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Fronde, intolérance et terrorisme dans le monde : Le Diable, toujours dans le détail

Publié le mardi 21 mars 2006 à 06h57min

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Depuis la désagrégation de l’empire Soviétique et la fin de la guerre dite froide, le monde a basculé sans transition dans d’autres formes de violence dont les justifications, à l’instar des goûts et des couleurs qui ne se discutent pas, sont fondées sur des personnalismes et des approximations qui en d’autres temps auraient été simplement qualifiés d’exotiques.

Aujourd’hui, les nouvelles technologies de l’information et de la communication aidant, chacun est en mesure de comparer sa situation à celle des autres et, sur des bases purement virtuelles et sans aucun rapport avec son vécu, se sentir lésé, frustré ou choqué. Des modes de vie, exotiques pour certains, enragent d’autres et à présent, ce sont des individualismes exacerbés qui ont plongé la terre entière dans une nouvelle guerre pleine de vilenies et de saletés. Tout aujourd’hui part du détail et le diable... s’y entend.

Si l’on s’en tient aux déclarations officielles du gouvernement américain, l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis était justifiée par la recherche d’armes de destruction massive dont serait détentrice l’Irak. Personne n’a jamais su, parlant de ses armes s’il s’agit d’ogives nucléaires, d’armes chimiques ou bactériologiques mais au fil des jours il est apparu que cette histoire d’armes n’était qu’une affabulation et qu’en fait l’intolérant en chef, qui a voulu cette invasion, n’était autre que George W. Bush lui-même.

On comprend bien évidemment que les attaques terroristes du 11 septembre 2001 l’aient endurci jusqu’à un certain degré mais tout de même...

Cette invasion est devenue à présent une guerre sale où, à travers rapts, attentats et attaques de toutes sortes, ce sont maintenant des individualités qui s’expriment, bien sûr à la suite de l’individualité Bush.

Les luttes engagées par certaines communautés pour la reconnaissance de leurs identités culturelles se transforment de nos jours en frondes ouvertes contre monsieur tout le monde en vue d’attirer l’attention de monsieur tout le monde. Les victimes ne se font plus sur un front quelconque ; elles se recrutent parmi des populations paisibles et ignorant pour la plupart pour qu’elles obscures raisons leur vie bascule soudain dans le cauchemar. Dans un monde qui admet tout parce que se voulant démocratique, les causes d’intolérance (individuelle et collective) deviennent de plus en plus nombreuses pour la simple raison que la morale se résume en une vulgaire question de quotas alors que pour beaucoup, les quotas ne peuvent se substituer à l’éthique ou au sens de la décence qui seuls donnent un sens à leur vie.

Comment le citoyen qatariote pour lequel l’homosexualité est une abomination passible de la peine de mort, peut-il suivre et comprendre sur son téléviseur une cérémonie se déroulant aux Pays-Bas et où, le plus solennellement du monde, deux homosexuels se "marient" pour le meilleur et pour le pire ?

Comment ce même citoyen peut-il admettre qu’une autorité politique avoue son homosexualité et reste quand même en selle et que toute une nation pour laquelle il avait beaucoup d’égards se rabaisse à tergiverser sur le mariage entre femmes ? L’instantanéité de l’information qui caractérise notre monde révèle les choses telles qu’elles sont avec leurs aspérités et leurs angles vifs et sollicite de ce fait avec une violence inégalée les consciences selon une éthique totalement individuelle.

En route pour la civilisation du futile. Au sortir du choc culturel ainsi engendré, les réactions se graduent entre rejet et soulagement que tout cela se passe si loin, mépris, dégoût et révolte. Dans ces derniers cas, les choses ne sont pas perçues comme une conséquence de la diversité et de la richesse même du monde, mais plutôt comme une menace contre sa propre intégrité appelée à côtoyer, même de loin, de si monstrueuses abominations.

Le détail aidant, les consciences s’offusquent, l’intolérance s’installe et avec elle, ces violences sales qui parsèment le monde. On peut noter que même de simples initiatives autour desquelles n’existe aucun consensus peuvent être source d’intolérance. Là encore il y a une question de quota. Il faut et il suffit que X pourcent admet ou rejette, approuve ou réfute et c’est tout un ensemble qui, au nom de la démocratie et de la liberté d’expression, est soumis à un matraquage destiné à lui faire assimiler ce petit rien qu’il ne veut pas intégrer dans sa vision du monde.

Ainsi donc, la situation des femmes, les enfants de la rue, l’excision et une multitude de faits humains courants sont extraits de leurs contextes et revalorisés à travers une médiatisation calibrée pour restaurer l’être et instaurer la justice. Les grandes visions du monde semblent à présent révolues et ont laissé la place à l’expression des particularismes.

La civilisation de l’universel que semblait engendrer notre ère de technologie est en passe de se muer en une civilisation du futile où les enjeux sont directement proportionnels au sens de discernement des individus. Les libertés sont nombreuses qui entravent la liberté et les raisons sont nombreuses qui étouffent la raison lorsque d’aventure l’Homme s’exprime dans sa totalité. Il n’y a donc pas de surprise qu’à l’aune du détail que confère la technologie, notre époque soit celle de la fronde, de l’intolérance et du terrorisme.

Luc NANA

L’Hebdo

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