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Unité africaine : La confédération de l’AES doit reprendre sa place au sein de la CEDEAO

Publié le dimanche 19 mai 2024 à 21h45min

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Unité africaine : La confédération de l’AES doit reprendre sa place au sein de la CEDEAO

La confédération de l’Alliance des États du Sahel vient de naître au plan institutionnel avec des textes de gouvernance qui attendent d’être adoptés par les trois chefs d’État. C’est une réunion tenue à Niamey le 17 mai 2024 par les ministres des affaires étrangères du Burkina, du Mali et du Niger qui l’a annoncé. Le texte n’a pas été divulgué, mais on peut se demander si le contexte à l’origine de la création de ce pacte de défense est toujours d’actualité ? Tout comme on peut se demander qu’est ce qui empêche le retour des États du Sahel au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ?

Après avoir, par leur union et leur détermination, mis le doigt sur des plaies de la CEDEAO, la nouvelle confédération ne ferait-elle pas le jeu des ennemis de l’Afrique en voulant s’isoler et cultiver la haine et la conflictualité avec ses voisins de la CEDEAO ? La crise énergétique vécue dans ces États du Sahel au moment de la canicule de ces derniers mois ne devrait-elle pas convaincre de la communauté de destins et de la nécessité de poursuivre les projets d’interconnexion électrique en cours dans notre région et en Afrique ? Allons-nous, au moment où l’on parle de souveraineté, confier la gestion de nos différends à des pays étrangers au continent ?

Le Burkina Faso, le Mali, le Niger ont signé le 16 septembre 2023, un pacte de défense contre la menace d’intervention militaire de la CEDEAO contre le coup d’État au Niger pour rétablir au pouvoir le président élu et déchu Mohamed Bazoum. L’AES avait pour but « d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle » et de considérer « toute attaque contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’une ou plusieurs parties contractantes … comme une agression contre les autres parties » Au moment des faits, les menaces venaient des groupes terroristes qui écument le Sahel, en se passant des frontières et en frappant par surprise là où ils veulent.

C’est pour cette raison d’ailleurs que les trois coups d’État sont intervenus au Mali en 2020, au Burkina en 2022 et enfin au Niger en 2023. Mais la CEDEAO, après avoir négocié avec les deux premiers les conditions de transition vers un régime démocratique, cette fois-ci menaçait d’intervenir militairement au Niger, ce qui a causé la levée des boucliers des pouvoirs au Mali et au Burkina, qui se sont sentis concernés et être les suivants s’ils abandonnaient le Niger.

A la veille de la fin de la période de transition signée par le pouvoir militaire au Mali avec la CEDEAO, les trois chefs d’État annoncent par un communiqué conjoint lu sur les antennes télévisuelles par leurs porte-parole du gouvernement le 28 janvier 2024, leur retrait de la CEDEAO sans délai. C’est une crise majeure pour l’institution régionale qui, en 49 ans d’existence n’en a pas connu de pareille. Les raisons avouées par les pouvoirs militaires sont entre autres : les « sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables » et une autre plus discutable dit que la CEDEAO serait, « devenue une menace pour ses États membres et les populations ».

Le pacte de défense contre les groupes terroristes

Aujourd’hui, la CEDEAO a remis son sabre de guerre dans son fourreau, abandonné les discours bellicistes pour rétablir la démocratie, levé certaines sanctions et ouvert les frontières. On peut raisonnablement dire que la principale menace pour l’AES vient des groupes terroristes et non de ses frères de la CEDEAO qui sont revenus à de meilleurs sentiments. Quelque huit mois après la déclaration de sa création, si l’AES a arrêté les velléités d’intervention de la CEDEAO au Niger, on ne peut pas en dire autant avec les groupes terroristes. Or cette alliance avait et devait beaucoup agir pour influencer le cours de cette guerre contre le terrorisme qui est une menace forte et de longue durée sur l’intégrité territoriale des trois pays à savoir le Burkina, le Mali, et le Niger qui ont perdu le contrôle de certaines parties de leur pays. La guerre est dans les États du Sahel du fait des groupes terroristes mais pas du fait de la CEDEAO.

Fermeture de la frontière et blocage d’embarquement de pétrole

On est surpris qu’après la levée des sanctions par la CEDEAO et l’ouverture des frontières par les pays de la CEDEAO, le Niger ait maintenu fermée sa frontière avec le Benin, alors qu’elle a ouvert celle avec le Nigeria. Le motif invoqué par les autorités nigériennes pour ces deux poids, deux mesures face au Nigéria et le Bénin est que ce dernier maintiendrait des bases militaires françaises sur son sol où s’entraîneraient de futurs assaillants terroristes contre le Niger.

Alors que le Niger a sur son sol encore des troupes étrangères comme celle des États unis sur le départ et celles russes qui viennent d’arriver. Le Bénin se défend de vouloir du mal au Niger et que c’est bien lui qui a demandé la levée des sanctions et l’ouverture des frontières mais le général Tiani n’entend rien. Aussi Talon, pour montrer aussi qu’il a des moyens de rétorsion en main, a bloqué l’embarquement du pétrole brut nigérien depuis le terminal de Sèmè Podji.

La manière de gérer ce contentieux que les autorités nigériennes ont abandonné à la société chinoise est une honte pour l’Afrique. Nos dirigeants ne peuvent-ils pas se parler entre frères africains ? Avant c’était la France qui parlait en notre nom, aujourd’hui c’est à la Chine et à la Russie qu’on abandonne nos droits. De quelle souveraineté parle-t-on, si c’est aux étrangers de discuter de nos problèmes et de trouver la solution. Le Bénin a laissé le premier bateau enlever les premiers barils mais maintient que si la frontière n’est pas ouverte, le pétrole non plus ne coulera pas entre le Niger et le Bénin.

L’élection de Diomaye Faye au Sénégal est un espoir de changement à la CEDEAO

Les dirigeants de l’AES doivent accepter que l’épisode des sanctions étaient une faute de la CEDEAO et qu’elle ne va pas recommencer. Elle ne le fera pas si elle a face à elle des gens qui mènent le débat contradictoire. C’est au sein de la CEDEAO que les trois États doivent discuter de leurs griefs. Le Comité des sages de la CEDEAO leur a tendu la perche les 29 et 30 avril 2024 à Abidjan en les invitant à reconsidérer leur demande de départ « dans l’intérêt de l’unité de la communauté, de la cohésion, de l’intérêt général de leurs populations et de l’intégration régionale ». Il n’a échappé à personne que les mois de chaleur au Sahel ont fait beaucoup de morts cette année 2024 parmi les personnes âgées et les bébés à cause des fortes chaleurs et des coupures d’électricité sans oublier les maladies de ces tranches d’âges très fragiles.

Il y a un espoir de fournir l’énergie à notre région si nous unissons nos forces et notre potentiel, ce n’est pas le moment de nous diviser et de nous affaiblir. Les nouveaux dirigeants du Sénégal Diomaye Faye et Ousmane Sonko sont des alliés potentiels qui sont arrivés dans le club des autorités de la CEDEAO, c’est le moment de s’appuyer sur eux pour faire passer les vues souverainistes et anticolonialistes d’autant plus que la majorité de ces chefs d’État n’aiment la démocratie que de nom et tant que cela ne les concerne pas. Faure Eyadema, le président togolais, vient d’ouvrir le bal en révisant la constitution pour pouvoir rester au pouvoir à sa guise, peut-être va-t-il être rejoint par Alassane Dramane Ouattara pour un autre mandat ? Comme l’a dit Bassirou Diomaye Faye, la Cedeao est « un outil formidable d’intégration » que « nous gagnerons à préserver ». On ne gagne rien à quitter une organisation pour en reconstruire une nouvelle.

Les peuples ne gagnent pas en abandonnant un port proche pour aller dans un autre plus loin de 400 km avec des contraintes fortes de sécurisation des convois. Si les chefs des juntes au pouvoir aiment vraiment l’Afrique et les Africains, ils doivent agir pour leur intérêt en prenant des options de paix de fraternité, de solidarité. Ils ne doivent pas avoir peur de rencontrer des Africains pour défendre l’intérêt des populations africaines. Vont-ils laisser des espoirs de croissance à deux chiffres tomber à l’eau parce qu’ils ne veulent pas discuter avec un valet de l’impérialisme ?

Sana Guy
Lefaso.net

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Messages

  • Vraiment hein !!!
    Qu’est ce qu’il ne faut pas lire comme absurdité souvent !!!

    • Franchement j’ai hâte de lire les textes de l’AES pour voir si les coups d’État sont acceptés voir encouragés. Si non, je suis curieux de voir s’il est prévu des sanctions oui ou non pour un pays membre auteur de coup d’État.

  • Analyse assez simpliste qui ignore notamment le fait que la CEDEAO, qui, même si elle a eu quelques succès dans le domaine de l’intégration, n’est ni plus ni moins qu’un outil sous la coupe des occidentaux. Et balancer des affirmations gratuites du genre : “ On ne gagne rien à quitter une organisation pour en reconstruire une nouvelle.”, alors que nous avons l’exemple de la Société des Nations (SDN), qui, en vertu de son inefficacité, fut remplacée plus tard par l’ONU. D’ailleurs, des pays comme le Japon, l’Allemagne, l’Italy et l’Espagne avaient quitté la SDN. Nous avons aussi un exemple contemporain avec l’ONU qui se retrouve sous l’assaut des BRICS. On n’est pas obligé de demeurer dans une organisation quand elle ne répond plus aux attentes qui découlaient de sa création. Quitter la CEDEAO a son lot de conséquences que l’on a d’ailleurs vécu cette année, mais cela démontre aussi, la nécessité de s’émanciper et de pouvoir générer ses ressources sur le long terme. On peut ne pas être d’accord avec la démarche de quitter la CEDEAO, mais l’analyse doit être bien plus approfondie.

  • M. Guy SANA,
    Merci pour la reflexion sur le retour souhaité des pays de l’AES dans la grande famille CEDEAO, même si elle est teintée d’une certaine naïveté et d’une veritable myopie politique.
    Soyez sûr et certain que l’AES a quitté la CEDEAO pour de bon. Si, par bonheur, la CEDEAO venait à être cette organisation véritablement souveraine et capable de promouvoir la paix et le développement partagé de tous les pays membres, il n’est pas exclu que l’AES noue des partenariats gagnant-gagnants avec elle. Chacune de ces institutions gardant sa souveraineté ; il ne sera pas question d’une fusion-absobbsion.
    Concernant le changement de régiment au Togo, je constate que tout ce qui vous préoccupe, c’est l’avenir politique du président Faure Yansingbe et rien sur les effets attendus en matière de développement et de démocratie pour les différentes composantes du peuple togolais. Il y a comme une fixation et une spéculation sur des supposées intentions malsaines d’un individu de conserver le fauteuil présidentiel

  • Sana Guy, nous ne retournons pas à la CEDEAO. Je sais que votre souhait est que nous revenions pour que la France ait la chance de nous perturber. Pensez-vous vraiment que nous voulons être dans une organisation dirigée par Tinubu, Ouattara et Talon ? Tu blagues. Comprenez-vous vraiment ce qui se passe ?

  • Vous pouvez dire tout ce que vous voulez de ces pouvoirs, mais pour ce qui est de la CEDEAO, les pays de l’AES font bien de la quitter et je l’espère pour toujours. Une organisation communautaire sensée défendre les intérêts des communautés ne peut pas retourner les armes contre ces mêmes communautés. La CEDEAO est allé trop trop loin bien au delà des lignes rouges dans l’affaire du Niger. C’est impensable la posture que la CEDEAO a pu avoir dans cette histoire. Les souffrances inhumaines qui ont été imposées aux peuples de ces pays. La CEDEAO devrait même commencer par dédommager ces peuples pour le préjudice subi avant tout dialogue pour le retour. Tant qu’il existera des Présidents membres de la CEDEAO à la solde de certains États européens qui voudront utiliser la CEDEAO pour faire le combat par procuration de leurs maîtres, la CEDEAO ne sera que l’ombre d’elle même. Votre écrit doit s’adresser à ces Présidents et non aux Etats de l’AES

  • En réalité, l’essentiel de ce que les dirigeants de L’AES reprochent à la CEDEAO est un habillage à posteriori. Le véritable motif du départ de l’institution sous-regionale est la volonté de ne pas avoir à répondre d’un calendrier de fin de transition (Mali, mais aussi Burkina) ou de s’engager sur une durée de transition (Niger). L’attitude du Niger est la preuve que les juntes sont davantage préoccupées par leurs agendas personnels que par l’intérêt des populations. Sinon comment la junte nigerienne peut-elle reprocher aux beninois d’avoir des français chez eux(ce que la partie beninois e conteste d’ailleurs) alors que eux mêmes accueillent des russes et des turcs ? L’analyse de M. Sana une fois de plus est pertinente, seulement je constate que la thèse de la CEDEAO instrument de l’occident à la peau dure. Pourquoi ne dit on pas que l’UA est l’instrument des chinois qui en ont financé le siège (qu’ils avaient semblé t’il truffé de micros) ? Ou que L’ONU que personne n’en vissage de quitter est l’instrument des USA qui en est le plus gros contributeur ?

  • C’est dans la sueur et le sang que nous nous construirons ! Oubliez les gains et réussite faciles ! Si les voisins pensent qu’ils peuvent être heureux et nous dans la misère qu’ils continuent ! A suivre la réaction de la CEDEAO sur l’actualité ouest-africaine de ces derniers temps, inutile d’insister retourner dans ce machin tel qu’il est !

  • L’absence de débouché sur la mer est devenue un outil de chantage des pays côtiers de la CEDEAO. Pensez vous que les pays du Sahel doivent continuer de vivre sous cet épouvantail. BASTA, il faut arrêter et s’assumer à la fin, quelques puissent être les conséquences.

  • Sana Guy nous avait habitué à des analyses qui tiennent la route. Cette fois-ci c’est completement raté.

  • Bonjour,

    Nous pensons que votre analyse n’a pas de sens car la décision est irréversible. Par conséquent épargnez nous de ce genre de raisonnement car vous pourriez être comparé à un valet local qui est envoyé par l’impérialisme.
    L’AES est parti définitivement et vous devez comprendre cela. Même certains pays frères qui pensaient qu’en sanctionnant le Niger, le peuple Nigérien allait se révolter contre leur président ont échoué et demandent aujourd’hui les nigériens à revenir utiliser leur port.

    La patrie ou la mort, nous vaincrons !!!!!!!!!!!!!

  • Sortie de la CEDEAO des pays de l’AES seul les conséquences conseilleront. L’AES même je vois pas se machin survivre si un des régimes militaires venait à tomber. Le temps est l’autre nom de Dieu on verra qui a raison qui a tord

  • De toute facon, les Militaires Putchistes Dictateurs sans concertation de leurs Peuples Concernes, et dite AES sont tous deficitaires Chroniques aux plans economiques et Financiers et dependent beaucoup des Pays Africains de la CEDEAO et de l’UEMOA en terme de relations commerciales. Ces Puschistes Militaro- Fachistes et sous l’emprise de la Russie Imperialiste vont avoir des effets negatifs considerables : Isolements diplomatiques et politiques determinees, certains avantages economiques et les projets sociaux economiques tels la Sante Publique, l’Energie et bien d’autres situations. Deja des desinvestissements vers la Cote D’ivoire, le Ghana et le Senegal etc. Quand a la Fameuse monnaie de l’AES, comment des Pays en deficits Chroniques des agregats macroeconomique peuvent ils battre une monnaie Credibles et Reconnue au plan Internationale ? Il faut savoir que la monnaie aujourd’hui repose sur la puissance de l’Economie des Pays et non plus quelques ressources du sous sol depuis un demi siecle. Par consequent, ces sont les Peuples Concernes de l’AES qui vont en patir a cause des lubies de ces Puschistes Militaro- pro Imperialiste Russe. Salut

  • Sana Guy très belle analyse. Bravo et merci pour votre analyse pertinente. Mais vous voyez, vous avez affaire à des dirigeants politiques qui pensent que la faute c’est toujours les autres comme disait Jean Paul Sartre. Si les dirigeants de l’AES aiment leurs peuples,qu’ils les consulte. Aucun citoyen de l’AES ne souhaite quitter la CEDEAO. Ce sont les politiques qui prennent le peuple en otage. Oui en otage. Mieux vaut être dans la CEDEAO que l’AES. Attendons voir !!!

    • Bagnon, d’où tient tu que "Aucun citoyen de l’AES ne souhaite quitter la CEDEAO" ?
      Je suis citoyen de l’’AES et j’approuve pleinement la décision du retrait de la CEDEAO, même si je n’ai pas été consulté au préalable.
      Quand on a des dirigeants éclairés qui sont imprégnés des réalités des peuples les bonnes décisions sont prises à la satisfaction générale.

  • Vraiment très très plat comme analyse ;Tu es sur que tu es journaliste

  • La crise énergétique que vous évoquez est réelle mais ne saurait reconduire les états de l’AES à la CEDEAO. Elle fera partie de la recherche de notre souveraineté et de notre indépendance vis à vis de ces pays qui en font un moyen de pression. Nous allons nous affranchir de cette dépendance énergétique . Pas de chantage donc à ce niveau comme tu sembles le proclamer. Même si la CEDEAO a rengainé cela n’engage que vous mais épargnez nous de ces absurdités.

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