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8-MARS : Quand le 8-Mars devient un fonds de commerce

Publié le vendredi 10 mars 2006 à 08h00min

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S’il fallait faire l’historique du 8-Mars, que pourrait-on retenir ? Tout est parti de la Conférence internationale des femmes socialistes (en 1910 à Copenhague), qui a alors décidé d’instituer une Journée des femmes afin de servir, disait-on, la propagande en faveur du vote des femmes.

La paternité de cette initiative revient à l’Allemande Clara Zetkin (1857-1933), qui dirige, de 1891 à 1917, Die Gleichheit (l’Egalité), un organe, depuis 1907, de l’Internationale des femmes socialistes. Le 8 mars 1914, les femmes réclament le droit de vote en Allemagne, qu’elles obtiennent le 12 novembre 1918. Un peu partout à travers le monde, les choses bougent, et les femmes donnent de plus en plus de la voix. Car cette journée va se traduire dorénavant par des débats, des colloques, des expositions ou des manifestations.

Les femmes prennent la parole pour exprimer leur souhait de voir améliorée leur place dans tous les domaines de la vie sociale, professionnelle et familiale. Face à la détermination des actrices, les Nations unies commenceront à observer la "Journée internationale des femmes", le 8 mars 1975. Pour ceux qui l’auraient déjà oublié, il est communément admis que la Journée de la femme est observée en mémoire des ouvrières New-yorkaises du textile, sévèrement réprimées pour avoir osé, le 8 mars 1857, manifester pour revendiquer de meilleures conditions de travail et la reconnaissance de leur citoyenneté. Chez nous au Burkina, et ce, depuis 1977, le 8-Mars est célébré même s’il n’était pas férié et chômé. Chaque année, c’est sous des thèmes appelant à la réflexion que les femmes se retrouvent.

Il y eut ensuite cette époque des régimes d’exception, où le chef de famille himself devait faire le marché, le 8 mars. Vint l’année 1992, où l’Assemblée nationale de notre pays, sous la houlette de femmes parlementaires, allait voter la loi n°019-2000 AN portant institution des fêtes légales au Burkina, qui reconnaît la Journée internationale de la femme comme une fête légale, fériée et chômée. Mais il faut avoir le courage de reconnaître, comme le disait quelqu’un, que "Cette affaire du 8-Mars n’intéresse point la femme au village". En effet, au village, on n’a pas suspendu le train-train quotidien pour se livrer aux djandjobas et dégustations, comme ce fut le cas dans de nombreuses grandes villes.

Pourtant, cette 149e Journée internationale de la femme, célébrée à Kaya, était placée sous le thème : "Femme et lutte contre la pauvreté". Il faudra revoir les choses, car il ne sert à rien de consacrer toute une journée à des ripailles. Surtout qu’on a encore en tête cette histoire de la St-Valentin ! Loin de nous l’idée de remettre en cause le bien-fondé de la Journée internationale de la femme, mais nous disons que rien n’interdit d’aller au bureau ce jour-là.

D’ailleurs, combien sont-ils, les pays, à travers le monde, qui chôment le 8-Mars ? Et puis, faut-il attendre cette date pour réellement penser à nos sœurs résidant surtout en province ? On a comme l’impression que certaines en ont fait un fonds de commerce, qui organisent une grande foire à laquelle il ne fait pas bon prendre part lorsqu’on n’est pas sûr de la richesse de ses parures. Pour un pays sous-développé comme le nôtre, il faut arriver à supprimer certaines choses, surtout quand leur inutilité est prouvée.

Pierre Tapsoba

Observateur Paalga

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