LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Burkina / Jubilé d’eau des Sœurs de l’immaculée conception de Ouagadougou : « Nous travaillons pour le développement intégral de l’homme et l’épanouissement de la jeune fille et de la femme »

Publié le mercredi 24 janvier 2024 à 22h45min

PARTAGER :                          
Burkina / Jubilé d’eau des Sœurs de l’immaculée conception de Ouagadougou : « Nous travaillons pour le développement intégral de l’homme et l’épanouissement de la jeune fille et de la femme »

La congrégation des Sœurs de l’immaculé conception de Ouagadougou (SICO) organise à l’occasion de son jubilé d’eau plusieurs activités à savoir une préparation spirituelle, des activités sociales et festives. Pour mieux connaître la congrégation et s’informer des activités en cours Lefaso.net a reçu dans son studio les sœurs Félicité Ouili et Adeline Ouédraogo pour plus de détails. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Pouvez-vous nous présenter votre congrégation ?

Sœur Félicité Ouili : La congrégation des Sœurs de l’immaculée conception de Ouagadougou (SICO) est une congrégation autochtone fondée le 11 février 1924 à Ouagadougou par Monseigneur Joanny Thévenoud fondateur de l’église du Burkina Faso. Membre de la société des Missionnaires d’Afrique, il fut un homme ingénieux, dynamique, d’une grande foi en Dieu, d’un grand amour pour Dieu, pour la mission et d’une vive compassion pour les personnes vulnérables. Dans la fondation de notre congrégation, nous notons la contribution remarquable de sœur Delphine Aubazac, sœur missionnaire de Notre dame d’Afrique, et sœur Marie Jeanne Sawadogo, la première Sœur de l’immaculée conception de Ouagadougou. Après les premières professions, de 1930 à 1955, la congrégation était dirigée par les sœurs missionnaires de Notre dame d’Afrique. Le 15 Juillet 1955, elle acquiert son autonomie avec l’élection de la première supérieure générale africaine, mère Angèle Nikièma, entre 1955-1967. De droit pontifical depuis le 11 février 1993, elle compte de nos jours 468 membres vivants. L’institut est divisé en trois régions subdivisées en vingt secteurs et 88 communautés.

L’institut, qui est apostolique et missionnaire, œuvre dans sept pays d’Afrique à savoir l’Algérie, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Togo et dans deux pays d’Europe à savoir la France et l’Italie. Nous avons 13 novices en stage, 12 novices en 2e année, 21 novices en 1ère année, 25 postulantes, 24 prépostulantes et 196 aspirantes internes. Notre institut a vu le jour dans des conditions difficiles, à l’époque où la tradition ne donnait pas de liberté à la jeune fille, il était inconcevable qu’une jeune fille puisse décider elle-même de l’orientation de sa vie, d’embrasser la foi chrétienne, encore moins la vie consacrée. Monseigneur Joanny Thévenoud a vu la souffrance de la femme et fut inspiré d’envoyer la femme pour sauver la femme, dans l’esprit de solidarité mais aussi par une vie enracinée dans l’évangile ou mieux, une vie modelée sur celle du Fils de Marie. Il a vu que nous pouvons être des apôtres auprès de la femme marginalisée et, petit à petit, être apôtres pour tous.

Les premières SICO viennent du Burkina Faso, et plus précisément des filles qui travaillaient dans l’ouvroir fondé par Monseigneur Joanny Thévenoud. Il recrutait les filles pour le tissage de la haute laine et aussi pour les aider à avoir un avenir meilleur. Il les libérait ainsi du poids du mariage forcé et celles qui le désiraient, embrassaient la foi chrétienne. Marie-Jeanne Sawadogo était la première à confier à la sœur Delphine Aubazac son désir de se donner totalement au Seigneur. Elle est originaire de Goupana, un village situé dans la paroisse de Pabré, et elle était une ouvrière comme les autres. Sa démarche a été fructueuse, car le 8 décembre 1928, ce fut au total huit postulantes qui entrèrent au noviciat à Ouagadougou. Deux ans plus tard, le 8 décembre 1930, sept d’entre elles prononcèrent leurs premiers vœux de pauvreté, de chasteté, d’obéissance comme sœur Marie-Jeanne, sœur Albertine, sœur Joséphine, sœur Angélique, sœur Maria, sœur Madeleine, sœur Anne-Marie.

Sœur Adeline Ouédraogo

Quels sont les domaines d’interventions des Sœurs de l’immaculée conception de Ouagadougou ?

Sœur Félicité Ouili : Pour ce qui est de notre apostolat, il est important de souligner le fait que « Missionnaires et apostoliques par vocation, quel que soit le travail confié, nous suivons Jésus » (Const N°93). Selon notre charisme, nous sommes des sœurs compatissantes, missionnaires, disponibles pour toute forme d’apostolat jugée nécessaire par les responsables de l’église et de la congrégation en vue de la croissance du Corps mystique du Christ. » Nous collaborons avec les prêtres dans les activités pastorales. Et par le témoignage de notre vie de prière, de charité et de joie nous travaillons au salut des âmes.

À l’instar de notre fondateur, nous sommes animées par ce feu d’amour pour Dieu, pour la mission et pour les personnes vulnérables, les pauvres. Les domaines dans lesquels on nous retrouve sont l’apostolat direct dans les paroisses, l’éducation, le service des malades et des pauvres. On nous retrouve dans d’autres domaines d’ordre technique aussi : ingénieures, garagistes, gestionnaires. La congrégation a été fondée pour collaborer avec les prêtres à l’évangélisation du pays. Elle travaille également pour le développement intégral de l’homme surtout pour l’épanouissement de la jeune fille et de la femme. Essentiellement apostolique, elle collabore à l’évangélisation sous toutes ses formes.

Sœur Félicité Ouili

Il y a la catéchèse des jeunes et adultes, les mouvements d’action catholique de l’enfance, des jeunes et des adultes hommes et femmes, l’encadrement des veuves. Il y a aussi la formation spirituelle, morale et humaine des jeunes filles dans les foyers qui accueillent celles qui fuient le mariage coutumier forcé. On peut citer la formation des filles et des femmes dans les centres sociaux et P.M.I (Protection maternelle et infantile), l’enseignement préscolaire, primaire, post-primaire, secondaire et technique.

Enfin, les soins des malades dans les dispensaires, les centres médicaux et les hôpitaux. Monseigneur Thévenoud avait souhaité que les volets de l’enseignement et de la santé fassent partie intégrante de notre mission d’évangélisation. Et dès les débuts de la fondation, les trois volets existaient (catéchèse, enseignement, santé). Il y avait des sœurs dans les paroisses et aussi des sœurs formées pour être infirmières, enseignantes. Par exemple, nos sœurs de vénérée mémoire, sœur Marguerite Marie Ouedouda de saint Jean Baptiste et sœur Thérèse Bernadette Baga de Manga, font partie des premières filles autochtones enseignantes.

De même que sœur Bibiane Kando de Réo et sœur Thérèsina Ouédraogo de Ouahigouya ont été formées pour les soins ophtalmologiques avec des interventions chirurgicales par le père Louis Goarnisson. De nos jours, les sœurs sont formées dans plusieurs domaines correspondants aux besoins de notre temps et nous restons fidèles à la ligne tracée par notre fondateur qui nous a invitées à cette ouverture. Le monde évolue et nous avons à évoluer aussi pour répondre aux attentes de nos frères et sœurs de notre temps pour la gloire de Dieu. Il faut souligner que dès les débuts, nos sœurs ont été formées par les missionnaires d’Afrique, les sœurs missionnaires de Notre dame d’Afrique à tout faire, à développer des activités polyvalentes pour le bien des personnes. Aujourd’hui, c’est une continuité.

Pouvez-vous revenir sur le cursus de la formation ?

Sœur Adeline Ouédraogo : Les étapes de la formation dans notre institut sont, entre autres, l’aspirât qui veut que la jeune fille qui désire être religieuse se forme intellectuellement tout en se formant aux vertus chrétiennes. Actuellement, le niveau minimal demandé est le baccalauréat. Nous recevons aussi les candidates qui ont un niveau qui leur permet de suivre la formation. Cette étape se fait dans notre maison de formation à Tampouy ou simplement dans les lycées et collèges et la jeune fille, dans ce cas, bénéficie d’un accompagnement auprès des sœurs. Il y a ensuite le prépostulat qui veut que pendant un an, la jeune fille après son instruction intellectuelle, s’engage à mûrir sa foi chrétienne et sa vocation religieuse. Cela se passe à Guilongou. Puis le postulat qui veut que la jeune fille apprenne à mieux se connaître, à grandir dans la foi en Jésus à travers les différents cours reçus et à mieux connaître la famille religieuse dans laquelle elle veut s’engager. Le postulat dure une année à Pabré.

Le noviciat est le temps de la formation spirituelle et religieuse. La novice s’exerce à une vie de prière profonde, à mener une vie communautaire emprunte de vraie charité. Elle s’exerce aux diverses activités inhérentes à la vie pastorale et missionnaire qui est celle de l’institut. Cette étape dure deux ans à Pabré et se termine avec huit mois de stage pratique dans un lieu déterminé par les responsables.

Si la candidate est admise pour la profession religieuse, elle prononcera ses premiers vœux au cours d’une célébration eucharistique le 15 juillet et après un certain nombre d’années, elle peut demander à prononcer ses vœux perpétuels. La date retenue pour les vœux perpétuels est le 16 juillet.

Notre fondateur avait une profonde dévotion envers Marie Immaculée, Notre-Dame de Lourdes. Et certaines dates retenues pour les événements importants de la congrégation sont en lien avec ce qui s’est passé dans cette ville. Par exemple, si le 11 février 1924 a été choisi pour l’ouverture du postulat des sœurs de l’Immaculée conception à Ouagadougou, on devine que ce n’est pas le fait du hasard, puisque le 11 février 1858 fut le jour de la première apparition de Marie à Bernadette à Lourdes.

Dans le même esprit, la date du 16 Juillet 1945, jour des quatre premières professions perpétuelles de nos Sœurs à Ouagadougou, est en rapport avec celle du 16 juillet 1858, jour de la dernière apparition de Marie à sainte Bernadette.

Étant des Sœurs de l’immaculée conception, nous avons vraiment un lien fort avec l’expérience de Lourdes et cette date est très significative pour nous. Nous sommes des messagères de la bonne nouvelle avec Marie notre modèle, patronne et protectrice. Fondée le 11 février 1924, notre congrégation célèbre cette année ses 100 ans de fondation. Nous avons commencé à préparer cet évènement depuis 2017, soit sept ans de préparation.

Parlez-nous de la célébration du jubilé d’eau…

Sœur Adeline Ouédraogo : En réponse à l’appel de Yahvé à Israël de faire tous les cinquante ans, une année jubilaire, l’Institut des sœurs de l’immaculée conception de Ouagadougou célèbrera son jubilé d’eau (100 ans). Ce jubilé se veut être, non seulement un temps de retour aux racines et d’action de grâce au Seigneur, mais aussi, un tremplin pour la congrégation et pour tout le peuple de Dieu. Placé sous le thème « Sœurs de l’immaculée conception, avec Marie, rendons grâce à Dieu pour 100 ans d’existence et avançons au large », ce centenaire sera ponctué par une célébration d’action de grâce à Dieu et de multiples activités au profit des religieuses et du peuple de Dieu dans son ensemble. Les activités toucheront tous ceux qui bénéficient des services des sœurs ou collaborent avec elles à l’avènement du règne de Dieu.

Les Sœurs de l’immaculée conception de Ouagadougou, dans leur marche vers le centenaire et dans la célébration de ce jubilé, nourrissent l’ambition d’un renouveau pour leur institut, qu’elles comptent opérer avec la grâce de Dieu. Ce changement s’entend dans la vision qu’elles ont pour l’institut. Elle est énoncée comme suit : « A l’horizon 2024, l’institut des SICO est une congrégation dont les sœurs sont enracinées en Jésus Christ, épanouies et consacrées entièrement à leur mission ». L’objectif global du jubilé est de « contribuer à l’enracinement des sœurs de l’immaculée conception de Ouagadougou en Jésus-Christ pour plus d’engagement et de témoignage authentique ouvert aux nouvelles formes d’évangélisation ».

Quelles sont les activités phares de ce jubilé ?

Sœur Adeline Ouédraogo : Notre objectif dans notre préparation spirituelle à notre jubilé d’eau est que chaque SIC soit vraiment enracinée en Jésus Christ pour une mission plus efficace afin que chacun de vous reçoive en abondance les bénédictions du Seigneur. Nous avons un projet de construction de la maison de retraite de nos sœurs aînées à Kossoghin afin de leur permettre de mieux vivre pour continuer de prier pour les familles, pour notre pays, pour l’église et le monde, qui est le projet phare du jubilé. La première phase est terminée et nos grand-mères y sont déjà, nous rendons grâce au Seigneur. La deuxième phase est entamée. Nous comptons toujours sur la providence et aussi sur votre soutien. Il y a aussi l’accueil et la visite aux personnes déplacées internes.

Plusieurs déplacés internes sont pris en charge au niveau de toute la congrégation et dans nos communautés. Nous avons même entrepris la construction d’un centre d’accueil, d’écoute et d’accompagnement des personnes vulnérables et traumatisées. Nous prévoyons même de célébrer le jubilé avec ces personnes déplacées internes le 3 février 2024. Nous avons été voir aussi les personnes accusées de sorcellerie dans leur centre à Sakoula où l’une de nos sœurs travaille. Nous vous précisons ici les dates, les lieux et les heures des activités marquant la célébration de notre jubilé pour une participation effective et affective. Merci à tous et à toutes.

Le 3 février il est prévu un jubilé dans les régions et un jubilé avec les personnes déplacées internes. Le 6 février il est prévu une projection d’un film documentaire sur la congrégation au ciné Neerwaya à 18h 00. Le 7 février, un grand concert à 19h devant la cathédrale. Du 7 au 10 février, une foire spéciale du centenaire devant la cathédrale. Le 8 février, il est prévu une cérémonie de décoration à 9h à la cathédrale, suivie d’une soirée de louanges et de prières pour les malades toujours à la cathédrale à 18h.

Le 9 février il est prévu une procession aux flambeaux et une célébration mariale à 18h30 à la cathédrale. Le 10 février, une grande messe solennelle à 9h à la cathédrale de Ouagadougou suivie d’un partage fraternel. Vous êtes toutes et tous invités à prier avec nous et pour nous afin que le seigneur accorde la paix à notre sous-région, à notre cher pays le Burkina Faso pour que toutes ces célébrations puissent être vécues dans la sécurité, la joie et la sérénité. Vous êtes toutes et tous attendus à cette fête de famille car nous sommes vos filles. Je profite pour rappeler qu’il y a un joli pagne-souvenir au prix unitaire de 2 000 FCFA, un pagne traditionnel, des gadgets à votre disposition. Ils sont disponibles dans les communautés des Sœurs de l’immaculée conception de Ouagadougou.

Nous vous remercions de tout cœur pour cette couverture médiatique qui est une occasion pour nous de nous faire connaître davantage. Que Dieu vous bénisse et vous comble des grâces dont vous avez besoin. Un grand et sincère merci à toutes les personnes qui nous soutiennent de diverses manières, surtout dans notre marche vers notre centenaire. Nous savons compter sur vos ferventes prières pour continuer notre mission auprès des personnes pour leur témoigner de l’amour et de la miséricorde de Dieu. Nous demandons à Dieu d’accueillir notre action de grâce pour nos cent ans de fondation et d’accorder la paix à notre cher pays le Burkina Faso. Vous êtes tous invités pour les différentes célébrations de notre centenaire. Merci beaucoup. Dieu vous bénisse !

Interview réalisée par Carine Daramkoum
Crédit photo : Bonaventure Paré
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique