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Fait divers : « Ti wa ne a bawa ! »

Publié le samedi 17 juin 2006 à 10h19min

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Madi cherchait une occasion pour mettre son épouse dehors. Quand l’occasion s’est présentée, il n’a pas hésité un seul instant pour se débarrasser d’elle. Il a dit à Téné en termes durs : « Ti wa ne a bawa ! ». Ce qui voulait dire, va amener son père, son géniteur. Madi habitait un village situé à à peine trente kilomètres de la capitale. Souvent il s’y rendait pour vendre du bois.

Voilà qu’un jour, il fut accosté par quelqu’un qui cherchait de la main d’œuvre. Quelle aubaine ! Il devrait travailler matin et soir, et recevoir chaque jour mille francs, avec le souhait de revenir le lendemain. Aux chants du coq, il était sur la route. Il était sur un chantier de construction. Deux semaines plus tard, il se loua une bicoque.

Deux mois plus tard, sa femme et son enfant le rejoignirent. Ainsi, Madi fut employé à plein temps et se rendait dans les provinces où son patron avait obtenu des marchés. Entre temps il sollicita un terrain avec un vieux et se bâtit une maison à la périphérie. Lors des lotissements, il fut attributaire d’une parcelle. Son épouse Minata lui donna deux autres enfants.

Voilà qu’un jour, lors d’une de ses tournées, le patron fut victime d’un accident de la circulation. Son petit frère acheva vite les chantiers en cours, et paya les droits à ceux qui avaient été régulièrement embauchés comme Madi. Nanti d’une bonne fortune, Madi demanda à Minata de se trouver une occupation. C’est ainsi qu’elle devint restauratrice dans un maquis. Avec le reste de l’argent, Madi se fit commerçant.

Ainsi, tous les matins, ils empruntaient des camions et allaient acheter des petits ruminants qu’ils revendaient le même jour dès son retour. A l’approche des fêtes de fin d’année, Madi prit toutes ses économies pour se rendre dans un marché vers Pensa dans le Sanmatenga. Mal lui en prit car les passagers du camion et d’autres camions furent rackettés par les coupeurs de route.

Quand Madi revint à Ouagadougou vers midi, il rentra se coucher. Revenu du maquis, la femme ne lui posa pas de question. Le lendemain, Minata le réveilla pour lui dire qu’il était l’heure pour aller prendre le camion. Il la rabroua en lui disant de ne pas le déranger. Or, dans la nuit, Madi qui avait tout perdu avait mûri un plan. Il lui fallait vendre la concession, mais comment ?

Il se trouve que Minata, qui avait des rondeurs, était encore appétissante et avait succombé aux charmes de certains clients. L’affaire s’était ébruitée, mais Madi faisait le sourd et l’aveugle. Un jour, il demanda à Minata de lui passer son argent afin qu’il réactive son commerce de bétail. Elle lui fit comprendre vertement qu’elle n’avait rien. Or, par mégarde, un jour, un des beaux frères qui était venu pour voir Minata et l’avait absentée avait dit à Madi qu’il venait dire à Minata, qu’une de ses génisses avait mis bas. Madi avait su ainsi le nombre de têtes mais n’avait rien dit à Minata. Voilà qu’elle refusait de leur prêter de l’argent or, c’était lui qui avait donné le capital pour démarrer son restaurant.

Un jour, alors qu’il était couché, ruminant, Madi entendit Minata dire à un de ses enfants : « Tampira ! fô gnima mê ? » Ce qui voulait dire : « bâtard ! tu as oublié ? » En effet, elle avait envoyé l’enfant pour une commission et ce dernier traînait. Quand Madi entendit cela, il sortit de sa chambre, administra une correction à Minata en lui disant : « ti wa ne a bawa ! » Ce qui voulait dire, va amener son père, puisqu’elle traitait le petit de bâtard. Cette nuit, Minata la passa chez les voisins. Quand ces derniers vinrent le matin pour demander la réintégration de Minata, ce fut un niet catégorique.

Ainsi, Minata fut répudiée, les enfants conduits au village. Inutile de dire que la cour fut vendue et Madi s’est acheté une autre cour et ses affaires prospèrent aidé de ses nombreux apprentis qui fréquentent plusieurs marchés. Si Minata était légalement mariée, que ce serait-il alors passé...?

Rakissé

Sidwaya

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