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Élections législatives anticipées : La France vote pour choisir entre ce qui a fait son histoire et l’extrême droite raciste

Publié le dimanche 30 juin 2024 à 22h35min

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Élections législatives anticipées : La France vote pour choisir entre ce qui a fait son histoire et l’extrême droite raciste

Le 30 juin 2024, le corps électoral français est convoqué pour des élections législatives anticipées. La France va élire des députés parce que le président Emmanuel Macron, par orgueil face à la victoire du Rassemblement national aux élections européennes, a voulu balancer la table du jeu politique pour sortir par le haut de ses défaites successives en France et au Sahel. Les analystes sont sûrs d’une chose, sa majorité fragile ne sortira pas victorieuse de ce scrutin à la campagne électorale courte, donc c’est à une nouvelle défaite qu’il s’expose avec ces élections anticipées.

Le vainqueur que tous les sondages prévoient c’est le parti d’extrême droite du Rassemblement national. Face au péril fasciste la gauche a retrouvé le chemin de l’union avec la coalition du Nouveau Front populaire qui regroupe toute la gauche, des communistes aux écologistes, en passant par les socialistes et les insoumis. C’est à un sursaut populaire que ce regroupement appelle, notamment les couches populaires et les jeunes qui ne votent pas souvent, pour barrer la route au parti raciste et fasciste. La victoire du parti de Marine Le Pen aux élections européennes a réveillé la haine raciste contre les étrangers et libéré la parole et les injures.

C’est une nouvelle France décomplexée, identitaire, qui veut chasser les étrangers, les musulmans, les migrants, « ceux qui font tache », même les binationaux de certaines fonctions. C’est le moment de l’exclusion, de la France aux Français, de la préférence nationale, et du « on est chez-nous ». Que deviendra Macron à l’issue de ce vote qui n’était pas obligatoire et qu’il a choisi de faire alors que sa majorité a été défaite ? La gauche française a réussi la prouesse de se concocter un programme commun dans l’urgence pour appeler à voter pour barrer la route à l’extrême droite. Emmanuel Macron qui a toujours été élu grâce au vote républicain c’est-à-dire le vote pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir aura une cohabitation peut être avec le Rassemblement national ?
Le racisme a été banalisé

Le pire dans cette situation chaotique du pays de Jean Jaurès, c’est que Emmanuel Macron et sa majorité mènent campagne sur les extrêmes, sur l’air du ni, ni. Lui qui a toujours bénéficié pour ses deux mandats du vote républicain faisant barrage à l’extrême droite. Il prendrait prétexte du soutien à la Palestine du parti de Jean Luc Mélenchon pour classer ce parti dans l’extrémisme de gauche et ne pas appeler à faire barrage contre le Rassemblement national. Le pays est dans un climat d’angoisse où de larges couches de la société sont inquiètes de l’issue du vote. Cette inquiétude a été ressentie par des joueurs de l’équipe de France de football qui joue la Coupe d’Europe des nations en Allemagne en ce moment.

Le Rassemblement national se sent déjà vainqueur et il a une longue histoire de haines racistes contre les joueurs noirs et arabes de l’équipe de France sous de fallacieux prétextes qu’ils ne chanteraient pas l’hymne national français où ne seraient pas représentatifs de la société française. Appel non voilé à ne pas faire appel aux talents sans considération de l’origine et de la couleur de la peau. Ce vote du 9 juin 2024 aux élections européennes où le Rassemblement national a obtenu 31,4 % des suffrages exprimés a secoué le pays qui ne voyait pas son extrême droite si prête du pouvoir. Mais depuis son apparition avec François Mitterrand, les thèses racistes se sont développées et ont été dé-diabolisées, banalisées.

Plus d’un million de personnes dans la rue contre Jean Marie Le Pen

En 2002, la première fois que l’extrême droite s’est retrouvée au second tour des élections présidentielles en France, avec Le Pen père contre Jacques Chirac, 1,3 million de personnes se sont retrouvées spontanément dans la rue ce 21 avril 2002 pour crier leur désapprobation de cette éventualité de voir Jean Marie Le Pen au pouvoir. 22 ans après, ils sont 19,23% de ce nombre à avoir battu le pavé pour exprimer ce refus et le désir de voir la fraternité toujours gravée sur les frontons de la République française.

Les dérapages racistes et le sentiment d’avoir déjà gagné des partisans du RN peut réveiller les abstentionnistes de gauche déçus par les partis qui n’appliquent pas leur programme une fois élu. Ce qui est sûr c’est une élection qui va mobiliser dans chaque camp car déjà le nombre de procurations pour les votes a augmenté et le dernier sondage Ipsos prévoit une participation de 61 à 65% des électeurs contre 47,51 % en 2022 au premier tour de la dernière élection législative en France.

Le vote est ouvert car entre les enjeux nationaux se jouent aussi des problématiques de leadership dans les partis avec des candidatures dissidentes de députés non présentés par leurs partis et qui se battent pour retrouver leurs sièges à l’Assemblée. On retrouve des dissidents dans tous les partis presque : chez la France insoumise, chez les macronistes, les socialistes et les républicains. Emmanuel Macron est désormais seul, ayant décidé cette dissolution contre ses députés et vu son impopularité qui atteint les cimes, les candidats de la majorité déchue prennent leurs distances avec lui. De toute façon, la suite de sa carrière politique se poursuivra sans eux, chacun se bat pour sa chose comme l’a dit un ancien président du Burkina.

La gauche ne veut pas se résigner à laisser la France aux mains de l’extrême droite, après l’union des partis de gauche, les syndicats et les organisations démocratiques se mobilisent contre ce danger qui peut être fatal pour le peuple. La presse s’engage dans ce combat et le quotidien du soir, Le Monde à travers son directeur, « appelle ses lecteurs à voter contre l’extrême droite, qu’il qualifie de « danger politique majeur qui pèse sur les pays occidentaux ». « Tri entre ses citoyens », « mise à l’écart des binationaux de certains métiers sensibles » ou encore « remise en cause du droit du sol », dans son texte Fenoglio est clair : « Refaire barrage ? Oui, une nouvelle fois, résolument », écrit-il. Car « céder une parcelle de pouvoir [au RN], c’est prendre le risque de voir peu à peu défaire tout ce qui a été construit, conquis, en plus de deux siècles et demi ».

La République sera-t-elle sauvée encore une fois par la gauche dans toutes ses composantes ? Les élections des 30 juin et 7 juillet 2024 arriveront elles à écarter encore une fois le parti de la haine, la xénophobie, le racisme ? Les héritiers des Dreyfusards auront-ils la victoire ?

Sana Guy
Lefaso.net

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