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Proche-Orient : Une pluie brûlante sur la bande de Gaza

Publié le jeudi 29 juin 2006 à 07h56min

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Le Proche-Orient brûle de nouveau. D’un feu incandescent. C’est la conséquence du faux calcul que les Comités de la résistance populaire (CRP) palestinienne, une branche armée du Hamas, ont fait en enlevant dimanche dernier le caporal Gilad Shalit de l’armée israélienne.

Ils escomptaient l’utiliser comme monnaie d’échange pour obtenir la libération de prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Dans cette opération, il y a un point sur lequel les CRP ont vu juste : Israël tient à la vie de son soldat. Mais ils se sont fourvoyés en faisant preuve d’une crédulité béate, en pensant que Tsahal allait céder aussi facilement. Mais non !

Sûre de sa supériorité, l’armée israélienne a rejeté l’offre des CRP. En effet, pourquoi négocier quand on a les moyens d’aller prendre soi-même ce que l’on veut ?

Après donc trois jours de menace, Tsahal est passée à l’offensive en déclenchant dans la nuit du mardi à mercredi l’opération « Pluie d’été » sur la bande de Gaza.

Cette même opération est aussi menée dans le Sud de la bande de Gaza sous le nom de « Shalit Sud ». L’objectif principal étant la libération du soldat enlevé.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour conduire cette opération, Tsahal n’a pas lésiné sur les moyens : plus de 5 000 soldats d’infanterie appuyés par des hélicoptères, des blindés, des chars, des bulldozers ; même des engins de terrassement y sont impliqués.

Si le nombre de victimes de cette opération qui a tout d’une véritable guerre n’était pas encore connu au moment où nous tracions ces lignes, les dégâts matériels, eux, étaient déjà importants : deux ponts sautés, une centrale électrique détruite et divers objectifs civils et militaires mitraillés par des hélicoptères d’assaut de type Apache.

Et rien n’indique que cette escalade va s’arrêter de si tôt puisqu’Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, dès mardi, avait annoncé que son pays est « prêt pour une offensive de longue haleine contre les groupes terroristes ».

Au premier jour de l’opération « Pluie d’été », le général de réserve Amos Gilad a soutenu sur la radio israélienne que pour la libération de son soldat, tsahal, cette fois-ci, allait « mettre en œuvre d’autres moyens, des moyens très diversifiés auxquels le Hamas ne songe même pas ». Voilà les Palestiniens avertis.

Mais, avait-on besoin de tant de débauche d’énergie pour un seul otage ? D’aucuns soutiendront que non. Seulement, on peut imaginer qu’Israël, en optant pour la manière forte, a voulu montrer clairement aux activistes palestiniens qu’il n’entendait pas céder au chantage et qu’il ne veut surtout pas créer un précédent dangereux pour la sécurité de ses citoyens.

En effet, s’il cède, demain, ce sera un autre Israélien qui sera enlevé pour être échangé contre tel ou tel prisonnier palestinien. Et ainsi de suite. Ce serait alors mettre le doigt dans un engrenage infernal et sans fin.

Par contre, ce qu’il faut déplorer, ce sont les dégâts importants causés par cette opération militaire : le dynamitage des deux ponts, le sabotage de la centrale électrique de Gaza - qui a plongé depuis hier la ville dans le noir - la destruction des maisons.

On est loin de comprendre en quoi des infrastructures civiles comme une centrale électrique et des ponts peuvent être prises pour cibles quand on veut libérer un otage. Le président Mahmud Abbas n’a donc pas tort lorsqu’il parle de « punition collective » infligée au peuple palestinien.

Pour sa part, le Hamas a prévenu qu’une telle « folie militaire à grande échelle aura d’importantes conséquences et qu’Israël ne retirera aucun gain de cette opération ».

Mais à l’allure où vont les choses, on se demande si le Hamas ne ferait pas mieux de faire pression sur les CRP pour qu’ils libèrent le caporal Gilad Shalit.

On suppose aisément que si ce soldat venait à trouver la mort, le peuple palestinien le payerait très cher, et l’opération « Pluie d’été » pourrait très rapidement prendre une autre dénomination avec d’autres objectifs plus radicaux, plus destructeurs et plus meurtriers.

Pourtant, à la veille de cette offensive, le Hamas venait de reconnaître implicitement l’Etat juif en acceptant de parapher le document de « l’entente nationale ».

Ce document préconise l’existence de deux Etats voisins, palestinien et juif. Ce faisant, le Hamas, dont pourtant la charte prône la destruction de l’Etat juif, reconnaît, même du bout des lèvres, Israël.

Cet accord interne entre Palestiniens devrait panser les plaies de la division, qui minent ce peuple notamment les deux mouvements les plus en vue, à savoir le Fatah et le Hamas. On le sait, la question de la reconnaissance d’Israël était la principale pomme de discorde entre eux.

Le monde entier n’aura même pas eu le temps de saluer cet accord qu’il sera noyé dans l’événement créé par l’opération « Pluie d’été ». Avec ce qui se passe sur le terrain, il faudrait plutôt dire « Pluie de missiles » ou « Pluie de bombes ».

En tout cas, l’ONU, l’Union européenne et les Etats-Unis sont interpellés et ils doivent peser de tout leur poids sur Israël pour faire arrêter le massacre.

Mais pourront-ils seulement le faire et seront-ils entendus quand on sait que l’Oncle Sam est le premier à soutenir l’Etat hébreux, voire à entériner quelques fois ses dérives et diverses exactions ?

Depuis d’ailleurs, les différentes résolutions de l’ONU pour mettre au pas Israël sont foulées allègrement aux pieds par ce pays, sans que quelque sanction soit même envisagée contre lui.

Et ainsi, l’un des sports favoris d’Israël, c’est de ne point tenir compte des résolutions et des recommandations de la communauté internationale. Alors depuis plus d’un demi-siècle, entre Israéliens et Arabes, c’est un combat à mort et on se demande bien à quand le bout de ce long tunnel.

Peut-être bien lorsque l’Oncle Sam se décidera enfin à taper du poing sur la table pour siffler la fin de cette récréation mortelle.

San Evariste Barro
L’Observateur Paalga

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