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Burkina / Justice : 24 mois de prison dont douze fermes pour un VDP, poursuivi pour diffamation et mise en danger de la vie d’autrui

Publié le mercredi 11 octobre 2023 à 21h55min

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Burkina / Justice : 24 mois de prison dont douze fermes pour un VDP, poursuivi pour diffamation et mise en danger de la vie d’autrui

Au titre des dossiers retenus pour être jugés le mardi 10 octobre 1023 au Tribunal de grande instance Ouaga 1, figurait celui d’un agent de santé à la retraite, par ailleurs recruté comme Volontaire pour la défense de la patrie (VDP).

Le prévenu, poursuivi pour diffamation et incitation à la commission d’un délit a, au travers d’un post Facebook, affirmé qu’un village de la région de l’Est, Sakoani plus précisément, est habité par des terroristes et que la localité devrait être « rayée de la carte du Burkina ». Des faits jugés graves par le tribunal qui l’a condamné à une peine d’emprisonnement de 24 mois dont douze fermes et à une amende de 1 million de FCFA assorti de sursis.

« Burkina/Région de l’Est : Sakoani doit être rayé de la carte du Burkina. Même les arbres sont devenus des terroristes là-bas ». Voilà exactement le message publié sur Facebook par le prévenu, qui comparaît à la barre du tribunal ce mardi 10 octobre 2023. Des faits qu’il dit reconnaître entièrement, soulignant au passage que son intention n’a jamais été de heurter la sensibilité des populations, encore moins de considérer chacun des habitants de cette localité, pris individuellement, comme étant un ennemi de la nation.

« Ce message est bel et bien le mien. Mais en vérité, je voulais le porter aux terroristes. Malheureusement, je n’ai pas été bien compris. Dans le fond, je voulais dire que les terroristes étaient dans la région et qu’ils terrorisaient les villages. Je voulais qu’ils arrêtent. C’était pour les dissuader. Peut-être que je me suis mal exprimé », a-t-il expliqué.

Pour le président du Tribunal, l’explication fournie par le comparant s’inscrit en faux avec le texte qu’il a publié. Par ailleurs, soutient-il, ce message n’est en aucun cas adressé aux terroristes qui se trouvent dans cette région. Pour lui, il est ni plus ni moins destiné au public. « Vous ne pouvez pas dire que vous vous êtes adressé aux terroristes uniquement. Ce message est pour tout le monde. Quand on publie un message sur Facebook, c’est à tout le monde qu’on parle. Tout le monde lit là-bas. Et même quand vous dites que la région est infestée. Est-ce la seule cette région qui est infestée dans tout le Burkina ? Qu’avez-vous contre la région de l’Est ? Ce sont des propos extrêmement graves », considère-t-il.

S’inscrivant dans la même veine que le tribunal, le ministère public relèvera lui aussi la gravité inouïe des propos du prévenu qui, d’ailleurs, n’a jamais mis pied dans la localité dont il est question. « Vous, vous êtes de Dédougou. Vous n’êtes pas de Sakoani. Vous n’avez jamais été là-bas. Vous ne connaissez même pas là-bas. Mais pourquoi vous tenez des propos de ce genre ? Avec ce que nous vivons comme situation, ce que vous dites est très grave ! Un intellectuel ne peut pas tenir de tels propos. Si les habitants autour de ce village avaient donné suite à votre message, ils pouvaient effectivement le rayer de la carte comme vous l’avez exhorté à travers votre message », regrettera-t-il, avant de requérir à l’encontre de ce dernier, une peine d’emprisonnement de 24 mois fermes, ainsi qu’une amende de 1 million de FCFA assorti de sursis.

Dans ses derniers mots, le VDP a, à la suite de son conseil, imploré la clémence du tribunal en ces termes : « je demande pardon. Sincèrement, je demande pardon. J’ai peut-être été mal compris, mais je reconnais que ce que j’ai écrit n’est pas bon. Je demande pardon au tribunal. Je demande pardon à tous ceux que ce message a pu vexer. Je ne vais plus recommencer », a-t-il promis.

Après une pause d’une heure, le tribunal a tout d’abord requalifié les faits d’incitation à la commission d’un délit en mise en danger de la vie d’autrui. Puis, se prononçant sur la peine, il a condamné le prévenu à 24 mois d’emprisonnement dont douze fermes ; une amende de 1 millions de FCFA assortie de sursis, et aux dépens.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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