Mariages précoces des jeunes filles : Le Burkina Faso dans le top 10
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A la veille de la célébration de la journée internationale de la jeune fille, Save the Children a organisé une conférence de presse internationale. C’était ce mardi 10 octobre 2023 à Ouagadougou. Cette conférence vise à faire le point de la situation mondiale des jeunes filles en 2023. Mais aussi à attirer l’attention des décideurs sur la nécessité de prendre des décisions urgentes pour le respect des droits de la jeune fille.
La conférence est placée sous le thème « Intersections des droits des filles et de la crise climatique : Focus sur le mariage des enfants ». La rencontre était avec des journalistes burkinabè et des enfants leaders du Burkina, du Mali, du Nigeria et du Sénégal. Les enfants leaders des autres pays ont suivi la rencontre par visioconférence.
Les enfants leaders sont des jeunes filles qui luttent dans leurs pays respectifs contre le mariage précoce et la promotion des droits de la jeune fille.
« Actuellement, on estime que 29,9 millions d’adolescentes vivent dans les 10 principaux pays à haut risque climatique, des endroits qui présentent les risques les plus élevés qu’une fille soit mariée alors qu’elle est encore enfant et qu’elle subisse des catastrophes climatiques qui changent le cours de sa vie. Ce chiffre devrait passer à 39,9 millions d’ici à 2050 », a indiqué la conseillère technique genre de Save the Children, Sylvie Zoundi.
Selon la conseillère technique genre de Save the Children, le Burkina Faso fait partie des dix premiers pays où les jeunes filles subissent le mariage précoce.
« Au niveau du Burkina Faso, les statistiques restent les mêmes depuis près de dix ans. Les chiffres officiels nous donnent 52% des filles qui se marient avant l’âge de 18 ans. Tous les pays, y compris le Burkina Faso, ont ratifié la convention internationale pour les droits de l’enfant pour dire que l’enfant c’est cette personne qui est âgé de moins de 18 ans », a informé la responsable plaidoyer campagne Save the Children Afrique de l’Ouest et centrale, Valérie Sorgho.
Pour elle, les conséquences des mariages précoces sont néfastes pour les jeunes filles. Car dit-elle, « parce qu’elles doivent quitter l’école pour s’occuper de leur famille. En termes de santé, elles doivent faire des enfants très tôt avec des risques de complications obstétricales. Psychologiquement, elles ne sont pas prêtes à s’occuper d’une famille alors qu’on leur demande de se surpasser ».
Selon madame Sorgho, les changements climatiques favorisent le mariage précoce des jeunes filles. Par conséquent, elle appelle les gouvernements des dix pays les plus touchés par le mariage précoce des jeunes filles, dont le Burkina Faso, à mettre en place et en œuvre des plans nationaux avec des budgets conséquents pour mettre fin au mariage des enfants.
« Dans notre rapport, nous avons découvert que seulement 2% des plans nationaux d’adaptation au changement climatique des pays prennent en compte les questions genres. Et seulement 4% des financements sont ouverts aux questions genres », a fait savoir la responsable plaidoyer campagne Save the Children Afrique de l’Ouest et centrale. Elle invite les autorités à prendre en compte les questions genres et les questions de la jeune fille dans tout ce qui est projet sur le changement climatique.
« Il faut que les stratégies nationales et les plans d’actions nationaux pour la fin des mariages des enfants soient mis en œuvre dans tous les pays touchés par le mariage des enfants. Parce que dans tous ces pays, il y a des plans d’actions nationaux et des stratégies nationales pour la fin des mariages des enfants qui malheureusement ne sont pas mis en œuvre », a-t-elle interpellé.
Edith Ouédraogo est une jeune fille qui, dès ses douze, ans a été donnée en mariage à un quinquagénaire. Elle vit encore aujourd’hui avec des traumatismes mais avec l’appui de bonnes volonté, la jeune fille a pu se relever et surtout continuer ses études. D’après elle, elle suit actuellement des cours de formation dans une école de santé. Et parallèlement, elle suit des cours à l’université. Avec le soutien de Save the Children, l’année dernière, Edith a écrit une chanson sur le mariage forcé avec l’une de ses amies, Clana, qui a également été victime du mariage forcé.
Rama Diallo
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