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Transport de la viande à moto à Ouagadougou : Les bouchers accusent le manque de véhicules adéquats

Publié le mercredi 6 septembre 2023 à 23h25min

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Transport de la viande à moto à Ouagadougou : Les bouchers accusent le manque de véhicules adéquats

Dans la capitale burkinabè, il est très courant d’apercevoir dans la circulation, généralement les matins, des bouchers qui peinent à maintenir l’équilibre sur leur monture, parce qu’ayant empilé plusieurs carcasses de viande sur leurs engins à deux roues. La pratique est pourtant interdite par la mairie de Ouagadougou, qui ne manque pas de faire des sorties soit pour sensibiliser, soit pour réprimer les contrevenants. Ceux-ci, tout en reconnaissant que le transport à moto n’est pas approprié, déplorent cependant le manque de moyens pour acquérir des camions frigorifiques, plus adaptés.

Le 23 février 2023, les autorités communales de la ville de Ouagadougou prenaient un arrêté pour règlementer le transport et la vente de la viande. L’article 1 de cet arrêté stipule que le transport de la viande par des engins à deux roues est interdit dans la commune de Ouagadougou. Plusieurs raisons expliquent cette interdiction.

En effet, selon Alidou Tinto, directeur de la police de la salubrité et de la tranquillité urbaine, les bouchers transportent très souvent de grandes quantités de viande sur les motos. Et cette charge, peut créer un déséquilibre de l’engin et présenter des risques pour la sécurité publique comme la survenue d’accidents. A cela, s’ajoute le fait que le transport de viande sur des engins à deux roues ne respecte pas toujours les règles d’hygiène. Il n’est pas rare de voir des carcasses de bœuf exposées à la poussière et aux différents microbes au cours du transport. Ce qui peut présenter des dangers pour la santé des consommateurs.

L’inspecteur de police Alidou Tinto, directeur de la police de la salubrité et de la tranquillité urbaine

Les bouchers disent manquer des moyens appropriés pour transporter la viande

Directement visés par cet arrêté, les bouchers disent être conscients des dangers et risques que présente le transport de la viande à moto. Seulement, ils affirment ne pas disposer d’autres moyens pour convoyer la viande des abattoirs jusqu’aux différents marchés, afin de la servir à leurs clients. « Avant, l’abattoir disposait de véhicules appelés "bouchards" qui acheminaient la viande aux bouchers dans les différents marchés. Mais ce que l’on constate actuellement, c’est qu’il n’y a plus assez de véhicules et les bouchers aussi sont devenus nombreux au regard de l’extension de la ville et de l’augmentation du nombre de marchés. Les bouchers eux-mêmes ne veulent pas transporter la viande à moto, parce que c’est dangereux et fatiguant, mais ils n’ont vraiment pas le choix », a confié El Hadj Madi Yabré, boucher.

Moctar Sokondo, également boucher, explique que dans certains marchés, il y a des boucheries qui disposent de véhicules frigorifiques pour transporter leur viande. C’est souvent avec ces propriétaires que les autres bouchers du marché et des alentours négocient pour déposer leurs carcasses et les récupérer une fois à destination. Il précise cependant que si le boucher n’officie pas sur place dans ce marché, le problème demeure puisqu’il va devoir récupérer sa viande et la transporter à moto pour l’acheminer vers son point de vente.

Contraventions et verbalisations pour sanctionner les contrevenants

Affirmant être dans l’incapacité d’acquérir un véhicule pour transporter la viande, la plupart des bouchers interrogés disent prendre toutes les dispositions nécessaires pour que la viande soit complètement recouverte et qu’aucune partie ne soit exposée au vent et à la poussière. Toutefois, l’arrêté pris par les autorités communales est clair : le transport de la viande n’est autorisé qu’aux véhicules aménagés et qui respectent les conditions d’hygiène et de conservation, qu’ils soient à trois ou quatre roues.

El Hadj Yabré, boucher, déplore le manque de véhicule pour transporter la viande

A en croire l’inspecteur de police Alidou Tinto, le moyen le mieux adapté reste le camion frigorifique qui permet de prendre en compte les intempéries. Mais à défaut, les autres moyens de transport tels que les tricycles, les camions fourgons, peuvent transporter la viande dans le respect des règles d’hygiène et de salubrité. « L’engin doit être propre et couvert, pour ne pas exposer la viande transportée et impacter la santé humaine », précise Alidou Tinto.

Pour les contrevenants à ces dispositions, les sanctions ne manquent pas. Elles peuvent aller d’une contravention de 6 000 à 24 000 FCFA. Et lorsque la viande transportée est jugée impropre à la consommation, elle peut aussi être saisie. Et l’engin qui a servi à la transporter peut aussi être verbalisé. Alidou Tinto souligne que même si la viande transportée est saine et que le transporteur a été verbalisé, il doit arrêter l’infraction. Ce qui signifie que même si son engin lui est remis, il ne doit pas poursuivre le transport de la viande à moto, mais revenir avec un moyen de transport approprié pour acheminer la viande à bon port.

Quelle alternative pour un transport hygiénique de la viande ?

Pour les acteurs intervenant dans la vente de la viande, leur souhait est de proposer de la chair de qualité à leurs clients. Et pour la transporter dans de bonnes conditions, ils sollicitent l’accompagnement de la mairie. Pour ce faire, Moctar Sokondo, boucher, propose que la commune de Ouagadougou dote chaque arrondissement en camions frigorifiques afin de desservir les différents marchés.

Moctar Sokondo, boucher, invite les autorités municipales à doter les arrondissements en camions frigorifiques

Le directeur de la police de la salubrité et de la tranquillité urbaine, Alidou Tinto, a laissé entendre que la société de gestion de l’abattoir frigorifique de Ouagadougou, en tandem avec la mairie de Ouagadougou, mène également la réflexion pour accompagner les bouchers dans le transport décent de la viande. En attendant que des solutions appropriées soient trouvées, il invite les bouchers à l’union pour faire ensemble ce qu’ils ne peuvent réaliser individuellement. « S’ils se fédèrent, ils peuvent résoudre le problème du moyen de transport, en attendant que la commune puisse trouver les moyens pour les accompagner », a-t-il ajouté.

Lors du premier symposium national des abattoirs et aires d’abattage tenu le 24 août 2023 à Ouagadougou, le ministre des ressources animales, Amadou Dicko, a confié que la réflexion est en train d’être menée, afin de mettre en place des taxis motos frigorifiés et convenablement aménagés, pour faciliter le transport de la viande dans les grandes villes. Vivement donc la concrétisation de ce projet, afin que prenne fin le transport de la viande sur les deux roues !

Armelle Ouédraogo/Yaméogo
Lefaso.net

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