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Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

Publié le lundi 9 octobre 2023 à 22h10min

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Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

Le 4 octobre 2023, a eu lieu un conseil des ministres où le gouvernement a déclaré le capitaine Thomas Sankara héros de la nation et a adopté un projet de loi sur le Conseil supérieur de la communication que ne renierait pas celui qui a assassiné l’icône panafricaine, le capitaine Blaise Compaoré. Quelle est la modification principale contenue dans cette proposition de loi que querellent les médias ?

Cette proposition de loi vient comme un épilogue à une année de guerre contre les médias qu’une certaine opinion sur les réseaux sociaux appelant au meurtre de journalistes et le gouvernement ont livré en expulsant des journalistes et fermant des médias. C’est en ce sens que le recours à l’Assemblée législative de transition par les organisations professionnelles des médias et par le gouvernement a du sens. Il lui est demandé d’arbitrer un conflit entre le pouvoir et un contre-pouvoir pour une loi juste qui garantisse la liberté et le bien de tous.

Notre pays vit des moments douloureux où il est attaqué de partout par des groupes terroristes qui sèment la mort et la désolation. Notre armée courageuse se bat avec l’aide des Volontaires pour la défense de la patrie. La nation toute entière subit l’effort de paix par les contributions et les taxes diverses. Après un an de gestion du pouvoir, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration deuxième du nom est au bilan de son action et des leçons qu’il tire sur sa gestion. Ce projet de loi sur le Conseil supérieur de la communication est-il prioritaire dans notre contexte actuel de lutte contre le terrorisme ? L’Assemblée législative à qui les Organisations professionnelles des médias(OPM) ont fait appel ne devrait-t-elle pas agir pour mettre fin à cette guerre inutile entre le gouvernement et les médias qui épuisent la nation et ne renforcent pas nos actions de reconquête du territoire ?

Certaines personnes essaient de diviser le pays, de divertir le gouvernement en l’empêchant de se consacrer à l’essentiel qu’est la lutte contre le terrorisme pour le retour de la paix. Dans cette visée, la presse, les médias, les journalistes, les magistrats et les intellectuels sont attaqués, stigmatisés et présentés comme des apatrides. Le gouvernement du MPSR2 a eu à se substituer au CSC pour prendre des décisions contre les médias et ce projet de loi qui veut modifier la gouvernance de l’organe de régulation est une prise de contrôle de cet organe, par la nomination de son président par le chef de l’Etat.

Ainsi adoubé au-dessus de ses pairs qui ne l’ont pas choisi, il aurait lui aussi le privilège de choisir qui le secondera. C’est un casus belli que le gouvernement a engagé, bien que les professionnels des médias étaient présent dans la commission d’études et aient fait des objections à ces amendements, il n’en a pas été tenu compte et la proposition de loi va être présentée aux députés avec ces points contestés qui mettent en cause l’indépendance de l’institution et de ses décisions.

Un pas en avant, deux pas en arrière

L’Assemblée législative rendrait service au gouvernement en n’adoptant pas cette loi. Pourquoi ? Parce que l’erreur est humaine et le gouvernement s’est trompé et se trompe en s’attaquant aux libertés. La liberté de la presse est une liberté publique qui se fonde sur celle d’opinion et d’expression. Nous venons de loin où cette liberté a été confisquée sous les pouvoirs d’exception, particulièrement la période du capitaine Blaise Compaoré où régnait la terreur du « tu fais on te fait et il n’y a rien ».

Même avec le vernis démocratique le pouvoir Compaoré a « lâché ses chiens » de la garde de sécurité présidentielle qui ont tué et brûlé le journaliste Norbert Zongo sur la route de Sapouy le 13 décembre 1998, avec ses trois compagnons, parce qu’il enquêtait sur l’assassinat du chauffeur du frère du président, François Compaoré. Cette affaire est toujours pendante devant les tribunaux, le crime est impuni. Norbert Zongo a beaucoup apporté à ce pays par son sacrifice, que le peuple burkinabè a reconnu en luttant pendant de longues années pour la vérité et la justice. Ces marches meetings du Collectif des organisations démocratiques de masses et les partis politiques ont été les précurseurs, l’école de l’insurrection victorieuse de 2014 qui a chassé le dictateur Blaise Compaoré.

Lire aussi : Burkina : Les médias sont puissants mais ils ne peuvent pas tout, pas de panique !

Rien que pour ce crime horrible impuni, notre pays devrait se garder de faire ce recul en arrière sur le CSC. Norbert Zongo a longuement combattu le Conseil supérieur de l’information où le président était nommé par le président du Faso et l’organe n’avait aucune indépendance. C’est ce projet rétrograde que le gouvernement veut ramener. Pourquoi notre pays ne peut-il pas avancer sur des questions déjà résolues et doit revenir en arrière. Sommes-nous condamnés à faire un pas en avant et deux pas en arrière ? Reconnaître l’indépendance du CSC par rapport à la présidence, et laisser le droit aux conseillers d’élire leur président est une reconnaissance d’une autre autorité par le président, d’une limite à son pouvoir. Ce désir de tout contrôler, d’avoir tous les pouvoirs est d’une autre époque. La presse burkinabè est de plus en plus responsable, malgré le harcèlement continu au cours de cette année, elle a tenu sans aller à la légèreté et à l’irresponsabilité donnant des informations vérifiées, équilibrées, justes toujours dans l’intérêt du peuple burkinabè.

Informer n’est pas un acte séditieux

Concernant la liberté de la presse, le secrétaire général de l’ONU, A Gutteres dit : « La liberté de la presse est le fondement même de la démocratie et de la justice. Grâce à elle, nous disposons de tous les faits dont nous avons besoin pour façonner notre opinion et dire la vérité aux détenteurs du pouvoir. Mais aux quatre coins du monde, la liberté de la presse est attaquée ».

L’Assemblée législative de transition doit être consciente que la libre communication des pensées et des opinions est un droit du citoyen qui n’empêche pas le gouvernement de travailler. Et si le citoyen abuse de cette liberté, les tribunaux sont là pour juger et condamner. Avec le Conseil supérieur de la communication, un organe indépendant, les journalistes sont sereins, travaillent librement et la population a la garantie de ne pas avoir des informations manipulées, servant des intérêts particuliers. Ils peuvent enquêter sur les faits de corruption comme l’affaire de charbon fin en jugement devant les tribunaux. Mais sans la liberté de cet organe et la garantie d’un jugement des pairs, c’est la plume tremblante qu’ils écriront et la recherche de l’information sur de larges domaines de la vie sociale, économique et politique ne sera pas faite. Au cours de cette année, les journalistes ont passé leur temps à expliquer qu’informer sur ce qui ne va pas, n’est pas un acte séditieux. C’est attirer l’attention de l’autorité sur les points à améliorer, soigner pour le plus grand bien de la société. La presse et les médias sont des organes d’aide à la décision éclairée.

Le pouvoir du MPSR2 et son gouvernement ne voit en la presse qu’une menace, apparemment plus importante que les groupes terroristes. Ce qui n’est absolument pas le cas. L’Assemblée législative de transition devrait, en tant que pouvoir, arrêter cette dérive absolutiste en limitant le pouvoir du gouvernement par le rejet de cette loi.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 octobre 2023 à 13:07, par Bob En réponse à : Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

    Paix à l’âme de Norbert Zongo. il ne s’est jamais battu pour avoir ou protéger un quelconque avantage particulier. Même si la réforme du CSC sonne comme une réponse MALADROITE et INUTILE au corporatisme des journalistes qui défendent un DOGME de la liberté de presse et d’opinion, très virtuel, il faut savoir raison garder. L’ALT va t elle se saborder pour les beaux yeux des journalistes ? Une fronde de cette institution va créer un séisme qui va mettre à mal le consensus minimal actuel qui permet à la Transition d’avoir une certaine LÉGITIMITÉ. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Que les journalistes patientent et développent des initiatives moins MEURTRIÈRES pour se faire entendre. Eux parlent d’INCONFORT, nous pensons que la SURVIE de la nation demande quelques SACRIFICES à tous. Que la SAGESSE gagne tout le monde, journalistes comme autorités de la transition.

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  • Le 9 octobre 2023 à 15:59, par Ibrahim ZOUNGRANA En réponse à : Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

    Pour certains journalistes au BF, il qu’eux qui sont integres. En France, le président de l’ARCOM est nommé par le président de la République, une journaliste à été entendu par la police pendant plus de 39h, des médias ont été fermés mais on a entendu personnes dire qu’en France la liberté de presse était menace parce que les journalistes de ce pays savent que rien n’est au dessus des intérêts du pays. Chez nous, on a les journalistes les plus intelligent du monde. Pour eux, même si le pays doit disparaître pourvu qu’on ne touche à ce qu’il appelle leur liberté. Si le Capitaine Ibrahim TRAORE avait dit ce que le Président MACRON a dit sur la presse lors de sa rencontré avec les ambassadeurs, ce n’est pas à l’UA que les syndicats de journalistes Burkinabè allait adresser une lettre mais à L’ONU.

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  • Le 9 octobre 2023 à 19:21, par tengen-biiga En réponse à : Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

    Vaincre les terroristes, ce n’est pas seulement par les armes. Il y a des valeurs que nous devons défendre (respect de la vie, de la dignité, respect de l’autre, solidarité, tolérance,...). Et c’est chaque jour que nous devons nous battre pour ne pas tomber bas et agir comme les terroristes en cédant à la facilité.

    On a besoin d’une presse qui n’est pas aux ordres d’un pouvoir ie une presse plurielle et indépendante. Soit dit en passant quel sens nous devons à l’indépendance si c’est pour ne pas reconnaitre l’indépendance des autres.

    Ce pays a trop souffert. N’ajoutons pas un problème à ceux que nous connaissons déja. Concentrons-nous sur la lutte contre le terrorisme.

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  • Le 10 octobre 2023 à 01:19, par Bob En réponse à : Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

    Il ne suffit pas de décréter l’indépendance pour que la presse le soit. L’indépendance est souvent liée aux moyens de subsistance. Comme je l’ai déjà dit ici saluons la lutte acharnée des journalistes pour la liberté de presse et d’expression, donnons leur notre confiance à condition qu’ils montrent patte blanche. Que tous les médias publient leurs bilans et comptes d’exploitation pour qu’on sache d’où viennent leurs ressources et leurs revenus. Nous saurons alors que leur combat n’est pas sous influence. Certains pourraient servir des agendas cachés. Celui qui paye fait sûrement passer des projets inavouables. D’ailleurs il faut aussi que les subventions de l’état à la presse privée cesse, ça peut être un moyen plus puissant que les nominations au CSC pour influencer la presse. TRANSPARENCE, INTÉGRITÉ et INDÉPENDANCE pour la presse burkinabé, il n’y a jamais de DROITS sans DEVOIRS.

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  • Le 10 octobre 2023 à 01:39, par Jeunedame seret En réponse à : Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

    ’’On a besoin d’une presse qui n’est pas aux ordres d’un pouvoir ie une presse plurielle et indépendante.’’’..!!!!
    Ayez d’abord confiance en vous-mêmes. Il n’y a pas de liberté sans responsabilité des actes. D’ailleurs, chaque liberté est limitée par les lois du pays. Vous êtes déjà bien libre et indépendants de choisir entre le journalisme et autre.

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  • Le 10 octobre 2023 à 07:01, par Ed En réponse à : Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

    Les orientations de la transition qui s’est emparée du pouvoir sont inquiétantes.
    Quand on pactise avec la Russie de Poutine, il ne faut pas s’étonner du contrôle de l’information.
    Les terroristes savent très bien que ceux qui dirigent actuellement le Burkina ne font pas l’unanimité, dans la mesure où les responsables élus avaient été délogés.
    Certes, Ibrahim Traoré et son 1er ministre auraient besoin de se sentir soutenus, mais les interdits vont les empêcher de s’appuyer sur la presse.
    C’est la dictature qui se met en place au Burkina !

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  • Le 10 octobre 2023 à 09:24, par kwiliga En réponse à : Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

    Ainsi, il semble que si nous souhaitons une véritable liberté de l’information, nous prenons de gros risques :
    - Nous allons perdre la guerre...
    - Le pays va disparaitre...
    Je ne peux m’expliquer pourquoi, mais c’est vraiment très inquiétant.
    Par contre, je peux parfaitement entendre qu’avec une presse aux ordres, des médias qui s’auto-censurent par peur de la suspension sans préavis, des journalistes au garde-à-vous, nous n’aurons que des informations positives, qui viseront à rassurer les populations, alors qu’elles auraient à s’inquiéter, qui nous décriront quotidiennement des "neutralisations" de terroristes, tandis que les très rares attaques que l’on ne pourra pas cacher, seront perpétrés par des "individus non-identifiés", immédiatement mis en fuite et détruits par la vaillance de nos FDS...
    Mais suffira-t-il de museler les médias, de menacer, de réquisitionner, d’enlever, d’incarcérer toute voix discordante, pour parvenir à chasser le terrorisme, regagner du territoire, nourrir la population...?
    Certainement pas, le seul avantage à tirer de cette censure, c’est le maintien d’une dictature, qui n’arrive pas à accomplir la mission qu’elle s’était donnée à sa prise de pouvoir.
    Quant à ceux qui cherchent des comparaisons avec la liberté de la presse en France, arrêtez de regarder TF1 ou CNews, de lire le Figaro et Valeurs Actuelles et jetez donc un œil au Monde Diplomatique, à Médiapart,... et beaucoup d’autres... et on en reparle !

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  • Le 10 octobre 2023 à 10:56, par GUIESS YIIGA En réponse à : Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

    Quand nous voulons souvent parler de la liberté de la presse cà veut dire liberté de parler à qui veut l’entendre. Ramenons le pays à notre petite famille constituée de papa, maman, et enfants. Est-ce que tout le monde peut parler n’importe comment comme il veut des problèmes internes dehors. En famille il y a des règles, des lois, des limites à ne pas dépasser. Il faut faire attention à ne pas étaler tout ce que la famille connait et vit en son sein au monde extérieur qui n’est pas toujours d’amitié avec vous. Il en est de même en société. Chez nous au Burkina nous interprétons mal le sens de liberté de parler ou d’écrire. Partout ailleurs c’est comme cela. La liberté de presse est orientée selon l’objectif que les autorités se sont fixé en accord avec le Peuple. Faisons attention !

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  • Le 10 octobre 2023 à 12:37, par XMX En réponse à : Burkina / Liberté de la presse : L’Assemblée législative de transition appelée au secours par les médias

    Il n’ y a pas de liberté absolue pour qui que ce soit y compris la presse. Depuis un certain temps on n’entend que vous, votre corporation n’est pas la seule au Burkina ! Votre liberté s’arrête là ou l’intérêt supérieur de la nation est en jeu.

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