« L’intérêt de porter un regard analytique sur la politique du pôle de croissance de Bagré est de comprendre et d’expliquer cette politique en tentant de participer au débat scientifique sur les politiques publiques », a introduit Babou Nebon Bamouni lors de l’exposé de son mémoire au jury.

Pour commencer, Nebon Bamouni revient sur les circonstances qui ont prévalu à la mise en place de la politique du Pôle de croissance de Bagré (PCB). « L’agenda public au Burkina Faso a connu l’apparition en 2011, de la politique du PCB dans un contexte caractérisé par des faiblesses constatées au sein de la gouvernance publique. Les insuffisances identifiées sont notamment la primauté des approches top-down, la faible performance des politiques publiques, et la persistance de la pauvreté et des inégalités », a-t-il situé.

Pour M. Bamouni, il y a nécessité au regard de ce constat, d’asseoir un nouveau référentiel d’action publique. La recherche de l’impétrant a ainsi examiné de manière critique l’évolution de la politique du pôle de croissance de Bagré dans l’espace public. Il a s’agit en clair, explique-t-il, de voir sur le plan historique, comment en est-on arrivé au pôle de croissance ; ensuite, d’apprécier les éléments ayant fait l’objet de changement et ceux restés statiques ; avant de dégager enfin, les perspectives.

Innovations de la politique du PCB

De l’analyse de M. Bamouni, le pôle de croissance de Bagré est une politique qui a décidé d’aller vers la territorialisation de l’action publique. « C’est-à-dire qu’on a décidé d’implémenter la politique sur un territoire précis et d’associer les acteurs privés, surtout les bénéficiaires, dans la définition des problèmes qui les concernent », a-t-il ainsi relevé la première innovation selon lui, de cette politique.

L’autre innovation, poursuit-il, est qu’il s’agit d’une politique qui prône l’agro-industrie. « Cela signifie que la politique promeut l’intégration de l’agriculture à l’industrie dans une perspective de changement, mais aussi l’intégration de la dynamique entre agriculture moderne et agriculture familiale », a-t-il précisé.

Les obstacles à la mise en œuvre

Dans son développement, l’impétrant indique que la politique du pôle de croissance de Bagré a été suscitée par des acteurs politiques pendant la campagne présidentielle de 2010, mais aussi par des acteurs internationaux que sont notamment la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). Cependant, il souligne que des problèmes ont été enregistrés lors de sa mise en œuvre.

« Parce que les disfonctionnements institutionnels et les différentes crises socio-politiques ont affecté la mise en œuvre, en remettant en cause les objectifs de la politique du PCB. Aussi, le fait de forcément vouloir ajuster cette politique au mandat électoral, conduit à des décisions qui ne sont souvent pas en cohérence avec les orientations techniques. Et tout cela a contribué à jouer sur l’efficacité de la mise en œuvre », a-t-il révélé.

Des résultats appréciables

En dépit de ces faiblesses relevées, M. Bamouni note certains résultats appréciables sur le terrain tels qu’une dynamique transformationnelle au niveau économique, le renforcement des infrastructures, et l’accroissement de la production agricole.
Tout en exprimant sa reconnaissance au jury qui a validé ses travaux de recherches, M. Bamouni a dédié le fruit de ses efforts couronnés à sa très chère et tendre mère qui s’est battue pour lui offrir une éducation de qualité. Ses remerciements vont aussi à l’endroit de tous ceux qui l’ont soutenu de près ou de loin.

Hamed Nanéma
Lefaso.net