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Libéria/Une élection présidentielle sans contestation : Georges Weah, Mister fair play !

Publié le lundi 20 novembre 2023 à 12h47min

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Libéria/Une élection présidentielle sans contestation : Georges Weah, Mister fair play !

Au Libéria après la guerre civile, le pays se fraie sa voie sur le chemin de la démocratie. Après avoir donné à l’Afrique sa première présidente Ellen Johnson Sirleaf en 2005, son premier Ballon d’or qui deviendra le premier footballeur élu président en 2017, Georges Weah, le Libéria continue son cours sur la démocratie avec les dernières joutes présidentielles qui peuvent être lues sous l’angle d’un match retour entre un « jeune homme et un vieux père ». Le jeune homme avait gagné la première manche, mais il perd la deuxième et sort avec les honneurs, sans crier à la fraude, il reconnaît sa défaite et ne plonge pas le pays dans les affres d’une crise postélectorale qui est la voie la plus empruntée par les politiciens africains. Voyons ensemble ce qui est transcendant dans cette défaite et la manière de l’accepter.

Le Libéria vient de connaître des élections présidentielles qui se sont bien déroulées. Ailleurs, c’est dans l’ordre normal des choses, sauf qu’en Afrique, le fait est rare, et mérite d’être signalé. Le président sortant a été battu et a reconnu sa défaite. Est-ce parce qu’il est un ancien footballeur qu’il accepte la défaite ? Georges Weah a gagné les élections, il y a six ans contre Joseph Boakai.

Il vient de perdre cette fois contre celui qui, à 78 ans aujourd’hui, et ses arguments vantant sa jeunesse, son succès sur les stades européens n’ont plus convaincus les électeurs qui ont vu son bilan peu glorieux. Le Ballon d’or de 1995, n’a pas été un président goléador (marqueur de buts) car ses objectifs de campagne qui en 2017 étaient, entre autres, de lutter contre la corruption et le manque d’emplois des jeunes n’ont pas été atteints.

Hommage au perdant, le président vaincu.

En reconnaissant sa défaite dès le 17 novembre 2023, Georges Weah a rappelé avec brio, sa carrière de footballeur et l’importance du fair play qui manque tellement chez les hommes politiques africains par ces mots. « Ce soir, le CDC (le parti de M. Weah) a perdu l’élection mais le Liberia a gagné. C’est le temps de l’élégance dans la défaite. Le peuple libérien a parlé, et son choix sera honoré et obéi. » C’est une défaite certes, mais son comportement est une victoire surtout dans un pays qui a connu une longue guerre civile.

Toutes les plaies de la guerre ne sont pas refermées et l’un des anciens seigneurs de guerre joue aux faiseurs de roi. Prince Johnson, a soutenu Weah il y a six ans et cette fois s’est rangé du côté de son adversaire Boakai. Cela montre la difficulté que le pays a, à se débarrasser des démons de cette guerre civile qui pendant plus d’une décennie a fait plus de 250 000 morts et de nombreux blessés. Il n’y a pas eu de justice faite par les gouvernements successifs qui se sont succédés dans le pays. Après la guerre, il y a eu des élections mais pas de justice et de réconciliation. Les personnes condamnées Charles Taylor et autres l’ont été par la CEDEAO ou les pays comme la Finlande et les Etats unis.

En reconnaissant sa défaite, et en appelant à honorer et à obéir au choix du peuple libérien, Georges Weah ne veut pas se perdre dans des contestations, des refus ou et une rébellion porteuse de division et de misères pour ce peuple auquel il a voulu enseigner l’importance de développer ses talents, et de les mettre au service des autres. Georges Weah, après sa retraite de footballeur professionnel, est reparti à l’école pour apprendre avant de s’engager dans cette carrière politique, convaincu que l’école n’est pas comme certains le professent au Burkina, une perte de temps, un lieu d’abrutissement, mais là où l’on apprend à réfléchir et à résoudre des problèmes.

Le refus de cette défaite, ce serait se perdre lui-même. Cette défaite est porteuse de leçons que Weah et son parti doivent apprendre. Ne pas accepter d’affronter le destin de vaincu, c’est refuser les chances de retrouver le chemin des buts et des victoires.

La politique est ainsi faite, on peut avoir des ambitions, un projet et échouer à le mettre en œuvre, faute des hommes intègres et qualifiés. Georges Weah a échoué par la faute de son entourage qui n’a pas résisté à la corruption. Et on ne se relève pas de vingt ans de guerre civile comme si l’on avait fait une fièvre. Et si le pays n’a pas les ressources pour apporter la justice, le mal est toujours dans le fruit. C’est pourquoi il faut saluer tous ceux qui font quelque chose pour cet équilibre précaire qu’est la paix. Il faut habituer les Libériens au reflexes de paix et de vivre ensemble pour pouvoir combattre la misère et le sous-développement.

Sana Guy
Lefaso.net

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