C’est suite au décès mystérieux d’un jeune homme de Komsaya, un des quartiers de Rallo que les notables de la localité dans l’objectif de faire la lumière sur la mort du jeune garçon, ont décidé de faire appel à son esprit pour identifier son assassin parmi les habitants du village, le sïngo en langue locale mooré. Rapidement, sur ordre des anciens, quatre personnes d’une autre famille, plus le maître communicateur sont chargés de transporter le mort à travers le village. La règle est simple.

Chacun pose la question à l’esprit du mort pour dégager son innocence. Si la réponse est oui, le mort fait un mouvement vers l’avant. Si c’est non, il reste immobilisé. On peut même en demander pour un proche même absent. C’est ainsi qu’un certain Compaoré Karzoum Maurice, frère germain de Wango, la soixantaine révolue, se prête au rituel du sïngo avec succès.

Il demande, ensuite, pour son frère Wango resté à la maison à cause de son âge, sans doute. Sur la question de savoir si le vieux Wango est coupable, le mort fait un mouvement vers l’avant. Compaoré Ouinoaga Daniel, fils aîné de Wango s’approche et fait de même que son oncle Karzoum Maurice. Une fois de plus, le mort fait un mouvement vers l’avant. Voici comment le pauvre Wango a été désigné responsable de la mort du jeune garçon. Les anciens du village, conformément à la coutume, ont convenu alors de chasser Wango du village qui l’a vu naître il y a de cela 74 ans.

A la sentance prononcée par les anciens se substitue la solution finale préconisée par le fils

Compaoré Ouinoaga Daniel, fils aîné du vieux Wango rejette de façon catégorique, la décision des anciens. Il dit que son père ne quittera pas le village compte tenu de son âge. En réalité, Daniel avait déjà trouvé sa solution : la solution par la mort. C’est envahi de cette idée maléfique que le fils a décidé de séquestrer le père sorcier.

Wango fut jeté comme un fauve dans une case non loin de son domicile. Cette séquestration s’est faite, selon les sources que nous avons eues à la gendarmerie de Yako, avec la complicité de Compaoré Karzoum Maurice, cousin germain du vieux Wango et de Compaoré Yamba, petite sœur directe de l’infortuné Wango.

A la gendarmerie de Yako, Daniel après son forfait, relate l’événement avec la conviction qu’il a posé un acte salutaire. « Nous l’avons séquestré dans une de nos cases. Seuls ma tante Yamba et moi avions accès à la case. La porte était cadenacée. Mon oncle Karzoum Maurice était au courant. Ma tante et moi avons alimenté mon père avec de la bouillie les 5 premiers jours de la séquestration (cette bouillie aurait été empoisonnée). Après, nous l’avons privé de tout. C’est au 10ème jour de sa séquestration qu’il est mort ».

C’est dire que Daniel a organisé et assisté volontairement à la mort à petit feu, de son propre père. Selon plusieurs sources, le jour de l’enterrement du vieux Wango à Rallo, Karzoum Maurice en s’inclinant sur le corps aurait dit ceci : « Merci mon frère pour tout ce que tu as fait pour moi, que la terre te soit légère » . Il n’a pas pu terminer, les yeux étant embués de larmes. Et Daniel d’ajouter avec un sourire assassin : « Père, je t’avais bien dit que tu n’allais pas quitter le village.. »

C’est grâce au concours du préfet de Yako, Prosper B. Bassolet que la gendarmerie de Yako a pu mettre la main sur les principaux cerveaux du crime. Ils sont 8 à être interpellés pour séquestration et mort d’homme, pour complicité et menace de mort. Il s’agit de Daniel, de Karzoum, de Yamba et de 5 autres personnes. Aujourd’hui pour leur acte ignoble, ils méditent sur leur sort à la Maison d’arrêt et de correction de Koudougou en attendant leur audition par les autorités judiciaires.

Belibi Francis YARO (adonyaro@yahoo.fr)
AIB/Yako

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