les mêmes règles diplomatiques qui régissent nos relations. En tant qu’ambassadeur dans ce pays, je peux dire que j’ai beaucoup plus d’avantages que de difficultés en ce sens que nos partenaires sont très ouverts. Une fois qu’ils sont convaincus de vos idées, ils s’engagent sans retenue. Les relations sont claires avec eux. Ou ils sont d’accord ou ils ne le sont pas . Je pense que ça, c’est une bonne base pour bien travailler.

Avez-vous les moyens nécessaires pour exécuter à bien votre mission ?

Sur le plan des moyens, c’est une autre paire de manches. Mais cela est à l’image des moyens du Burkina Faso. L’ambassade vit exclusivement sur les ressources nationales. C’est ce que le budget de l’Etat nous donne que nous utilisons pour fonctionner. Nous fonctionnons normalement grâce à ce que nous recevons du budget national. Bien sûr que si nous avions plus, cela nous permettrait de faire beaucoup plus, mais nous tentons de faire plus avec le peu que nous avons.

Vous avez certainement une oreille collée à l’actualité nationale Comment appréciez-vous les élections municipales qui viennent de se dérouler et des violences constatées dans certaines localités nées de ces consultations ?

Comme vous le dites si bien, j’ai effectivement un oeil rivé sur le pays. Mon coeur y est tous les jours. C’est mon rôle de suivre tout ce qui se passe dans mon pays pour mieux le représenter ici.

J’ai été, de manière globale, très satisfait du déroulement des élections municipales. On ne peut pas demander mieux que de voir une population qui veut activement prendre part à son développement. Quant aux ratés que nous avons vécus dans certaines localités, je les regrette sincèrement. On peut mettre cela sur le coup de l’inexpérience que nous avons. Notre démocratie n’est pas ancienne. L’apprentissage est là. Il faut progressivement former la population. Si les partis politiques font leur travail d’éducation et de sensibilisation, si les militants savent ce qu’il faut chercher en briguant un poste, je pense que petit à petit on se comprendra et il y aura moins de querelles entre des gens qui sont sensés travailler ensemble.

N’avez-vous pas de problèmes avec les étudiants ?

Pas du tout ! Cela est peut-être dû au fait que nous avons très peu d’étudiants boursiers en Allemagne. Les étudiants qui viennent ici viennent de manière indépendante.

Avez-vous quelque chose à ajouter pour conclure cet entretien ?

Je voudrais sincèrement vous remercier d’avoir fait l’effort de venir à cette Coupe du monde et de venir jusqu’à nous. Cela nous réjouit.

A mes compatriotes du Burkina, je leur souhaite une très bonne santé et que nous fassions toujours confiance à notre pays, que nous continuions à être de vrais Burkinabè. Quand on est à l’intérieur, on ne se rend pas compte de l’estime et de l’audience dont jouit notre pays. Quand on est à l’étranger, on se rend compte que même l’extérieur est fier de notre pays. Je souhaite que nous continuions à bien aimer notre pays, à bien travailler pour que cette image reste et se renforce.

Propos recueillis à Berlin par Alexandre le Grand ROUAMBA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 juillet 2006 à 15:39 En réponse à : > Burkinabè vivant en Allemagne : Plus de 500 clandestins recensés

    le Président du Faso lors de sa récente visite en France, tant que le Nord ne comprendra pas qu’il faut aider le Sud à se développer pour que ces populations cessent de partir, cet assaut vers l’Occident continuera toujours.
    Nous voulons plus des aides on veux que vous même (nos dirigeant) vous crèez des emplois car le nord n’a jamain demandé l’aide a l’Afrique, mais oui ils les exploite. que pensé vous si un jours on puisse aidè d’autre pays ?
    ouedraogo-españa

    • Le 30 juillet 2006 à 19:52, par Adrien En réponse à : > Burkinabè vivant en Allemagne : Plus de 500 clandestins recensés

      je voudrais tout simplement réagir concernant l’article " Plus de 500 clandestins recensés".
      En fait moi je suis cabindais,donc de l’enclave de Cabinda,un petit territoire coincé entre l’angola et l’ocean antlantique.
      je vis en Allemagne depuis longtemps et a acquis la nationalité Allemagne. J’ai 40 ans et suis celibataire.
      Le burkina Faso est un pays qui me facisne. Vous n’allez peut être pas me croire mais c’est vrai. Actuellement,C’est le seul pays en Afrique(d’après moi) où les gens (la majorité evidenment)sont encore intègres.
      Entant célibataire, je voudrais bien me marier avec une femme burkinabé vivant en Allemagne .
      Qu’elle soit en clandestinité ou en règle.
      Parmi les 500 clandestins il doit y avoir aussi des femmes ! je voudrais bien en aider une.
      Pour tout contact,veuillez me contactez à l’email suivant : adrienmawete@yahoo.fr

  • Le 5 août 2006 à 14:26, par princesse En réponse à : > Burkinabè vivant en Allemagne : Plus de 500 clandestins recensés

    je suis contente de savoir que les relations entre le Burkina et l Allemagne se passe bien . Mais un critique reste á faire : les étudients Burkinabés ont des problemes serieux de reconnaissance de diplome mais aucun effort n ai fait pour changer la situation. le BAC burkinabé n ai pas reconnu et tous ceux qui viennent en Allemagne avec le un niveau BAC doivent faire le Studienkolleg . les pays comme le Caméroun, le Niger, le Mali , la cote d ivoire le togo et le benin n ont aucun probleme avec leur Bac. Si monsieur l ambassadeur affirme que tous se passe bien avec les étudients c est qu il ne connait pas ses étudients .

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