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Burkina/ Journalisme sportif : « Nous nous débrouillons avec les moyens rudimentaires mais nous donnons le meilleur de nous-mêmes », Lassina Sawadogo, journaliste sportif à la RTB

Publié le mardi 23 avril 2024 à 21h40min

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Burkina/ Journalisme sportif : « Nous nous débrouillons avec les moyens rudimentaires mais nous donnons le meilleur de nous-mêmes », Lassina Sawadogo, journaliste sportif à la RTB

Journaliste sportif à la Radiodiffusion télévision du Burkina ( RTB), Lassina Sawadogo, a commenté beaucoup de grands évènements sportifs nationaux et internationaux. L’ancien élève du lycée scientifique de Yamoussokro, en Côte d’Ivoire, avait toujours rêvé de journalisme sportif. En dehors du terrain, il est aussi connu à travers sa page Facebook, Lassina Sawadogo officiel. Dans cette interview, il parle de son parcours, son expérience professionnelle mais aussi des raisons de son absence sur sa page Facebook. A en croire le journaliste, son absence sur la toile est due aux questions administratives et la page sera bientôt de retour.

Lefaso.net : Que peut-on savoir de votre parcours scolaire et universitaire ?

Lassina Sawadogo : J’ai fait une partie de mon cursus en Côte d’Ivoire, au lycée scientifique de Yamoussokro. D’ailleurs, c’était un souvenir de repartir à Yamoussokro pendant la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au stade Charles-Konan-Banny. J’ai eu à faire un tour là-bas... mon dortoir. J’ai obtenu mon Brevet d’études du premier cycle (BEPC) au groupe scolaire ‘’Le Plateau’’. Après, je suis revenu au Burkina pour poursuivre mes études. C’est au Complexe scolaire Bangré Yiguia que j’ai obtenu mon baccalauréat. J’ai été orienté en droit mais j’ai préféré faire le test du département de communication et de journalisme de l’université de Ouagadougou.

A la fin de mes études, je suis allé faire un stage à Sidwaya pour connaître le milieu sportif et les hommes du milieu sportif. A l’issue du stage, le grand frère Alexis Konkobo m’a conseillé de passer le concours d’entrée à l’Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC). C’est ainsi que j’ai passé le test et Dieu merci que j’ai été admis. A la fin de la formation, j’ai été affecté à la télévision nationale, au service des sports. J’ai été affecté aussi à un moment donné à la radio nationale, ce qui m’a permis de faire un peu la radio. J’ai été affecté à Ouahigouya pour les besoins de service avant de revenir encore à la télévision. Après encore, j’ai fait le service de la direction des ressources humaines avant de revenir à la radio et à la télé encore. Pour tout vous dire, j’ai commencé en 2008 à la télévision.

Comment expliquez-vous ce choix pour le journalisme ?

Je suis arrivé par pure passion. Après mon BEPC, j’avais déjà opté pour le journalisme et je le disais à qui voulait l’entendre à ma seconde ‘’A’’. Je me suis donné les moyens après pour y arriver. J’ai rêvé du journalisme sportif, je pense que la providence m’a aidé à réaliser ce rêve.

Pourquoi le journalisme sportif ?

Je commence par une anecdote pour vous expliquer. A l’occasion du tirage au sort de la 34e Coupe d’Afrique des nations (CAN) en Côte d’Ivoire, en janvier dernier, il y a eu une soirée organisée par les journalistes sportifs ivoiriens à laquelle j’ai été convié. Lorsque le maître de cérémonie a parlé des invités, à un moment donné, il a dit qu’il salue la présence de Jean Louis Farah Touré. Quand il a dit ce nom, j’ai sursauté. Je ne l’avais jamais vu auparavant mais je l’écoutais à la radio quand j’étais enfant. C’était ma première fois de le voir et je me suis dit que je ne quitterai pas cette salle sans lui avoir parlé.

Je me suis approché de lui pour lui dire que c’est lui qui a inoculé le virus du journalisme sportif en moi. C’est vrai qu’ici, des journalistes comme Alexis Konkobo, Gabriel Barrois, le regretté Joseph Dabiré, Cheick Karambiri, Marcel Belem, entre autres, nous ont tenu le bras pour nous mettre dans le métier, mais celui qui m’a inoculé le virus du métier, c’est ce monsieur. Et j’ai tenu à lui dire cela. Je lui ai dit que je l’écoutais sur les ondes de Radio Côte d’Ivoire et Africa N°1. Vous comprenez que je ne suis pas venu dans ce métier par accident, je l’ai aimé en écoutant et en suivant les professionnels. C’était vraiment une sacrée chance pour moi de rencontrer ce monsieur.

En tant que commentateur, dites-nous comment se passe la préparation de vos matchs ?

Commenter un match n’est pas chose aisée. J’avoue que l’envie et l’amour pour le métier m’ont facilité un peu les choses. Je pense que c’est une question d’opportunités et de chance. Dans ma jeune carrière, j’ai eu la chance de participer à la coupe du monde de basketball 2010, en Turquie. Là-bas, nous avons appris les b.a-.ba des préparations des matchs en direct. Il faut dire qu’on apprend beaucoup de nos devanciers rien qu’en écoutant leurs commentaires. Sur le plan national, nous avons écouté beaucoup de devanciers. Sur le plan international, j’avais pour modèle le regretté Thierry Gilardi.

Comment avez-vous vécu votre premier match en tant que commentateur ?

Je pense que c’étais un match du championnat national de football que j’ai eu à commenter en direct. Comme je suis passé par la coupe du monde de basketball qui était mes premiers moments de commentaire, je n’avais pas senti trop de pression. De retour de cette coupe du monde, j’ai été agréablement surpris que des gens se demandaient si c’est vraiment Lassina Sawadogo qui était au commentaire. Certains sont venus ici, au service des sports, pour savoir si c’est effectivement Lassina qu’on entend sur les chaînes internationales. Là-bas, j’ai commenté les matchs de Turquie, de la Grèce, des États-Unis, du Japon et de la Chine. Je suis heureux de savoir que j’ai commenté les matchs de Kevin Durant, Stephen Curry, Andre Iguodala de la NBA.

Vous avez eu à commenter beaucoup de matchs. Quel est le match qui vous a donné plus d’émotions et de sensations ?

En termes d’émotions, il y a des matchs qui restent dans l’histoire. Je pense au match de la coupe du monde entre les États-Unis et la Turquie devant 15 000 spectateurs à Istanbul. On m’a désigné pour commenter cette finale de basketball, c’était très émouvant. Le match Burkina Faso-Algérie, à la CAN passée, où nous avons fait 2-2, m’a aussi beaucoup ému même si c’est un souvenir amer puisqu’on a été rejoint au score à la dernière seconde. Je pense aussi au match Burkina Faso-Algérie dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde Brésil 2014. Nous avons gagné 3 à 2 ici à Ouagadougou avant de se faire éliminer de façon injuste à Blida sur un but algérien.

Je me rappelle encore du match de la Coupe du Faso entre l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) et le Racing club du Kadiogo (RCK) où Blaise Yaméogo avait inscrit un doublé. Cela me rappelle des emphases qu’il y a eues pour relater cette rencontre. Ces sont des matchs qui m’ont sorti de mon confort et m’ont poussé à donner le meilleur de moi-même pour faire plaisir aux téléspectateurs. Chaque match a sa réalité et ses émotions. Mais le plus important pour nous est de traduire nos émotions pour que le téléspectateurs puissent être emballés. Je n’oublie pas aussi l’arrivée du Tour du Faso que j’ai eu à commenter. J’ai commenté l’arrivée pendant trois heures de temps, tout seul, sur le boulevard de l’Indépendance. Ce sont des moments qui restent gravés dans la tête.

Une certaine opinion estime que les journalistes sportifs burkinabè ne sont pas très professionnels comme leurs confrères sur des chaînes européennes. Est-ce que vous comprenez cette critique ?

Je pense qu’il y a encore du chemin à faire. Ce métier, on le pratique jusqu’à la mort. C’est ce qui est intéressant, il n’y a pas de retraite pour le journaliste sportif. Il y a beaucoup encore à faire parce que le métier a évolué, les nouvelles technologies se sont invitées dedans et il y a beaucoup plus d’exigences aussi. Aujourd’hui, l’ennemi numéro 1 d’une antenne est la télécommande. Avec la télécommande, le téléspectateur zappe sur une autre chaîne quand il n’est pas content. Qu’est-ce qu’il faut faire pour garder le téléspectateurs sur son antenne ? C’est pas facile surtout quand il s’agit du sport où tout le monde pense être un fin connaisseur. Mais penser que les journalistes sportifs burkinabè ne sont pas professionnels, je ne pense pas que c’est vrai.

Les journalistes sportifs burkinabè se débrouillent avec les moyens du bord. On ne peut pas comparer le journaliste burkinabè à celui européen qui est entouré de toute une logistique. Chez nous, nous nous débrouillons avec les moyens rudimentaires mais nous donnons le meilleur de nous-mêmes. Ce n’est pas facile, il faut les accepter et les encourager. Nous avons toujours envie de donner le meilleur de nous-mêmes une fois à l’antenne mais ce n’est pas de gaieté de cœur que quelqu’un ferait un travail à minima. Les gens font tout pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Mais je reconnais aussi qu’il y a des éléments qui relèvent un peu du don. Parler avec aisance, avoir les mots qu’il faut devant une situation donnée avec la spontanéité qui va avec, tout le monde n’est pas fait pour cela. Il faut accepter cela.

C’est pourquoi certains sont prompts dans les commentaires des matchs et d’autres, dans les reportages, les critiques, l’écriture, la présentation et autres. C’est vrai qu’il y a des gens qui sont aussi transversaux, capables de faire les commentaires de matchs, la présentation, l’animation des débats et autres. Malheureusement, tout le monde ne peut pas tout faire. Lire la suite

Interview réalisée par Serge Ika Ki
Lefaso.net

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