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PMU’B et assimilés : Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Publié le samedi 10 juin 2006 à 07h55min

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L’engouement sans cesse croissant du public pour les jeux de hasard, PMU’B en tête, de même que les colossales sommes d’argent que brasse l’industrie du jeu en particulier font de ce secteur une source intarissable de curiosité, d’intérêt et ... de passion.

Au Burkina Faso, aux produits que propose la nationale des jeux "LONAB" et qui déjà avaient conquis un public honorable, se sont ajoutés ces dernières années les "Bandits manchots" ou machines à sous dont l’arrivée a contribué à élargir le cercle des joueurs.
Malgré des revenus parfois soumis à de hautes pressions du fait d’impondérables économiques ou sociaux, le secteur des jeux reste sans conteste celui de l’économie qui résiste le mieux aux crises et au temps.

En effet, l’illusion du gain est un puissant adhésif qui fixe les joueurs tandis que inflation, crise ou simples difficultés pécuniaires jettent dans le jeu autant de nouveaux venus soutenus à bout de bras par l’espoir de gagner le gros lot et d’en finir avec la galère.

Ne dit-on pas d’ailleurs que l’espoir fait vivre ? Les jeux de hasard en tout cas sont une parfaite illustration de cette maxime. En discutant avec des joueurs, on est frappé par la croyance qu’ils ont en la chance. Tous croient à leur bonne étoile et s’en remettent à une puissance supérieure dont ils donnent l’impression qu’elle est exclusivement à leur service.

L’importance de la juste mesure en toute chose

La plupart des joueurs restent raisonnables, adaptent leur plaisir à leurs revenus et ne perdent pas la tête. Mais ce n’est pas le cas de tous. Quand on se met à jouer au-dessus de ses moyens, l’amusement cesse et on devient un joueur pathologique.

Ces joueurs sont malheureusement assez nombreux et leurs fortunes ou infortunes diverses alimentent bien de légendes ayant trait aux jeux.
Un turfiste accros du PMU’B a confié qu’il lui est arrivé de mettre tout son salaire dans une série de combinaisons dans laquelle il était sûr d’avoir le quinté gagnant. L’histoire s’est terminée par une violente scène de ménage, un découvert négocié avec sa banque en pleine fin de mois et de très nombreux désagréments sociaux.

Ceux qui oublient que la règle d’or dans toute chose est de toujours garder la juste mesure, l’apprennent bien malgré eux lorsque après un coup de tête qu’on croyait salvateur, surviennent désolation et problèmes en tous genres. Le coup projeté ayant foiré, bonjour les déconvenues.

A côté des cas malheureux d’autres veinards engrangent des gains substantiels ou décrochent le jackpot. Là encore c’est le carnaval des excès et le joueur agit exactement comme si ce gain inattendu et pourtant tant attendu était une incongruité. L’argent est dilapidé dans des dépenses futiles et superficielles et très souvent l’heureux gagnant retourne à son statut d’avant-gain au bout de quelques mois.

Malgré une prudente réserve de départ, de plus en plus de personnes "testent" leur chance dans les jeux de hasard. Quelques gains modestes alignés deux ou trois fois de suite font alors du "testeur" un engagé qui, à la fin, outrepasse ses limites.

La part des pouvoirs publics

Maître d’œuvre de cette manne, l’Etat qui en est aussi le premier bénéficiaire (il ne s’oublie pas au passage avec une taxation qui court sur le moindre cheval partant ou le moindre ticket émis) a un rôle parfois difficile à assumer lui qui, précisément, est le garant de l’ordre moral. En effet, le jeu est considéré comme un vice dont il faut protéger le citoyen. Cependant, partout dans le monde, les pouvoirs publics, face aux sommes mises en cause par l’industrie du jeu, ont plutôt soutenu et affiné ce secteur, les besoins d’entrées fiscales étant tels qu’ils ont occulté toute autre considération. Après coup, pour se donner bonne conscience on réinvestit cet argent dans des causes plus nobles ; écoles, santé, sport etc.

Au Burkina Faso, qui n’a jamais vu des ambulances flambant neuves avec inscrit sur leurs flancs : "Don de la Loterie nationale burkinabè" ou des panneaux de signalisation routière estampillés LONAB ?
Pour la petite histoire, il semble que les panneaux offerts par la LONAB étaient d’une si bonne qualité que les paysans ne trouvèrent rien de mieux que de les déterrer pour les marteler et les transformer en dabas, couteaux et autres outils.

Par ailleurs, perçu en terme d’emplois, ce sont des milliers de personnes qui vivent d’activités liées directement ou indirectement aux jeux et le phénomène est particulièrement visible pour le PMU’B et les machines à sous dont on voit partout les locaux et kiosques dans tous les secteurs de la ville de Ouagadougou. S’il est vrai que les jeux de hasard ruinent quelques mordus imprudents, il n’en demeure pas moins vrai non plus que des milliers d’autres personnes vivent de cette activité.

Pourquoi joue-t-on ?

Les raisons qui poussent à jouer varient d’un individu à l’autre. En effet, certains jouent juste pour se détendre et se distraire ; d’autres jouent par appât du gain d’autres encore par curiosité ou pour toutes les raisons évoquées.

La rapide expansion des "Bandits manchots" par exemple dans la ville de Ouagadougou est d’abord due à la curiosité, curiosité à laquelle ce sont ensuite ajoutés l’appât du gain et toutes les autres motivations spécifiques par joueur.

En effet, les machines à sous sont relativement nouvelles pour bon nombre de citadins. Auparavant, elles étaient cantonnées dans les casinos et certains lieux seulement. On peut expliquer leur actuelle vogue par un raisonnement très simple.

Tinga, citoyen lambda entre dans une salle de jeux et tombe en extase devant ces drôles de machines qui clignotent. On lui explique qu’avec 100 frs, il peut acheter un jeton qui, mis dans la machine peut lui faire cracher des centaines, voire des milliers de jetons, qui représentent autant de pièces de 100 frs. Le gain est payable sur place. Tinga est tenté. Il change deux pièces, mais n’obtient rien. A côté de lui une machine vient de cracher des jetons pour un heureux gagnant. Tinga s’en va puis revient le lendemain. Cette fois lui aussi réussit à faire cracher la machine. Il s’en va puis... bref piégé il l’est le brave Tinga. On a même vu des joueurs sortir précipitamment de local de machines à sous et se ruer vers un kiosque de PMU’B pour y valider leur combinaison avant la fermeture. Les raisons de jouer sont si nombreuses qu’il est impossible de les énumérer.

Friands de statistiques, les Français n’ont pas manqué d’explorer ce domaine et c’est ainsi qu’un sondage réalisé par la Française des jeux sur les motivations des joueurs a donné les résultats suivants : 62 % jouent dans l’espoir d’avoir un gros gain, 38 %, pour se faire plaisir 32 % pour tester leur chance, 32 % pour changer de vie, 31 % pour éprouver une émotion et 24 % pour passer un bon moment entre copains.

Luc NANA

L’Hebdo

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