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Traite des personnes en Afrique de l’Ouest et du Centre : les Etats doivent prendre leurs responsabilités

Publié le jeudi 13 juillet 2006 à 07h09min

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Après la signature à Abuja de l’accord multilatéral sur la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, tous les regards sont désormais tournés vers les Etats signataires.

Les Etats africains ont été appelés à prendre leurs responsabilités afin de faciliter la mise en œuvre de l’accord multilatéral signé à Abuja le 6 juillet 2006 pour mettre fin à la traite des personnes, notamment des femmes et des enfants dans la région Afrique de l’Ouest et du Centre.

Réunis dans la capitale fédérale du Nigeria les 6 et 7 juillet 2006, les ministres des pays membres de la CEDEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) et de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ont de ce fait lancé un appel à tous les Etats membres qui ne l’ont pas encore fait, à signer et ratifier les différents instruments juridiques des organisations sous régionales, régionales et internationales - notamment la CEDEAO, la CEDEAC, l’Union africaine, les Nations unies et ses agences - relatifs aux droits de l’enfant, à la traite des êtres humains, au crime transfrontalier, etc.

La traite des personnes constitue au XXIe siècle un problème à travers tout le continent africain. Elle est reconnue comme un problème dans plus de 70% des pays. En privant des femmes et des enfants de leurs droits fondamentaux, les trafiquants les maltraitent, les exploitent économiquement et même sexuellement. Dans son rapport 2006 sur le travail des enfants, le BIT (Bureau international du travail) indique que l’Afrique subsaharienne est la région où le taux d’enfants engagés dans une activité économique est le plus élevé dans le monde.

Conformément au plan d’action 2007-2009, adopté par la conférence d’Abuja, sept stratégies de lutte contre la traite des personnes ont été adoptées. Ce sont entre autres, « le cadre légal et politique de développement », « le mécanisme de protection et de soutien des victimes de la traite des personnes effectifs et appliqués dans leur intérêt supérieur », « prévention et sensibilisation ». Au niveau des activités, les Etats ont été invités à promulguer une loi nationale punissant la traite des personnes et contenant des dispositions relatives à la prévention, à la répression, à la protection et à la coopération internationale.

Ils doivent également établir un comité national de suivi contre la traite des personnes qui développera des politiques et mènera des actions contre la traite des personnes en étroite collaboration avec les organisations internationales, non gouvernementales et autres représentants de la société civile. Il faut rappeler que la conférence ministérielle conjointe CEDEAC/CEDEAO d’Abuja est le résultat d’un long processus. Il a fallu d’abord deux consultations (Libreville I et II, en 2000 et 2003) réunissant gouvernements, organisations régionales, internationales et non gouvernementales autour d’une plate-forme commune de lutte contre la traite. Ensuite Libreville III (2003), consacré cette fois-ci à l’harmonisation des législations nationales en matière de traite d’êtres humains, notamment des femmes et des enfants.

En marge de la conférence s’est tenu le 07 juillet un forum des ONG consacré au rôle que celles-ci peuvent et doivent jouer dans la mise en œuvre du plan d’action. A ce stade, les ONG ont estimé que leur rôle est de mener un lobbying pour pousser les Etats à signer et ratifier les différentes conventions relatives à la traite des personnes et aux droits humains en général, ceux des femmes et des enfants en particulier.

Abdoulaye GANDEMA,
Envoyé spécial


Vu et entendu à Abuja

* Pendant que nous étions à Abidjan en transit pour Abuja, un homme appelle le directeur de la protection de la petite enfance au ministère burkinabè de l’Action sociale et de la Solidarité nationale et lance un SOS. « Mon bébé de 44 jours a été volé », dit le monsieur au bout du fil, sans se douter que son interlocuteur était en partance pour Abuja, pour une rencontre qui devait se pencher sur, justement, la traite des personnes.

* A Abuja, nous n’avons pas vu de mendiants dans la rue, ni ces « kinkirsa puusda yamba » (les jumeaux vous saluent) qui peuplent les rues de villes comme Lagos,Ouagadougou. Renseignement pris, cette pratique, la mendicité, est interdite par les autorités municipales de la belle et verte cité d’Abuja. Et gare, dit-on, à celui qui se fait prendre. Il serait envoyé à des kilomètres d’Abuja, dans une demeure pour mendiants, où tout ce beau monde serait pris en charge par le gouvernement fédéral.

* L’aéroport d’Abuja est à une trentaine de km d’Abuja. Lorsque nous avons emprunté le 4 juillet la route qui relie l’aéroport à Abuja, nous avons remarqué que sur près de deux km, sinon plus, les lampadaires étaient éteints. Alors nous avons demandé à Jane, notre conductrice (mais elle n’était pas au volant ce soir-là) qui nous rassura : « En dehors de ces lampadaires éteints (les ampoules ayant été soustraites par les voleurs), tout le reste marche ». Et moi qui croyais qu’il n’y avait pas de voleurs à Abuja.

* Pendant notre séjour, nous avons eu le temps de vérifier les dires de Jane. Avant la reprise des travaux le 6 juillet 2006, nous sommes debout dans la salle de conférence de la CEDEAO, discutant entre journalistes nigérians et étrangers. Soudain, « black-out », sans préavis. La salle est plongée dans le noir. Heureusement, en deux minutes, le groupe de la CEDEAO prend le relais. La même coupure d’électricité est survenue à deux reprises à l’hôtel, confirmant les dires de Jane. Vraiment à part... tout marche dans cette ville.

* Dans plusieurs hôtels d’Abuja, on ne change pas le FCFA. C’est ça aussi l’intégration.

* Abuja ne cesse de grandir. C’est une ville en chantier. Les populations autochtones de la zone continuent d’être délogées de leurs « shacks » (cabanes). Le gouvernement fédéral s’apprête à construire des habitations « décentes » sur des sites aménagés à cet effet pour les y loger. Car, les barons du pétrole veulent toujours plus d’espace pour bâtir hôtels et villas de rêve.

* Au forum des ONG, il est 10h20, heure d’Abuja (GMT + 1). Une des organisatrices entre dans la salle où se tient la rencontre. Sans vergogne elle distribue le programme du forum où il est indiqué : 8h00 : enregistrement des participants.... 10h40 : fin de la session. No comment.

A.G.

Sidwaya

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