LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Burkina/Education : La SSEZDS décrit des approches pédagogiques pour les élèves des zones à forts défis sécuritaires

Publié le mercredi 20 septembre 2023 à 15h24min

PARTAGER :                          
Burkina/Education : La SSEZDS décrit des approches pédagogiques pour les élèves des zones à forts défis sécuritaires

Le ministère de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN) dénombrait à la date du 15 février 2019, 1135 écoles fermées et 154 233 élèves hors des salles de classe. Cela sans compter les dégâts matériels et les milliers d’enseignants contraints d’abandonner leurs postes. Des chiffres alarmants qui ont suscité du ministère, la mise en place de la Stratégie nationale de scolarisation des élèves des zones à forts défis sécuritaires au Burkina Faso (SSEZDS) 2019-2024 pour limiter les dégâts. Nous avons fait une lecture de la stratégie pour en ressortir la substance.

Composée d’une quatre vingtaine de pages, de trois grandes parties disséquées en sept points, la SSEZDS se veut une réponse aux assauts répétés des groupes armés qui ciblent dans leurs frappes les établissements scolaires. Elle s’inscrit dans le cadre du Plan sectoriel de l’éducation et de la formation 2017-2030, qui a pour vocation d’être un système éducatif démocratique, performant, inclusif et ouvert sur le monde, développant les compétences et l’expertise nécessaires et suffisantes pour le développement socioéconomique du pays.

Les objectifs de la SSEZDS

Avec cette stratégie, le Burkina Faso devrait à l’horizon 2024, bénéficier d’un environnement scolaire sain, pacifique et sécurisé qui garantit et favorise la continuité efficace des activités d’enseignement et d’apprentissage. Elle s’étend sur toute l’étendue du territoire national. Aussi, devrait-elle permettre d’engranger des acquis, ce, conformément aux axes stratégiques d’intervention. Le premier s’intitule « Accès et environnement d’apprentissage sûr ». Ces objectifs peuvent se résumer aux points suivants : Primo, « assurer la scolarisation de tous les enfants, la protection et le bien-être des acteurs de l’éducation et le renforcement des capacités d’accueil des structures éducatives dans les régions concernées à l’instar des zones sûres. » Cette prévention devra permettre d’assurer la sécurisation et la protection des écoles avec l’appui des communautés, grâce à la mise en œuvre de l’approche "safe school" et l’appui psychosocial, la clôture des écoles là où cela est possible, le réaménagement des ouvertures des salles de classe afin d’assurer des issues de secours en cas de danger et la prise de mesures pour la sécurisation des écoles et du matériel didactique.

Secundo, assurer la réouverture des structures éducatives fermées en fonction du niveau de sécurité établi. « Cela passe par la responsabilisation des Comités de gestion d’écoles dans la mise en place de cellule de gestion de crise, prenant en compte les services de santé, de nutrition, de protection et des services psychosociaux ; la sensibilisation des acteurs à la réouverture des structures éducatives fermées ; le recrutement des enseignants communautaires ; la réhabilitation des structures éducatives endommagées ; la reconstruction des structures éducatives détruites ; etc. »

Tertio, la stratégie vise « le renforcement de la résilience des acteurs par leur formation à développer des plans de préparation et de réponse ». Cela inclut l’organisation des exercices de simulation de crise dans les structures éducatives ; l’organisation des activités ludiques permettant l’évacuation du stress dans les zones touchées par l’insécurité ; la constitution des stocks de sécurité (fournitures, équipements, tentes, kits divers) ; etc.

A cela s’ajoute la création des espaces éducatifs inclusifs pour les élèves déplacés ; l’accès et le maintien des filles et des enfants en situation de vulnérabilité ; la création d’espaces éducatifs inclusifs pour les élèves déplacés et leur réinscription.

Le second axe porte sur l’ « enseignement et l’apprentissage de qualité. » Il s’agit dans un premier temps de définir des programmes scolaires pertinents, appropriés, adaptés au contexte et aux besoins particuliers des apprenants des zones affectées par la crise sécuritaire. Dans un second temps, il est question d’appliquer des mesures spécifiques de motivation à l’égard des enseignants et autres personnels de l’éducation des zones à forts défis sécuritaires.

Par ailleurs cet axe inclut aussi l’outillage conséquent des personnels éducatifs et des autres acteurs des zones touchées, à assurer un enseignement, un apprentissage de qualité et la dotation des écoles des zones affectées par la crise sécuritaire, en matériel pédagogique et didactique adapté.

Le dernier axe stratégique porte sur le « pilotage et la coordination. » Il vise en un peu plus clair, à élaborer un dispositif opérationnel de coordination de la stratégie de scolarisation des élèves des zones à forts défis sécuritaires. Cela sous-entend, mettre en place une structure de coordination et de mise en œuvre de la stratégie placée sous l’autorité du ministre en charge de l’éducation nationale ; mettre en place un dispositif d’analyse des situations et de suivi-évaluation des activités ; élaborer et valider un plan et des outils de suivi-évaluation à tous les niveaux, etc.

La mise en œuvre de la stratégie

La mise en œuvre de la stratégie nationale de scolarisation des élèves des zones à forts défis sécuritaires est assurée par une structure chargée de la coordination de la mise en œuvre et du suivi de la stratégie. « Cette structure sera renforcée par la mise en place d’instances ministérielle et interministérielle et des cadres de concertation à tous les échelons en collaboration avec les communautés, les collectivités, les humanitaires, les ONG et associations, les PTF et les partenaires sociaux. »

Le coût de la stratégie s’élève à 147 159 120 de FCFA. De l’élaboration à la mise en œuvre de la stratégie, il y a neuf étapes dont la concrétisation encourt la survenance de risques. Parmi ces risques, on peut citer : ceux liés à la forte mobilité des populations ; aux troubles socio-politiques ; à la recrudescence des attaques ; à la crise économique.

Les mesures d’atténuation des risques

Pour minimiser les risques, la stratégie prévoit des mesures que l’on peut résumer comme suit : Pour ce qui est des risques liés à la forte mobilité des populations (par exemple), « il s’agira d’une part de mettre en place un dispositif approprié qui maintiendra les populations sur leurs lieux d’habitation. D’autre part, il sera question de mettre en œuvre une approche proactive, qui permettra de suivre la mobilité de ces populations afin de leur apporter les besoins éducationnels nécessaires sur leurs nouvelles destinations. »

Pour ce qui est des troubles socio-politiques, la mise en œuvre de la stratégie appelle un certain nombre d’actions sur le terrain dont la réussite est tributaire des résultats de concertations entre le gouvernement et les organisations de défense des intérêts des personnels de l’éducation et des élèves. « Des conflits répétés entre ces deux entités liées aux décisions à prendre constituent aussi une source qui pourra compromettre la réussite de la stratégie. »

Quant aux risques liés à la crise économique, il est à noter qu’un environnement marqué par des crises économiques et financières affecterait les capacités de financement de la stratégie, d’où la nécessité de développer les actions de veille et d’anticipation par une mise en place du nexus : humanitaire-développement- sécuritaire.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique