Après le ministère public, les conseils de la défense, c’est au tour des juges du tribunal de procéder à l’interrogatoire des experts (Ilboudo et Gomina).

"Est-ce que vous pensez avoir accompli votre mission, entament les juges ?"
"Autant que possible. Nous nous sommes conformés à notre cahier de charge".

"Vous avez fait une visite terrain avec Essakane. Comment Essakane fait son échantillonnage ?"

"Avec un tube fabriqué pour ce type de travail. Il s’agit d’un tube cylindrique. Qui permet, de façon verticale, de prélever un échantillon d’une matière"

"Est-ce que cette méthode permet d’avoir un échantillon homogène ?"
"Non".

"Je pense avoir attendu dans votre méthode que les échantillons que vous avez prélevés étaient homogènes ?
"Oui".

"Est-ce que pour certains éléments qui ne passaient pas parce-que le tamis ne le permettait vous ne pouviez pas les mettre de côté ?

"Dans le processus, pour prendre un échantillon, les corps qui ne pouvaient pas l’être nous les avons mis à part de même que ceux qui ne pouvaient pas être écrasés".

"Quel est en termes de démarches, la différence entre le procédé d’échantillonnage de M. Yonli et celui de Essakane ?"

"À la vue de l’image, nous vous l’avons dit, nous n’avions pas connaissance de ce type de matériel".

"Mais est-ce que cet outil peut conduire au même résultat ?"
"Non".

"Et la pulpe, peut-on le considérer comme un dérivé du traitement du charbon fin ?"
"Nous disons que oui dans la mesure où le mot pulpe est générique et évolutif tout au long du processus". Dans la foulée, l’expert Ilboudo renchérit pour dire que la pulpe n’a rien à avoir avec le processus de traitement du charbon fin."

Le juge principal réplique suite à la réponse de l’expert Gomina : " M. Gomina, nous ne sommes pas dans un cadre académique. Faites l’effort de répondre clairement parce que nous sommes dans un cadre spécifique", lance-t-il et de poursuivre :

"Quand on dit qu’un élève est brillant. Qu’est-ce que cela veut dire ?"
"Cela veut dire qu’il répond promptement et de façon différente à un concept, à une situation".

Avant de poursuivre, le juge fait une observation. "Lorsque vous allez faire une expertise, c’est en fonction d’une norme. Aujourd’hui, c’est le système de Essakane qui est interrogé".

De la teneur en or de la pulpe

"Normalement quelle devait être la teneur de la pulpe ?"

"Avant le traitement 1g/t. Après le traitement 0,1g/t".

"Quand vous avez ouvert la cargaison vous avez dit que vous avez trouvé des sacs qui étaient en état de détérioration. Dites-nous en plus".

"On a constaté en effet qu’avec l’humidité des sacs étaient en état de détérioration. Et quand on les a ouverts, il y avait des gluants, notamment du floculant".

"Est-ce qu’il est habituel de voir du charbon fin dans cet état ?"
"Non"

"Est-ce que la cargaison que vous avez trouvé à Essakane est conforme à la description du charbon fin ?
"Non"

"Est-ce qu’au regard du tamis utilisé (850 au lieu de 650 microns) on peut aboutir au même résultat ?"

"Il s’agit d’une approximation. Il est clair qu’on ne peut pas aboutir au même résultat".

"Pourquoi avoir alors insisté sur un autre tamis que celui utilisé par Essakane ?"
"C’est dû à la nature de la matière composite que nous avons trouvée".

"Pourquoi n’avoir pas mis en place les mêmes conditions de traitement qu’Essakane ?"

"Parce que ce n’était pas nécessaire. On nous a demandé de donner la nature géologique des matières et non d’extraire de l’or".

"Quel est le taux de récupération que vous avez utilisé dans votre expertise ?" "Nous avons retenu un taux de récupération de 80%. Encore une fois, ce n’est pas un taux que nous avons pris par un coup de tête".

"M. Gomina, on vous a confié un tâche scientifique. Elle doit suivre une démarche scientifique. Essakane vous a dit qu’il utilisait un taux de récupération de 80%, est-ce que vous avez vérifié cela ? Parce que Essakane est une entreprise commerciale, elle n’est pas là pour faire de la philanthropie.

"Les 80% étaient une estimation. Je reconnais qu’on a manqué de vigilance. On aurait dû faire notre analyse".

À l’issue de l’interrogatoire des juges du tribunal, l’audience a été suspendue pour trancher sur une requête du parquet qui souhaite faire intervenir ses experts. Elle reprendra dans une heure, c’est-à-dire, à 12h.

Obissa Juste Mien
Lefaso.net