Burkina / Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
S’il y a des actions de la gouvernance actuelle qui portent aussi les germes de l’insécurité, ce sont bel et bien ces ‘’enlèvements’’ de citoyens et ces décisions de justice auxquelles le pouvoir refuse de se soumettre(cas du citoyen Sansan Anselme Kambou, ). Et retrouver des Burkinabè, y compris ceux qui sont censés être une étincelle pour la société, applaudir ces façons de procéder, combattues et décriées par les mêmes sous d’autres pouvoirs, est une absurdité qui risque de bouffer tout le monde, y compris leurs auteurs et leurs soutiens.
Le goût aux rapports de force, lorsque le vent est à sa faveur, semble être difficile à résister, selon une sagesse africaine, qui explique que de ce fait, la tendance à user de son pouvoir à satiété est donc l’un des plus gros pièges, qui demandent beaucoup d’humilité pour y échapper. La gouvernance actuelle du Burkina est, indéniablement, à l’épreuve de cette réalité. On peut bien gérer d’une main ferme, tout en évitant de tomber dans des pratiques qui ne s’accommodent pas avec l’idéal commun. Difficile de prôner l’unité et laisser prospérer, voire entretenir, les sources de divisions. Faire ou défendre une justice à géométrie variable, c’est simplement exposer la société à des risques de vengeances continues, et toute personne doit souffrir des actes d’injustice sur tout citoyen, qui qu’il soit.
Les institutions ne doivent donc servir à incarner des actes d’injustice à la tête du client ; ce serait alimenter un cycle infernal. « L’injustice est une mère qui n’est jamais stérile et qui produit des enfants dignes d’elle », rappelle ce critique littéraire, Charles-Augustin Sainte-Beuve, à quoi l’archevêque et militant des droits de l’homme sud-africain, le prix Nobel de la paix, Desmond Tutu renchérit par cette interpellation : « Rester neutre face à l’injustice, c’est avoir choisi son camp, soutenir le statu quo ».
On ne défend la justice pour personne et contre personne ; c’est pour le bien de tous, y compris de ceux-là mêmes qui sont prompts à recourir à l’injustice pour se faire entendre.
C’est en cela donc qu’il faut souhaiter que le pouvoir change de façons de faire, notamment cette tendance d’enlèvements de citoyens, sans la moindre communication, voire dans une confusion totale. Faire masquer ces actes par des propos du type « ce sont des questions sensibles », propagés par des soutiens commis à la tâche au sein de l’opinion, ne résoudra pas le problème de fond : il y a maintes voies claires et légales pour mettre hors d’état de nuire et punir tout citoyen indélicat, à la hauteur du degré de son forfait.
Et personne ne s’en plaindrait !
Alors, à quoi riment ces enlèvements qui n’ont de mérite que les polémiques, irritations, confusions, peurs et la satisfaction de sentiments de vengeance d’une catégorie de Burkinabè sur d’autres ? Du cas de l’Imam de la grande mosquée de Lafiabougou à Bobo-Dioulasso, Mahamadou Diallo, en avril 2023 à celui de Sansan Anselme Kambou en septembre 2023 en passant par ces ‘’réquisitions ciblées’’ ou même le refus d’exécuter les décisions de justice, l’on s’interroge, toujours.
Lire aussi : Affaire « deals de parcelles » : Le film d’un procès entre le journal L’Opinion et Me Guy Hervé Kam
Comment traduire mieux l’idée que Me Prosper Farama qui, à l’issue du verdict au premier degré sur le dossier dit « réquisitions contre Issaka Lingani, Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo », le 6 décembre 2023, enseignait : « Nous ne considérons pas que ce soit une victoire de nos clients, notre victoire contre l’Etat, nous ne considérons pas que ce soit une victoire de certains Burkinabè contre d’autres Burkinabè, non. Nous considérons simplement que c’est une victoire du droit, globalement. Ce que nous faisons, là, nous l’avons dit et le répétons, ce ne sont pas des individus ; au-delà des individus que nous défendons, ce sont des principes et des valeurs. Ce que nous espérons, c’est de construire un Etat de droit, qui a des valeurs comme un peu partout dans le monde, c’est-à-dire que chaque Burkinabè sache, quand il pose un acte, ce qui est accepté par la loi, quelle interprétation les juges en font, que ce soit valable aujourd’hui, demain et pour toujours. Donc, nous espérons que par cette œuvre-là, nous allons contribuer modestement, de notre manière aussi, à construire cet Etat de droit. Donc, il ne faut pas voir les individus que nous défendons, ce n’est pas cela qui compte, c’est le principe. Si demain, il m’arrive une situation pareille, j’espère qu’il y aura des gens pour me défendre. Si demain, il arrive une situation pareille, même à ceux qui prennent ces décisions (ce que nous ne souhaitons pas du tout), nous serons là pour les défendre, si nous estimons que leurs droits sont violés ».
Son développement est d’autant significatif que nombre de ceux qui sont montés sur leurs grands chevaux par rapport à cette décision de justice, qu’ils ont même appelé le pouvoir à ne pas respecter, ne comprennent pas comment un collectif d’avocats dans lequel on compte Me Farama Prosper et Guy Hervé Kam, peut défendre un citoyen comme Issiaka Lingani, auquel ils étaient "diamétralement opposés", il n’y a pas longtemps. On se souvient qu’au sortir de la transition de 2014-2015, Me Guy Hervé Kam a attrait Issiaka Lingani devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou pour diffamation.
Ce dernier a été condamné. Mais cela n’a pas empêché que, quelques sept ans après, l’avocat prenne la défense de son ‘’diffamateur’’ et ‘’opposant’’ d’hier, pour défendre les valeurs communes à tous les citoyens. Des exemples similaires de renversement de situations foisonnent. Et cela devra faire réfléchir et ramener chacun à l’humilité. Quelle que soit la portion du pouvoir qu’il détient. Comme on le dit : « Douni yaa sougri » (pour ramener, dans un sens plus large, à l’humilité).
Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 24 janvier à 21:10, par leconSULTANT En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
Une partie du Burkina a choisi son camp et l’imposé au Peuple.
il y a des pays ou un citoyen a un droit et des pays ou le pouvoir a le droit absolu.
Il n’y a pas de bon ni de mauvais. l’histoire nous dira !!!
Répondre à ce message
2. Le 25 janvier à 03:30, par Alpha2025 En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
J’ai souvent relevé le fait qu’il n’a jamais été fait un bilan froid et depassionné de la période SANKARA, qui a depuis fait Héros de la Nation. Sous SANKARA, nous étions dans une logique similaire : Celui qui n’est pas avec nous est contre nous ! Nous savons tous ou cela a conduit le pays. Aussi longue est la nuit, le jour finit par se lever ! Nous attendrons patiemment l’issue de cette aventure, vu qu’il est inutile, voire contre-productif d’élever la moindre voix dissonante. Ce n’est pas la peur loin s’en faut. C’est le réalisme. Il n’est pas utile de grossir le nombre des "enlevés". Quand ces gens arriverons au terme de leur logique, ils comprendront sûrement. Ce qui se passe est la preuve même que le coup d’état est la pire forme d’accession au pouvoir, et que la démocratie, en dépit de toutes ses insuffisances, est la moins mauvaise des formes de gouvernement. Et que contrairement à une idée que l’on nous serine à tout bout de champ, il n’y a pas de démocratie à l’africaine, de démocratie tropicalisée, et démocratie à l’occidentale. Il y a la DÉMOCRATIE. Bien entendu elle est une quête permanente, elle n’est jamais définitivement acquise. Quand on constate que les États Unis pourraient voir le retour au pouvoir de Donald TRUMP qui est tout sauf un démocrate, on comprend que la quête de la démocratie est un combat de tous les jours, et qu’il n’y a pas de trêve possible. Quand nos gens comprendront que ce qu’ils font peut se retourner contre eux, peut-être changeront-ils. En attendant on ne peut que prier pour le maintien de l’intégrité physique de OUEDRAOGO Ablassé, Sansan Anselme KAMBOU, Evrard SOMDA, et tous les autres. Que Dieu aide le BURKINA !
Répondre à ce message
Le 25 janvier à 10:55, par Lui En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
@Alpha2025 :
On a dejà fait ce bilan froid et depassionné et c’est le resultat de ce bilan (actions positives -actions negatives) qui fait que Sankara est Héros de la nation. Si tu veux tu peux à ton tour faire seul ton bilan froid et depassionné et dire ce que tu veux.
Personne n’ a dit que sous Sankara toutes les actions étaient positives, c’est le bilan qui est largement positif.
Par exemple la France que tu prend comme exemple, sous la revolution francaisse il ya eue beaucoup d’atrocités et de victimes mais les francais continuent de celebrer la revolution francaise chaque année. Sous le General Degaulle qui est un Héro de la nation francaise, il ya eue de nombreux francais qui on été accusés de collabo (collaborateurs des Nazis) et qui ont été executés, mais aucun francais ne remet en cause le statut de Héros de la nation de Degaullle. Ou bien tu te crois plus intelligents que tous les francais ?
Répondre à ce message
Le 25 janvier à 11:08, par Demo En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
Tu as tout dit juste mon frere... Dieu exausse nos prieres.A bon entendeur, Salut.
Répondre à ce message
Le 25 janvier à 13:55, par Simple En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
Vivement ce bilan de la révolution pour servir pour la postérité et éviter ainsi les répétitions inutiles qui coûtent parfois chères à l’Etat. Qui a pensé aux enfants qui ont définitivement abandonné les bancs du fait du licenciement de leurs parents enseignants ? Et ceux qui en sont morts ou devenus fous ? Et la baisse du niveau de l’enseignement ? Cela n’est que la partie visible de l’iceberg
Merci à vous Alpha2025 pour cette belle analyse.
Répondre à ce message
3. Le 25 janvier à 09:01, par Raogo En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
Voila pourquoi nos magistrats et personnels de la justice se doivent d’être fermes et de ne pas violer eux mêmes les règles et principes de droit pour plaire au Prince et potentat du moment.
Répondre à ce message
4. Le 25 janvier à 09:04, par Raogo En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
Sous nos tropiques !!! Et c’est pas la faute de la France !!!
"Qui a la force !!!! A le droit."
Répondre à ce message
5. Le 25 janvier à 10:05, par La verite En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
Bonjour,
Belle analyse. Quelque soit ta position et ton pouvoir, il faut être juste et humble car l’humilité précède la gloire et l’orgueil précède la chute dit la Bible.
Répondre à ce message
6. Le 25 janvier à 10:36, par Enfant de Boussé En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
On a demandé aux militaires français de partir parce qu’on voulait notre souveraineté.
la formation des militaires burkinabè,
la sécurité du président,
le soutien des patrouilles.
Pourtant, il y a 300 militaires russes qui s’apprêtent à débarquer (source : Grey Zone, Telegram) :
La gouvernance au Burkina manque de vision, de constance. Seul, l’intérêt du moment prime.
Répondre à ce message
7. Le 25 janvier à 11:05, par parfaitbf En réponse à : Burkina/Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
Il faut qu’on cherche à savoir si la loi au Burkina autorise l’Etat a procédé de la sorte pour interpeller ses citoyens. Moi personnellement, je ne le sais pas. Cependant je sais que sous la présidence de Roch, on voyait des forces armées cagoulées pour mener certaines opérations (attaque terro de Ragnongo).
Donc s’il n’existe pas de disposition légale, les citoyens peuvent se constituer pour attaquer la pratique devant les tribunaux. Mais si la disposition existe, le débat est clos.
Enfin on voit souvent en France des policiers cagoulés pour mener certaines opérations anti-terro* ou même pendant de simples manifestations (manifestations des gilets jaunes).
Répondre à ce message
8. Le 25 janvier à 13:11, par Sacksida En réponse à : Burkina / Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
De plus, Ibrahim Traore et son regime MPSR 2 doit savoir que dans l’histoire politique de l’Afrique et du Monde, des Dictatures Neocoloniales et autres ont ete Destituees pour liberer des Peuples Consernes. Ensuite, Tout Pouvoir Politique et Patriotique consequent doit servir des Interets Fondamentaux des Peuples et non pas des Individus ; mais l’on ne peut comprendre que lorsqu’on l’aura perdu. Car personne ne detient le titre foncier du Burkina Faso et nullement personne n’est nee pour commander les autres et donc l’on est la par accidents de l’histoire politique et l’on doit pas se croire plus fort, plus Intelligent ou plus ruse que les autres. Il faut eviter d’etre un Fou du Pouvoir car cela vous entraine a devenir Dictateur, Sanguinaire et parfois a la recherche effrenee des moyens Financiers et monetaire pour servir votre cause personnelle et de la posture : "Je suis pas interesse par le Pouvoir Politique, mais c’est le Peuple qui me retient pour que je finisse les Chantiers Publics que j’ai commences". Erreur Monumentale car nul n’est Indispensable car les Cimetieres sont bourrer des Gens Indispensables, c’est cela la Verite Incontournable. Alors il faut etre Juste et Humble dans sa Mission Principale de Securisation du Territoire National Burkinabe et que les Millions de Deplaces Internes retrouvent leurs Localites D’origines et reinstaurer la Democratie Populaire aux services Exclusifs des Citoyens ou du Peuple Burkinabe, toute autre chose ne conduira qu’a la Dictature Neocoloniale et dont la Fin devient Logique et Implacable. C’est le Sens de l’histoire. Salut
Répondre à ce message
Le 25 janvier à 20:57, par Koussoubé En réponse à : Burkina / Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
Mr Ouedraogo je m incline devant la qualité de vos conseils et votre courage. Oui du courage il en faut pour dire de nos jours cette vérité de la palissade.
Vous auriez pu être un simple Laudateurs et vous seriez nommé. Et cela me fait penser à un " communicateur sur bf1 qui a été promu.
J ai toujours dit que je préfère un ami qui me dit la vérité que je ne veux pas entendre qu un ami toujours intéressé. Toute personne doit en principe souffrir des actes d injustice sur tout citoyen qui qu il soit. Malheureusement au nom du ventre et du fric certains dans toute leur vie n ont jamais connus cette valeur. A qui la faute.
De même que celui qui n a pas de voiture ne construit pas de garage celui qui n a jamais connu l huamanisme ne saurait accepter les droits de l’homme.
Répondre à ce message
9. Le 26 janvier à 13:34, par Raogo En réponse à : Burkina / Gouvernance : Toute justice doit être défendue, l’injustice combattue ; d’où qu’elles viennent !
Messieurs !!!!!!!!!!!!!!!
@Koussoubé
@Mr Ouedraogo
Grandement plaisir et raffinement a vous lire ! Citoyens
Répondre à ce message