Qu’est ce qui cause le plus souvent les conflits dans le couple ?

De prime abord, le conflit est naturel. Dans le conflit, il y a ce que l’on appelle crise conjugale. La crise conjugale est une situation transitoire, qui s’est installée en préparation d’une autre situation. Par exemple quand une femme est enceinte, il peut y avoir crise conjugale due à la grossesse. C’est aussi le cas quand après deux ans de mariage, l’amour des amoureux prend fin, il peut y avoir crise car on entre dans une autre dimension. Donc le conflit conjugal peut être une bonne chose s’il a été bien exprimé et compris, comme il peut être une mauvaise chose.

Il faut retenir que quel que soit le degré d’amour, de compatibilité, de rapprochement entre un homme et une femme, il y aura des conflits. Le conflit est naturel, c’est une relation sociale. Il y a souvent des incompréhensions parce que la psychologie de l’homme est différente de celle de la femme. Pour être ensemble, il faut apprendre à s’adapter, à comprendre et à parler le langage de l’autre. Donc il faut accepter que les cinq premières années de vie commune, il y ait des conflits et des incompréhensions, à la recherche de la stabilité. Un couple qui n’a pas de conflits, ce n’est pas normal ; c’est qu’il y a un conjoint qui domine l’autre. Alors que la vision de l’homme est différente de celle de la femme. Donc il faut qu’il y ait conflit, car le conflit signifie qu’on cherche à comprendre, à s’aimer, à construire quelque chose ensemble. Et le conflit est spécifique à la sensibilité, à l’unicité du couple.

Le conflit est appelé à faire sortir quelque chose de bon, car il doit aider à tirer une leçon et un enseignement de ce que l’autre aime et n’aime pas et que le conjoint ne savait pas. Il permet de connaître les besoins, les attentes et les aspirations de l’autre dont on n’avait pas pris conscience.

Quelle est l’attitude à adopter en cas de conflit ?

En cas de conflit, il faut d’abord prendre le temps de s’écouter ; s’écouter, pas pour répondre, mais pour comprendre l’autre, ses besoins et ses aspirations les plus profondes. Mais dans le conflit, quand la colère s’installe, il ne faut pas prendre de décision. Il faut laisser un moment de stabilisation avant de revenir au dialogue. Il faut surtout s’écouter, car tant qu’on n’écoute pas l’autre, on ne peut pas comprendre pourquoi. Dans un conflit, que l’on soit la victime ou le persécuteur, chacun a toujours une raison qui le pousse à blesser l’autre. Et il faut retenir que l’on est toujours blessé par la personne qu’on aime le plus et qui est le plus proche de nous. Beaucoup de gens pensent que quand on aime quelqu’un on ne doit pas être blessé. Non, cela n’existe pas. C’est celui qui est proche de nous qui peut nous blesser, nous tromper.

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Comment se comporter face à un conjoint qui n’est pas ouvert à la communication ou qui préfère bouder dans son coin ?

Il n’y a pas quelqu’un qui n’est pas ouvert à la communication. Il y a des gens qui ont une communication malveillante ou non-verbale. A travers son silence, c’est une forme de communication. Mais c’est souvent une communication malveillante. Quand le problème s’installe et s’enracine et que vous ne parvenez pas à dialoguer, il y a urgence et il faut faire recours à un spécialiste qui peut être un psychothérapeute conseiller conjugal. Face à un conflit, on a souvent tendance à soigner les symptômes du mal au lieu de chercher à découvrir la vraie cause. Le spécialiste va donc aider le couple à dépister les vraies causes du conflit.

Si les conflits sont naturels dans la vie de couple, comment se comporter pour éviter qu’ils ne surviennent trop fréquemment ?

Quand le conflit s’installe et s’enracine, il devient sentiment. Il va affecter les émotions et chacun va installer un mécanisme de défense pour se protéger. Nous voyons le conflit comme une difficulté, et derrière la difficulté il y aura des conséquences. Et derrière ces conséquences il y aura les mécanismes de défense que chacun va installer. Quand cela arrive, il faut apprendre à se retirer pour d’abord chercher la paix intérieure. Il faut aussi contrôler ses émotions pour ne pas dire des paroles blessantes que l’on pourrait regretter, car on risque de réveiller des blessures endormies de l’autre et qui peuvent aggraver la situation. Une fois que l’on est en colère dans un conflit, il ne faut pas prendre de décision.

Est-ce que la séparation peut aider à gérer un conflit ?

C’est possible. Quand la violence physique ou psychologique s’installe et trouble la paix, l’équilibre et la sécurité d’un des conjoints, on peut se séparer. Pour prendre ses distances, pouvoir suivre une thérapie pour pouvoir dépister la vraie cause et apprendre de nouveau à se remettre. La séparation n’est pas une mauvaise chose car quand le problème est avéré et que la violence trouble la paix, il faut aller à la séparation.

Un dernier mot ?

Les couples doivent se faire accompagner. Chaque six mois, il faut un recyclage conjugal. Il faut entre un à douze ans de mariage pour qu’un couple puisse trouver l’équilibre. Cet équilibre est le fruit de l’expérience qu’on a acquise avec le temps.

Propos recueillis par Armelle Ouédraogo/Yaméogo
Lefaso.net