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Ouagadougou : Quand la production de menthe nourrit des familles à Karpala

Publié le lundi 5 février 2024 à 21h50min

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Ouagadougou : Quand la production de menthe nourrit des familles à Karpala

Elles ne sont pas instruites pour prétendre à un emploi quelconque, mais elles travaillent aussi, voire. Ces mamans du quartier Karpala (arrondissement 11 de la ville de Ouagadougou) produisent de la menthe (plante aromatique utilisée pour parfumer les jus et autres) pour nourrir leurs familles. Zoom sur ces mamans résilientes et résistantes !

Quand on n’a pas les moyens, même jusqu’à 70 ans voire plus, l’on est obligé d’être active pour avoir sa pitance quotidienne.
Avec un gros foulard sur la tête, et blottie dans plusieurs habits dû au froid de ce 4 février 2024, cette grand-mère d’environ 70 ans, Alizata Compaoré, arrose ses plants de menthe dans ce bas-fond situé à quelques mille mètres, derrière le palais de justice de l’arrondissement 11 (Karpala). Sourire aux lèvres, la « mamie productrice » de menthe nourrissant ses plants se précipite pour nous lancer « mes enfants, vous allez bien ».

Alizata Compaoré (environ 70 ans) et productrice de menthe « Si on dit que ça ne nous aide pas, on a menti »

Productrice de menthe depuis une dizaine d’années dans ce bas-fond, devenu à la limite sa seconde maison, la « mamie » dit y passer plus de temps. « Je viens ici pendant qu’il ne fait pas bien jour et je ne rentre que la nuit », se confie-t-elle. « C’est ici-aussi mon bureau, ou bien » a-t-elle ajouté en riant.
Une activité rentable, selon ses dires. « Ça m’aide beaucoup, je mange dedans, paie les études de mes enfants et résout d’autres problèmes. Ce bas-fond nous aide beaucoup. N’eut été ce bas-fond, je ne sais pas qu’est-ce que je serai devenue. Si on dit que ça ne nous aide pas, on aura menti », a-t-elle reconnu.

Pour sa cadette d’environ 20 ans, Pauline Ilboudo, d’une quarantaine d’années, elle qui est à sa 9e année de production, se dit aussi reconnaissante. « Grâce à la production de menthe, nos enfants ne dorment pas dans la faim. Quand je vends, je cours pour acheter du riz ou de la farine, du Maggi, et autres pour cuisiner pour eux. Donc, est-ce que je peux dire ce n’est pas bon », nous questionne-t-elle.

Pauline Ilboudo, d’une quarantaine d’années, produit la menthe depuis 8 ans

Confrontées au manque d’eau et souvent à la mévente, ces mamans bravent le froid et le vent sec de l’harmattan pour arroser, désherber et repiquer leurs plants de menthe. Ces gestes devenus à la limite comme de l’amusement, elles les exécutent avec une certaine facilité. En un mot, la production de menthe est devenu en quelque sorte un sacerdoce pour ces mamans.

« Tu peux avoir jusqu’à 40.000 F »

Il n’y aucun répit sauf en saison pluvieuse, parce que la menthe ne se cultive qu’en saison sèche. « Le bas-fond est aussi notre maison. Nous passons tout notre temps ici. Vous voyez cet espace à perte de vue est plein des vieilles comme nous. Donc, on ne peut pas dire que ce n’est pas rentable. Parce qu’on peut avoir jusqu’à 40.000 FCFA, voire plus ou moins. Ça dépend du marché », avoue Mariam Nana, cette sexagénaire amoureuse de la nature et de ses menthes.

Mariam Nana, cette sexagénaire amoureuse de la nature et de la menthe

Arrêtée au milieu des champs à perte de vue de menthe, arrosoir en main, la sexagénaire nous confie que c’est le manque d’eau qui les freine, sinon leur production sera plus que ce qui est produit actuellement.

Outre l’eau, Awa Sana, cette autre productrice de menthe, arrivée il y a à peine une année, parle d’espace. « Comme mon espace est petit, je ne produis qu’en petite quantité. Mais je gagne ce que je peux gagner. Je peux avoir 15.000 voire 20.000 par mois, et c’est mieux que zéro ».

YZ
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 février à 10:28, par abdou En réponse à : Ouagadougou : Quand la production de menthe nourrit des familles à Karpala

    Bravo à ces braves maman. La commune gagnerai à leur donner un espace dédié où le jardinage et la beauté pourront se conjuguer ensemble, dans une production bio. Elles peuvent aussi diversifier leur activités avec plus de plantes aromatisantes si elles ont la formation nécessaire comme le céleri ou la coriandre.

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  • Le 6 février à 13:19, par Yombo THIOMBIANO En réponse à : Ouagadougou : Quand la production de menthe nourrit des familles à Karpala

    Vraiment, j’habite dans les parages et j’aime aller quand je suis libre visiter leurs champs et à chaque fois je suis halluciné de tout ce travail qu’elles abattent. À Nioko 2 elles font la même chose mais cette fois avec d’autres variétés. Merci à vous d’être passé et avoir rendu leur bravoure public dans l’espoir qu’elles soient remarquées un jour et bénéficient d’un soutien de nos autorités.🙏

    Répondre à ce message

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