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7e nuit du Faso Danfani : Le Burkina au cœur

Publié le jeudi 8 juin 2023 à 19h00min

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7e nuit du Faso Danfani : Le Burkina au cœur

Voir toute la salle debout pour chanter le Ditanyé, on ne peut penser qu’à ces mots. Plus qu’une manifestation culturelle et économique, nous avons vécu des moments de ferveur patriotique pendant quelques jours à Paris et sa banlieue. Ayant bénéficié d’une invitation spéciale du comité d’organisation, et d’un accueil chaleureux de la part des autorités de l’ambassade du Burkina Faso, j’ai été aux premières loges.

La nuit du Faso Danfani, c’est une initiative de l’Association des Créateurs Burkinabè de France. Cette ACBF est elle-même née le 11 avril 2010, autour de stylistes, modélistes et créateurs Burkinabè, cornaqués par trois figures emblématiques. François Yaméogo, plus connu sous l’appellation François premier ; Georges de Baziri, fondateur de la marque GX226 ; Mariama Yaméogo, plus connue par son sigle Ymar Mode. Les deux premiers ont été les premiers responsables de l’ACBF, dont ils sont aujourd’hui présidents d’honneur.

Aujourd’hui, la nuit du Faso Danfani compte parmi les trois manifestations qui rassemblent la communauté burkinabè de France. On peut citer, les vœux du nouvel an chaque année à l’ambassade du Burkina Faso boulevard Haussmann, La journée internationale des droits des femmes le 8 mars, et la nuit du Faso Danfani. Il faut le dire, il a fallu aux membres de l’ACBF de la détermination et de la ténacité pour atteindre un tel résultat.

Lors de la conférence de presse de lancement le 28 mai dans les locaux de l’ambassade du Burkina Faso à Paris j’ai discuté avec la présidente de l’ACBF, Mariama Yaméogo, Ymar mode. Cette créatrice parle de lutte et de combat. « Le challenge, c’était de faire d’une simple étoffe la vitrine de la culture burkinabè en France et dans le monde. Il s’agit d’un combat, et nous ne sommes pas seuls ».

Il faut préciser que derrière ces Créateurs, modélistes et stylistes, il y a beaucoup d’acteurs économiques. Les cotonculteurs dans les villages, les artisans qui transforment localement ce coton, les institutions qui encadrent ces producteurs et ces transformateurs, les vendeurs d’intrants agricoles, les sociétés de transport qui s’occupent de logistique, les commerçants à tous les niveaux de la chaîne de valeur. Ainsi fait, notre pays a un produit à faire prévaloir, le Faso Danfani.

Et ce combat dont parle la présidente de l’ACBF, c’est avant tout une question d’image. Et des manifestations comme la nuit de Faso Danfani visent justement à se faire une place dans une économie mondiale désormais globalisée. Promouvoir ce que nous produisons. Montrer au monde ce que nous savons faire. Dire aux partenaires que nous aussi, nous sommes là. Et nous entendons peser de tout notre poids.

Enoncé avec ces mots, la tâche paraît facile. Il n’en est rien. Car la vie économique est en elle-même un combat. Un combat qui a ses férocités. Et une idée nouvelle doit d’abord s’imposer elle-même dans les têtes. Surtout pour une activité qui se situe à la jonction de l’économique et de l’artistique comme la haute couture.

Ces difficultés, les acteurs de l’ACBF et leurs partenaires ne le cachent pas. « Heureusement, nous ne sommes pas seuls. Les soutiens sont nombreux, tant au Burkina Faso que dans la diaspora burkinabè en Europe. Cette année, nous avons une délégation venue d’Allemagne pour participer à l’évènement. Nous avons des créateurs, des journalistes, des écrivains. » Tempère Saïdou Sawadogo, secrétaire général de l’ACBF.

Tout ce monde fourmille constamment d’idées. Les innovations se bousculent. Ainsi donc, il a été décidé qu’il fallait au minimum 50% de Faso Danfani dans une création. On parle de la création d’une boutique du Faso Danfani à Paris, et pourquoi pas d’externaliser des manifestations dans des provinces françaises où la communauté burkinabè est active.

Pour ce que j’ai vu lors de la nuit du samedi 3 juin, cette 7e édition a été celle de la maturité. L’ACBF et ses partenaires se sont battus, et la manifestation a maintenant trouvé sa vitesse de croisière. Reste le tournant décisif : atteindre la rentabilité économique. Pour dire plus simplement les choses, que toutes celles et tous ceux qui travaillent autour du coton et du Faso Danfani puissent vivre de leur travail. C’est tout à la fois un objectif, et un autre combat.

Sayouba Traoré
Journaliste, écrivain

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