Le Burkina Faso prendra part au forum politique de haut niveau sur le développement durable du 10 au 19 juillet 2023 à New York aux Etats-Unis d’Amérique. Il y présentera pour la deuxième fois un rapport volontaire national de l’état de mise en œuvre des ODD. Sylvestre Tiemtoré, coordonnateur du SPONG, explique que le SPONG a été associé au processus de production de ce rapport volontaire national.

Mais en marge, il a aussi entrepris de produire un rapport alternatif qui vise à apporter un regard citoyen sur les avancées, les défis et formule des recommandations pour une meilleure cadence de mise en œuvre des ODD d’ici à 2030.

Selon M. Tiemtoré, le rapport alternatif est parvenu pratiquement aux mêmes conclusions que le rapport volontaire national sur la mise en œuvre des ODD. Ainsi il ressort qu’à mi-parcours de l’échéance de l’agenda mondial 2030, malgré un contexte difficile marqué par plusieurs crises notamment sécuritaire, sanitaire, humanitaire, institutionnel, le Burkina Faso a enregistré des avancées notables dans certains domaines. Il s’agit en l’occurrence de la lutte contre la faim en particulier sur l’état nutritionnel, l’accès à la santé, l’éducation de qualité, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, la promotion des énergies propres, la protection de l’environnement et le renforcement du partenariat.

Les participants vont examiner le rapport alternatif, faire des recommandations pour l’améliorer avant de le valider

Des retards sont néanmoins observés dans des secteurs cruciaux comme l’éradication de la pauvreté, l’égalité entre genres, la création d’emplois décents, la réduction des inégalités et le développement de villes durables.

Il ressort aussi du rapport alternatif que si les efforts déployés ont eu des impacts positifs sur la société burkinabè, des défis complexes demeurent pour l’atteinte des ODD. Au nombre de ces défis, il y a la persistance de la pauvreté, des inégalités, les changements climatiques, l’insécurité alimentaire, la gouvernance, la relance économique et les mouvements migratoires. Ces défis ont des conséquences directes sur la réalisation des ODD et nécessitent une attention particulière. « Notre rapport interpelle la partie gouvernementale et les partenaires techniques et financiers pour dire qu’un accent particulier doit être mis sur ces ODD. Si ce n’est pas fait, au regard du contexte que nous vivons actuellement, nous pouvons reculer en termes d’accès à l’assainissement, l’emploi durable, l’égalité des genres, la réduction de la pauvreté. Ce sont des questions qui restent encore préoccupantes dans notre pays », a laissé entendre M. Tiemtoré.

C’est pourquoi, des recommandations ont été formulées dans ce rapport alternatif. Le SPONG suggère donc entre autres de renforcer les efforts collectifs, la collaboration et la coordination entre les gouvernements, les organisations internationales, les ONG, les communautés locales et d’autres acteurs concernés pour faire face aux défis persistants et accélérer les progrès vers la réalisation des ODD, d’accorder une attention particulière à l’inclusion, à la participation et à la prise en compte des préoccupations des groupes vulnérables et marginalisés tels que les déplacés internes, les migrants, les personnes handicapées.

Sylvestre Tiemtoré, coordonnateur du SPONG souligne que le rapport alternatif n’est pas opposé au rapport volontaire national qui sera présenté à New York

Il recommande aussi d’améliorer le financement en mettant en œuvre des mécanismes adaptés aux défis du moment, de renforcer les capacités des acteurs de la société civile dans l’implémentation des actions de veille citoyenne, de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des ODD, de favoriser une approche collaborative en mettant en place des politiques et des mécanismes efficaces pour gérer les migrations de manière régulière et ordonnée tout en garantissant la protection des droits des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées, de mobiliser les ressources nécessaires pour la mise en œuvre des programmes accélérateurs portés par les organisations de la société civile, etc.

A en croire le coordonnateur du SPONG, le rapport alternatif produit par la société civile n’est pas opposé au rapport volontaire national. Il vient plutôt le compléter car il prend en compte le point de vue des citoyens, leur perception parce que c’est eux qui vivent l’impact des politiques publiques sur le terrain.

L’atelier qui se tient ce 4 juillet 2024 sera le lieu d’examiner le rapport alternatif et d’apporter des amendements avant de le valider.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net