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Affaire guérisseuse de Komsilga : L’Association de culture civique et de défense des droits humains exige la réintégration sans delai de la guérisseuse à la MACO

Publié le lundi 31 juillet 2023 à 12h18min

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Affaire guérisseuse de Komsilga : L’Association de culture civique et de défense des droits humains exige la réintégration sans delai de la guérisseuse à la MACO

L’association de Culture civique et de défense des droits humains et sociaux (CE.D.EV), dans la présente déclaration s’insurge contre la libération de la guerrisseuse de Komsilga des locaux du Tribunal de grande instance (TGI), Ouaga2. Dans cette déclaration, elle estime nécessaire sa réintégration sans délai à la MACO. Elle dénonce par ailleurs "avec la plus grande vigueur" un climat ou se développent des actes répréhensibles alimentés par le MPSR2. L’intégralité de la déclaration !

ENTRAVE DE LA JUSTICE PAR DES MILITAIRES

NON  ! NON ! NON !
Il y a à peine une semaine, un ancien député et ancien maire de Komsilga (M. Issouf Nikiema) était enlevé en pleine rue par des hommes armés et encagoulés pour une destination tenue secrète. Suite à une très vive protestation populaire, la victime a été libérée sans aucune charge contre lui, et sans, pour autant, que l’on sache dans le cadre de quelle procédure judiciaire cet enlèvement a été ordonné et par quelle autorité constituée.

Le 28 juillet 2023, suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant un groupe d’hommes dirigés par une femme en train de torturer un viel homme, une enquête judiciaire était diligentée par le parquet, les présumés coupables déférés devant le procureur du Faso ; reconnaissant les faits, ils seront arrêtés par la police judiciaire et se verront notifier leur inculpation avec mandat de dépôt.
Parmi eux, la femme est en fait une guérisseuse, qui, de notoriété publique, proposerait ses services de divination à certains militaires.

Alors qu’ils devaient être déposés à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) par la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP), un commando de militaires cagoulés et lourdement armés, circulant à bord de véhicules militaires dont un blindé équipé d’une tourelle automatique, ont investi le palais de justice de Ouaga II pour extraire la-dite guérisseuse.

Dans un premier temps, les GSP ont refusé et le procureur du Faso a demandé que l’on garde les prévenus en cellule, tout en ordonnant qu’ils soient conduits à la MACO dès que possible.

Plus tard dans la soirée, le directeur de la Garde de sécurité pénitentiaire s’est déplacé en personne au tribunal de Ouaga II pour ordonner, selon lui sur instruction du ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique, la remise de la dite guérisseuse aux militaires, identifiés comme étant des éléments de l’Agence nationale de renseignement (ANR) – Ce fut fait sans que le Procureur Général ne soit même avisé, sans doute par crainte de se voir opposer un refus catégorique de sa part.

Ces faits sont d’une gravité sans précédent et laissent à penser que c’est désormais une règle établie que les militaires peuvent tout se permettre au nez et à la barbe des institutions de notre pays et de sa Constitution.

Ça suffit le Burkina Faso ne doit pas tomber plus bas, il faut une réaction sans précédent à des faits sans précédent de la part de tous les citoyens.

Toute la lumière doit être faite devant l’opinion sur toutes ces affaires, les responsabilités individuelles situées, et les procédures judiciaires engagées avec la plus grande rigueur contre chacun des responsables, y compris au plus haut niveau de l’Etat, si il y a lieu.

Aussi, estimons nous nécessaire de :

-  réintégrer sans délai et sans condition la prévenue guérisseuse à la MACO et prendre toutes les dispositions pour qu’elle y reste en toute sécurité ;

-  engager une saisine extraordinaire du Conseil supérieure de la magistrature pour examiner les faits et gestes de chaque agent judiciaire ;

-  mettre en œuvre la procédure devant la Haute cours de justice en cas de faute d’un membre du Gouvernement dans l’exercice de ses fonctions ministérielles ;

-  ouvrir une enquête à l’encontre des fonctionnaires ayant exécuté des ordres manifestement illégaux :

-  ouvrir une enquête contre toutes les personnes ayant porté atteinte ou entrave au bon fonctionnement de la justice ainsi qu’il est dit dans notre Constitution ;

-  ouvrir une enquête pour utilisation abusive du matériel militaire de l’Etat à des fins privées ou non autorisées, matériels payés avec les impôts et les contributions du Peuple burkinabè ;

-  inviter l’Assemblée législative de la transition à convoquer sans délai le Premier ministre aux fins d’expliquer les dysfonctionnements à ce point attentatoire aux instituions et par la suite, convoquer une commission d’enquête parlementaire pour exercer le contrôle du législatif sur l’exécutif.

Nous dénonçons avec la plus grande vigueur un climat entretenu par les autorités de la transition du MPSR II où se développent des actes répréhensibles, attentatoires aux personnes, au mépris des lois et en toute impunité, et souvent dans le silence des autorités de contrôle.

La paix, la justice, sont notre bien commun à nous Peuple du Burkina Faso, nous devons prendre nos responsabilités et mettre un terme, à ces pratiques d’un autre temps.

Avec nous, dites non ! Non à l’arbitraire ! Non à l’impunité ! Non au mépris de la justice ! Non à la politique conduite depuis septembre 2022 par les nouvelles autorités, sans notre consentement.

Fait à Ouagadougou, le 30 juillet 2023

Le Président du Comité Exécutif

Dr. Evariste. Faustin. KONSIMBO

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