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Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

Publié le mercredi 28 février 2024 à 22h46min

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Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

Fête ou activité qui marque la fin de la vie de célibataire avant de se mettre la corde au cou, l’enterrement de la vie solitaire est de plus en plus à la mode chez les Burkinabè. En grande pompe ou de façon symbolique, chacun fait selon ses moyens. Même si le concept concerne tout futur(e) marié(e), à Ouagadougou, c’est une pratique qui se constate en majorité chez les filles.

La notion d’enterrement de vie célibataire est née dans les pays anglo-saxons. Même si elle concerne l’homme et la femme, au Burkina Faso, ce sont surtout les filles qui enterrent leur vie de jeune filles. Soirée en boîte, dîners entre copines, jeux coquins ou voyages, il y a plusieurs types d’enterrement de vie de jeune fille. Pour certaines, ce sont des soirées surprises organisées par leurs amies ou proches. D’autres décident de prendre en main elles-mêmes, l’organisation de leurs enterrements de vie de jeune fille.

Annick Timboué Gouba et ses copines pour son enterrement de vie de jeune fille

Fatimata Ouédraogo épouse Komy a organisé son enterrement de vie de jeune fille en 2021, une semaine avant son mariage. Elle a alors passé une journée entière avec sept copines dans un complexe hôtelier hors de Ouagadougou. « Nous avons bien mangé, bien dansé puis nous avons fait une séance de photos », explique -t-elle. Selon elle, son mari, fiancé à l’époque, n’y voyait pas d’inconvénient vu qu’elle fêtait la fin de son célibat avec ses amies. Elle n’a pas de souvenir exact de ce qu’elle a dépensé ce jour mais elle pense n’avoir pas excédé 50.000 francs CFA pour ce moment entre amies. Ses copines ont pris en charge leurs tenues et l’une d’entre elle lui a offert un gâteau. « Cette étape n’est pas réellement importante avant de se marier puisqu’elle n’est pas obligatoire. Mais elle est quand même une source de joie et de célébration avec ses amies et proches », indique Fatimata qui précise que c’est un choix personnel.

Les différents types de gadgets proposés par Bernice Timboué pour les cérémonies comme des couronnes, des pantoufles, des peignoirs, des écharpes...

Dame X, mariée depuis décembre 2020, a aussi enterré sa vie de jeune fille. Sa copine lui a organisé une fête surprise à quelques jours de son mariage. Pour elle, ce fut un moment agréable qui lui a permis de déstresser au regard des différentes préoccupations à gérer pour l’organisation du mariage. Comme elle, Annick Timboué Gouba s’est vu offrir une fête surprise par sa belle-sœur (sœur de son mari) qui organise ce type d’évènements en collaboration avec ses copines. « Elle m’a fait une surprise à laquelle je ne m’attendais pas. Ce sont les yeux fermés, qu’elles m’ont emmenée sur le lieu et j’étais très contente. Nous avons d’abord fait des photos avec des accessoires dans un jardin, avant de nous rendre dans une chambre bien décorée où nous avons fait de petits jeux intéressants. C’était à trois jours de mon mariage et ça m’a réellement permis de déstresser. Il est vrai que je pensais à faire un enterrement de vie de jeune fille mais je voulais une fête simple », a raconté dame Annick Timboué Gouba.

Une décoration faite par Flora Compaoré Ouoba pour une soirée en chambre d’enterrement de vie de jeune fille

Cet intérêt que porte les futures mariées à l’enterrement de vie de jeune fille a créé une activité pour de nombreuses personnes qui se sont spécialisées dans l’organisation de ce type d’évènements.

L’enterrement de vie de célibataire a fait naître un business

Cette pratique représente un business en plus pour certaines décoratrices et organisatrices de mariage. Elles proposent une panoplie de gadgets pour embellir ou pimenter un enterrement de vie de jeune fille tels que des ballons, des écharpes, des peignoirs, des couronnes, des pantoufles et bien d’autres accessoires. Dans la boutique ‘‘Gadgets de mariage’’ de Bernice Timboué, en plus des articles de mariages, on retrouve un important lot de gadgets féminins pour enterrement de vie de célibataire. « Actuellement, la demande est forte pour l’organisation ou l’achat d’articles pour enterrement de vie de jeune fille. Mais c’est surtout dans le mois de décembre et janvier que nous en recevons plus ». Selon elle, le plus souvent, ce sont les amies qui cotisent pour offrir une cérémonie à la future mariée. Que ce soit en vente ou en location, il est possible de s’offrir des gadgets pour une soirée entre filles. De plus, les sommes dépensées pour ces moments dépendent des activités voulues.

Bernice Kamboué affirme que le concept s’adapte au contexte africain

Flora Compaoré Ouoba fait partie des pionnières dans l’organisation des enterrements de vie de célibataire au Burkina Faso. Avec son entreprise d’évènementiels ‘‘Fête en Folie’’, elle est ‘‘wedding planer’’ et décoratrice d’évènements. « La plupart du temps, c’est au restaurant que les filles enterrent leur vie de jeune fille. Il est rare qu’au Burkina les filles fassent la totale c’est-à-dire restaurant-boite de nuit-chambre décorée. En général, elles font une de ces activités uniquement », nous confie-t-elle. Par ailleurs Flora Compaoré Ouoba conseille aux futures mariées de faire ce genre de cérémonies un bon moment avant le jour du mariage. « Si c’est une surprise que l’on fait à la mariée, c’est plus facile. Mais si c’est elle même qui l’organise, elle doit s’y prendre tôt pour éviter le stress inutile », pense la wedding planer.

Une pratique pas très comprise par bon nombre de personnes

Pour nos différentes organisatrices d’enterrement de vie de célibataire, cette activité n’a rien de problématique mais n’est juste pas comprise. « C’est peut-être le terme « enterrement de vie de jeune fille » qui pose problème aux gens. Cependant, en général ce sont seulement des soirées pour se retrouver entre filles et marquer son soutien à la future mariée pour ce nouveau départ », affirme Bernice Timboué, ajoutant que même si c’est étranger, le concept s’adapte au contexte burkinabè.

" Chacun organise son enterrement de vie de jeune fille en fonction de son pouvoir d’achat", Flora Compaoré Ouoba

Pour Flora Compaoré Ouoba qui a vu les débuts de ce phénomène au Burkina, l’enterrement de vie de célibataire n’est pas une pratique nouvelle dans notre société. « C’est quelque chose qui existait mais on n’avait pas donné ce nom occidental. Avant, les amies de la nouvelle mariée se réunissaient avec elle à la maison pour causer et partager un repas avant le jour du mariage. Seulement de nos jours, le concept a été modernisé », fait savoir Flora Compaoré Ouoba. Aussi, c’est une pratique mal vue parce que certains y mettent des sommes exorbitantes. « Je crois que chacun y va en fonction de son pouvoir d’achat. C’est un peu comme l’organisation du mariage, certains le feront avec 50.000 francs CFA et d’autres avec 10 millions de francs CFA » a-t-elle dit.

Même si l’enterrement de vie de célibataire ne fait pas l’unanimité, on retiendra que c’est un moyen pour ces jeunes femmes d’évacuer le stress de l’organisation du mariage.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 28 février à 22:59, par Remarque En réponse à : Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

    Nous aimons nous africains copier les pratiques d’ailleurs au detriement des notres. Que propose notre culture pour ce type de situation ? C’est là où les parents doivent orienter les enfants. Pour ma part pourquoi ne pas aller chez une tante passer quelques jours pour apprendre a mieux gerer un foyer, une mari, des enfants ?

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    • Le 29 février à 12:18, par saam En réponse à : Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

      D’accord avec vous ! Je ne vois pas d’un très bon oeil cette histoire de fin de célibat. A coup sûr ça commence ainsi et ça finira comme chez les autres qu’ils ont copié en soirée strip tease avec un homme qu’on loue pour l’occasion !
      Vraiment, pourquoi nous croyons-nous obligés de tout le temps copier ? Et mal en plus ?
      Puisqu’on y est et que vous avez les moyens de vous offrir cette "cérémonie", valorisez au moins les produits africains dans vos décorations, ça créera de l’emploi (les calebasses, louches, balais, pailles et autres tissus africains font de belles décos).
      En tout cas je serai déjà stressé par l’organisation du mariage de mes enfants, donc j’attends celle qui viendra s’arrêter devant moi pour parler d"enterrement de vie de jeune fille" ! Elle lira ma réponse dans mes yeux !!

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  • Le 29 février à 06:00, par Alpha2025 En réponse à : Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

    Enterrement de vie de jeune fille, St Valentin, et que sais je encore... Ces fêtes que nos mamans n’ont pas connu nous sont elles imposées ? Par qui ? La célébration du 8 mars au moins est 100% endogène. Mais depuis le temps que nous avons cette belle coutume (plus de 30 ans) qui nous l’a copiée ? Aucun de nos voisin ! Aucun autre pays au monde ! Et c’est pourtant l’héritage de SANKARA ! J’espère qu’au moins en AES, le 8 mars sera célébré par toutes les femmes et leurs époux !

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  • Le 29 février à 06:41, par Sidpassata Veritas En réponse à : Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

    Encone une de ces imitations plus ou moins serviles de pratiques venant des occidentaux. Cet enterrements de vie de célibataire chez les européens n’a pas forcément une bonne réputation et ne fait pas toujours l’unanimité chez les occidentaux eux-mêmes. Car il se cache derrière cette idée de libertinage qu’il faut profiter une dernière fois de sa vie de célibataire qui serait plus joyeuse que la vie dans le mariage qui serait un enfer. Est-ce notre conception de mariage ? On peut encore constater que ce phénomène arrive chez nous par les milieux économiquement plus aisés qui cherchent à s’amuser.
    C’est aussi de cette manière que halloween et st Valentin ont étés plus ou moins servilement imités sans se pose la question de l’impact culturel et économique de ces pratiques. Ça fait toujours bien de faire comme les blancs n’est-ce-pas !

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  • Le 29 février à 12:10, par Nimembao En réponse à : Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

    On ne nous l’a pas imposée. Nous l’avons copié ! Disons-le donc clairement au lieu d’accuser encore les autres de nos maux et de nos problèmes de société. Ce pleurnichage énerve vraiment. Ceci dit, c’est un truc essentiellement commercial qui fait encore dépenser inutilement les familles. Mais tout le monde est libre de la mettre en pratique ou non. Ce qui dérange, c’est que cela devient une "obligation sociale" par crainte des jugements des voisins.

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    • Le 29 février à 13:38, par Sabari En réponse à : Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

      Merci beaucoup pour, on est fatigué des pleurnichages,.
      Ceux qui croient que le noir est différent des autres êtres humains se trompent lourdement. Tous les êtres humains aspirent à la même chose.
      Donc laissons ceux qui ont les moyens et l’envie de s’amuser le faire tant qu’ils respectent la loi.

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      • Le 29 février à 18:06, par Mbaterna Somé En réponse à : Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

        A Mr Sabari,
        Les pleurnichards savent se reconnaître dans les pleurnicheries dont ils ont "l’expertise". "Ceux qui croient que le noir est différent des autres êtres humains se trompent lourdement" Vous enfoncez des portes ouvertes Mr Sabari ; Le noir en tant qu’être humain est l’égal du blanc, du jaune quant à la dignité et aux droits humains ; ces valeurs universelles sont partagées au sein de la race humaine, rien de nouveau sous le soleil. Par contre, vous a-t-il échappé que la culture, les us et coutumes différencient nettement l’africain de l’asiatique, de l’occidental, de l’arabe, etc ? La diversité culturelle n’est pas un mal qu’il faudrait combattre par le mondialisme et l’économie libérale que nous subissons passivement. Questionner le comportement de jeunes africain(e)s qui sont dans le mimétisme urbain de certaines pratiques occidentales n’est pas désespérant, bien au contraire ; le fait que nous, africains jeunes et adultes, soyons les plus enclins à nous départir de nos us et coutumes et à fantasmer sur la culture des autres dont nous ne partageons pas le paradigme, est un indicateur de la prégnance des "chaînes mentales" de l’esclavage et de la colonisation culturelle qui nous maintiennent dans la dépréciation et le déni de nous-mêmes. "Tous les êtres humains aspirent à la même chose." NON, De Grâce, Sabari, tous les êtres humains n’aspirent pas à la marchandisation du monde qui ferait de nous tous de simples consommateurs jouisseurs de biens matériels, à la merci des tenants d’un matérialisme athée déshumanisant. En Afrique il y a heureusement des hommes et des femmes pour qui la sacralité de la vie, le respect des personnes âgées, la spiritualité, l’équité, les mœurs sont des valeurs non négociables, car substantielles à l’Être humain. L’homosexualité est par exemple largement acceptée en Occident alors qu’en Afrique, jusque maintenant, elle choque nos esprits qui la considèrent comme une abomination ; manifestement nos différences culturelles et morales sont une richesse qu’il ne faudrait pas perdre au profit d’un monde monolithique où les dominants nous imposeraient leur paradigme. "Donc laissons ceux qui ont les moyens et l’envie de s’amuser le faire tant qu’ils respectent la loi." Savez-vous que dans cet Occident décadent "l’enterrement de vie de jeune fille ou de garçon" est l’occasion pour la ou le futur(e) marié(e) de s’autoriser pour une dernière fois les pires comportements immoraux ? Se saouler excessivement la gueule, s’offrir en strip-tease dans un bar ou commander en privé les services d’un(e) strip-teaseur(se), coucher avec un(e) partenaire lambda lors du voyage offert pour la circonstance, etc.
        NON Mr Sabari, il ne s’agit pas de pleurnicherie quand on questionne des comportements qui ne sont pas anodins. Si nous ne prenons pas collectivement la mesure de nos actes nous risquons de nous perdre dans une acculturation volontaire. Sans l’Être il ne nous restera plus que l’Avoir pour Paraître.

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    • Le 29 février à 15:18, par Mbaterna Somé En réponse à : Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

      A Mr Nimembao,
      Prenez le temps de lire l’article du Fasonet et les propos exprimés dans ce forum avant de vous embarquer dans des accusations fallacieuses. Dans l’article et les commentaires exprimés jusque maintenant(29 février 2024 à 15h17), il n’y a pas l’expression du début du commencement d’une quelconque accusation ou imposition de mœurs étrangères au Faso ; la majorité des intervenants parlent d’imitation volontaire de pratiques venues d’ailleurs. Vous donnez votre avis à "un problème" qui "existe dans votre esprit", mais qui n’a factuellement aucune réalité dans les propos exprimés. Ménagez votre santé Mr Nimembao ; les procès d’intentions et l’énervement inutiles risquent bien de l’entamer si vous ne prenez garde. La sagesse nous enseigne de nous hâter lentement.
      Fraternellement.

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  • Le 29 février à 12:45, par HUG En réponse à : Enterrement de vie de jeune fille : Un phénomène qui a la cote auprès des futures mariées à Ouagadougou

    Bizarrement on.se.marie plus a la.mairie mais les cas de divorce remplissent les tribunaux..Avant il.n y avait pas beaucoup de mariage a la.mairie mais les divorces etaient moins.

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