« Rien n’est est impossible à celui qui croit », disent les saintes écritures. Issoufou Ouédraogo, stagiaire assistant des sciences et techniques de l’information et de la communication, qui vient d’achever sa formation en journalisme, malgré son handicap visuel, illustre bien cela.

Contre vents et marrées, Issoufou Ouédraogo s’est battu. Les préjugés, les regards discriminatoires, les équipements inadaptés et toutes sortes d’obstacles auxquels il a bien pu être confronté ne l’ont guère fait plier l’échine. Croyant dur comme fer que la personne handicapée a tout aussi sa place dans le monde professionnel, il s’est donné les moyens de réaliser sa passion. Celle de devenir journaliste.

« Nous témoignons notre gratitude à toutes ces personnes qui nous ont soutenus de près ou de loin », Issoufou Ouédraogo, impétrant de la 35e promotion de l’ISTIC

Les difficultés rencontrées

Issoufou Ouédraogo soulève ici une problématique qui le touche tout particulièrement dans sa production radiophonique de fin de cycle : l’insertion socioprofessionnelle des personnes vivant avec un handicap visuel. « Nous avons choisi ce thème du fait qu’aujourd’hui, le handicap visuel est considéré comme un handicap grave lorsqu’il s’agit d’évoquer l’insertion professionnelle », a-t-il justifié.

La principale difficulté rencontrée dans la réalisation de sa production radiophonique est l’indisponibilité voire même le refus catégorique des personnes ressources devant intervenir pour fournir les informations nécessaires, confie l’impétrant.
À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, dit-on. Son directeur de production, Élie Zan, souligne que les conditions dans lesquelles se sont effectués les travaux ont été trois fois plus difficiles que d’habitude.

« Au-delà de cette volonté politique de prendre en compte les personnes handicapées malvoyants, nous souhaitons qu’il soit mis aussi bien à la disposition des cibles que des encadreurs, les outils nécessaires », Élie Zan, directeur de production de l’impétrant

« Quand l’impétrant rédige en braille, il faut d’abord que l’on le traduise pour moi avant que je ne puisse y apporter des amendements. La correction est de nouveau traduite en braille pour lui permettre de les intégrer. Ce qui a rendu notre travail bien plus compliqué que d’habitude », relève Élie Zan.

Parmi les difficultés évoquées, figurent aussi celles des équipements techniques consacrés à la formation des stagiaires qui sont inadaptés pour les personnes handicapées visuelles, relève l’impétrant. « Les appareils d’apprentissage tels que la caméra, le dictaphone, la table de montage…, sont inadaptés pour ce qui nous concerne », explique-t-il.

« Nous remercions encore tous ceux qui lui sont venus en aide et prions que Dieu lui ouvre les portes de l’emploi », Oumarou Ouédraogo, oncle de l’impétrant venu de Ouahigouya pour la circonstance

Issouf bénéficie du soutien de sa famille

La famille d’Issoufou Ouédraogo s’est mobilisée pour lui apporter son soutien. Pour l’oncle de l’impétrant, Oumarou Ouédraogo, le résultat obtenu est un exploit. Très ému et fier de son neveu, il lui souhaite le meilleur. M. Ouédraogo remercie aussi les encadreurs de son protégé, l’administration de l’ISTIC ainsi que le jury qui a évalué son travail.

Issoufou Ouédraogo n’est pas la première personne handicapée visuelle formée par l’Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication. Depuis 2020 en effet, l’école s’est résolument engagée à faire de la formation inclusive une réalité, en prenant en compte dans l’apprentissage du journalisme et de la communication, les personnes vivant avec un handicap. Ceci, dans l’optique de contribuer à l’effort consenti par le gouvernement pour une éducation inclusive au Burkina Faso.

« En dehors des observations faites, c’est un travail bien rendu par l’impétrant et nous l’en félicitons », Dr Ousmane Paré, rapporteur de la soutenance

Les initiatives de l’ISTIC au profit de la formation inclusive

Ainsi, Diadiapoa Tani Tindano est la première personne en situation de handicap, formée en journalisme par l’ISTIC en 2022. En vue d’offrir un enseignement de qualité à ces personnes, l’institut travaille en étroite collaboration avec l’Union nationale des associations burkinabè pour la promotion des aveugles et malvoyants (UN-ABPAM).

« Lorsqu’un enseignant nous fait parvenir son devoir, nous faisons recours à l’un des spécialistes de l’ABPAM pour le traduire, afin de permettre aux personnes handicapées visuelles de composer dans les mêmes conditions que tout le monde.

« Pour parvenir à cette formation inclusive recommandée par nos autorités nationales, il faut que les écoles sans exception soient dotées de matériels adéquats », Aousségué Abem, directeur de la formation initiale de l’ISTIC

À l’issue de la composition, nous sollicitons de nouveau le service de l’ABPAM pour traduire les écrits de ces dernières aux fins de permettre à l’encadreur de pouvoir les corriger au même titre que les autres copies », a montré Aousségué Abem, directeur de la formation initiale de l’ISTIC.

Dans sa dynamique d’aller vers une formation inclusive, l’ISTIC est en réflexion avec ses structures partenaires pour offrir un enseignement de qualité aux personnes vivant avec un handicap dans les meilleures conditions possibles. En ce sens, l’école envisage d’ores et déjà de numériser sa médiathèque en y apportant les outils nécessaires qui vont favoriser l’accès des différents documents scientifiques aux personnes handicapées visuelles.

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Hamed NANEMA
Lefaso.net