Affaire "Charbon fin" : « Pas question de concasser les éléments solides. C’est la preuve palpable de la fraude », requiert le parquet
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Appelés à la barre, les experts Ilboudo et Gomina ont constaté les cantines, au nombre de deux. Ils les ont reconnues et authentifiées et ce qu’elles sont supposées contenir. L’expert Gomina précise même que ces scellées ont été faites à Bobo-Dioulasso et sont de deux types. Une déposée par Bolloré Logistic Transports SA identifié AD 313057 et une autre scellée déposée par le BUMUGEB, identifiée AD313244.
"De façon technique, dans le processus de traitement du charbon fin, est-ce qu’on peut se retrouver avec des éléments "solides" censés être dans ces cantines ?", questionne le juge. La réponse des experts est "Non" même s’ils ajoutent que le processus de traitement du charbon fin mis en place par IAMGOLD Essakane SA est différent.
"Comment expliquez-vous alors la présence de cette matière ?", relance le parquet aux experts. L’expert Ilboudo est resté dubitatif. Parce que, de ses explications, le charbon fin est composé d’éléments granulés et non solides et d’ajouter que c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, au cours de l’expertise, ces cargaisons ont été mises de côté. "Est-ce que votre définition du charbon fin est universelle ?", réplique Me Coulibaly de la défense. "Oui, la définition est universelle", répond l’expert. "Est-ce que si on vous demande de concasser ces éléments solides pour vérifier la teneur d’or qu’ils contiennent, vous pouvez le faire dans combien de temps", renchérit le juge.

Les experts sont unanimes. "Si toutes les conditions sont réunies, une semaine suffirait largement", répondent en chœur les deux experts. Le parquet n’est pas pour le concassage des éléments solides présents à la barre. En effet, selon le ministère public, ces éléments constituent la preuve palpable de la fraude. "Nous sommes sceptiques. Concasser ces éléments, c’est une façon de détruire la preuve de la fraude", table-t-il.
La teneur en or des corps solides n’est pas connue. Mais ce qui est sûr, il contient de l’or, confirment les experts. Avant de poursuivre, le juge a tenu à faire une précision.
"Nous ne sommes pas là pour dire qu’il y a de l’or ou pas dans le charbon fin ou les éléments solides qui sont là. C’est connu, il y a de l’or et peut-être d’autres minerais. Le débat juridique, c’est de savoir si la quantité d’or déclarée par la société IAMGOLD Essakane SA est exacte. J’aimerais qu’on se focalise sur cet aspect ", situe le juge et de poursuivre en demandant aux experts si on peut connaître la teneur de l’or dans ces corps solides sans les concasser. La réponse des experts est "Non". Le juge avise. "Les scellées seront ouvertes en présence d’un huissier qu’on fera venir. À l’issue de cela, on prendra la décision qui sied", décide le juge avant de suspendre l’audience pour quelques minutes.
Obissa Juste Mien
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