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Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

Publié le vendredi 7 octobre 2022 à 22h00min

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Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

On peut inventer de nouveaux modèles de gouvernance, mais on ne peut pas inventer la démocratie, encore moins la réinventer. Ce modèle est bien connu de tous jusqu’à son idéal, et s’il est vrai que sa pratique imparfaite est liée à la nature faillible des hommes qui l’appliquent, il est vrai aussi qu’elle a une essence immuable avec laquelle on ne peut transiger, car le régime démocratique implique deux critères essentiels.

(a) La mise en place d’une Constitution par laquelle le gouvernement reçoit un pouvoir défini et limité en liaison avec l’intervention obligatoire d’autres organes réguliers et indépendants du pouvoir exécutif que sont l’organe législatif et l’organe judiciaire, suivant le principe de la séparation des pouvoirs ; ce qui suppose que le pouvoir ne peut être absolu. (b) L’institution de la libre discussion à partir des libertés politiques d’association et d’expression, et l’organisation de cette discussion dans les assemblées délibératives locales, régionales et nationales.

Les sociétés humaines qui en ont une pratique largement acceptable et où la démocratie a acquis une solidité intangible ont bien compris cela ; et ce qui fait la force de leur démocratie, c’est la force de leurs institutions. Nous savons tous par conséquent ce qu’est la démocratie. On sait aussi que sous le manteau et le masque de la démocratie et de la justice certains mettent tout en œuvre pour réaliser des objectifs personnels ou pour satisfaire des intérêts de groupes ou de clans. Ils n’hésitent pas à s’enrichir, sans vergogne, sur le dos du peuple.

Que l’on arrête donc de prendre les burkinabè pour des dupes ou des imbéciles, à se faire passer pour des défenseurs de la justice et de la démocratie alors que, par des actes, c’en sont les premiers pourfendeurs. Ainsi, depuis les évènements des 30 et 31 octobre 2014 le pays des hommes intègres vit dans une aberration politique permanente, oscillant entre paradoxe et paradoxe. L’on cherche, coute que coute, à faire d’une situation antidémocratique une situation démocratique en faisant, volontairement, l’économie des exigences premières de celle-ci. Or la démocratie ne peut pas se faire dans la demi-mesure.

La première transition que le Burkina Faso a connue, celle qui a suivi les évènements des 30 et 31 octobre 2014, n’avait rien de démocratique. On ne peut pas se réclamer de la démocratie en gouvernant avec des lois d’exclusion, en bâillonnant par l’intimidation des burkinabè et en faisant de la justice une justice de la vengeance. En conséquence de cause, l’élection présidentielle qui a soldé cette transition, en 2015, ne pouvait avoir la caution nécessaire pour en faire une élection démocratique. Tout le monde, la communauté nationale et surtout internationale, voulait donner à la situation politique burkinabè une normalité de façade ; d’où cette démocratie obtenue au forceps à travers une élection tronquée. Il fallait une élection, peu importent la nature et les conditions. Tel est le premier paradoxe politique burkinabè.

Cette élection présidentielle de 2015 est sans doute la plus ironique de l’histoire du Burkina Faso. Comment expliquer que, après avoir bouté hors du pouvoir le Président Blaise COMPAORE en l’accusant de tous les noms d’oiseau, l’on installe à ce même pouvoir un groupe d’individus qui l’ont servi et qui, par conséquent, sont comptables de ces fameux 27 ans de gouvernance ? Comment cela est-il possible quand on sait que certains de ses individus ont défendu la révision du fameux article 37 litigieux, qu’ils se sont mis dans l’opposition au Président COMPAORE pour des raisons personnelles et non pour des raisons idéologiques, et que pour leur grâce ils ont juste fait un simple mea culpa ? Qu’en est-il aujourd’hui des idéaux de cette pseudo-insurrection populaire ? On sait désormais que ces six années de gouvernance du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) sont une parenthèse de désillusion, pour ne pas dire une « parenthèse de sang », dans l’histoire politique récente du pays des hommes intègres. Tel est le deuxième paradoxe politique burkinabè qui a consisté à chasser du pouvoir l’original pour y mettre la copie.

La deuxième transition, celle qui a suivi la parenthèse des six ans de pouvoir de Roch Marc Christian KABORE, constitue une réelle aberration constitutionnelle. Un coup d’État, faut-il le rappeler, est illégal et anticonstitutionnel. On ne peut donc pas lui donner une onction juridique. Or ce coup d’État du Mouvement Patriotique pour la Sécurité et la Restauration (MPSR), qui voit arriver au pouvoir le Président DAMIBA, a non seulement reçu un bon accueil, mais il a aussi été adoubé par le Conseil Constitutionnel. Certes, dans une situation particulière, on peut trouver un coup d’État salutaire. C’est ce qui s’est passé avec celui-ci. Toutefois, cela n’est pas une raison suffisante pour lui donner une onction démocratique.

L’auteur d’un putsch doit l’assumer jusqu’au bout. Sachant qu’il est arrivé au pouvoir par la force, il doit accepter la conséquence qui consiste à l’impossibilité de prêter serment devant le Conseil Constitutionnel. Cela était-il vraiment nécessaire ? Pourquoi se mettre dans un tel embarras ? Pourquoi chercher à tout prix à rendre démocratique une situation non-démocratique qui, de surcroit, est acceptée par le peuple ? En outre, pendant que l’on blanchissait un coup d’État, des burkinabè, accusés à tort ou à raison pour des faits similaires, sont condamnés à des peines de prison conséquentes. Tel est le troisième paradoxe politique burkinabè.
Le Burkina Faso se dirige-t-il vers un quatrième paradoxe politique avec cette troisième transition qui s’annonce ? Seule l’histoire nous le dira, et il appartient au capitaine Ibrahim TRAORE d’en décider.

S’il était permis d’émettre une opinion sur la situation actuelle, on peut relever l’obligation d’éviter de s’embarquer dans une obsession démocratique, car c’est cette obsession pour la démocratie dans des conditions impossibles qui conduit au paradoxe politique. On le sait depuis Machiavel, lorsqu’on prend le pouvoir par la force il faut assumer son acte jusqu’au bout, sans scrupule. On ne peut pas prendre le pouvoir par un coup de force et rechercher une caution démocratique pour gouverner. C’est un paradoxe. Le point de départ de la démocratie, c’est le droit, ce sont les institutions qui posent clairement les conditions d’accession au pouvoir par le suffrage universel.

Aucune charte, aucune assise nationale, aucun Conseil Constitutionnel, aucune assemblée nationale de transition, rien de rien ne peut fournir cette caution démocratique à un putschiste. Dans le même registre, on ne peut pas faire un putsch pour abandonner immédiatement le pouvoir à des civils, sans élection, pour assurer une transition. C’est une absurdité, sauf si l’on a voulu régler un compte personnel, ou que l’on ait aucun projet ; car si l’on a foi aux idéaux qui y ont conduit, on se doit de poursuivre le combat jusqu’à gouverner afin de les réaliser. C’est un devoir. L’argument est d’autant plus pertinent que les précédentes transitions, y compris celle qui avait un président civil, qui ont fait de cette caution démocratique une obsession, ont brillé par leur échec démocratique et leur paradoxe politique.

Par conséquent l’idée émise, un peu à la hâte, par le capitaine TRAORE de convoquer des assises nationales afin de désigner un président civil ou militaire est un non-sens absolu. On ne désigne pas un président dans des assises nationales, on l’élit selon les règles du suffrage universel. Le putschiste se doit d’assumer son statut. Il se doit de prendre les choses en main pour gouverner lui-même afin de montrer au peuple burkinabè pourquoi il en est arrivé là. Une parenthèse de gouvernance militaire, dans la perspective de ce que j’appellerai un « putschisme éclairé », peut être salutaire pour le Burkina Faso, par les temps qui courent.

Ce « putschisme éclairé » serait une forme de gouvernance qui allie l’autorité, et non la force, à une politique de progrès social axée sur la défense des intérêts du peuple et de la nation. Ce qui, bien évidemment, fait de la sécurité et de l’intégrité territoriale une priorité. Le Capitaine TRAORE et ses amis doivent donc prendre leurs responsabilités pour se conduire en « putschistes éclairés ». C’est pourquoi le capitaine TRAORE lui-même doit commencer par être moins loquace, car à trop parler on dit parfois des choses qui dépassent notre pensée et sur lesquelles il est difficile de revenir. Afin de réaliser cette gouvernance du « putschisme éclairé », il faut commencer par remplir les cinq conditions suivantes :

1) Ne pas rédiger de charte, qui n’est qu’une parodie juridique et institutionnelle. Ne s’en tenir qu’à la Constitution et ne s’inspirer que d’elle. En revanche, on peut rédiger une feuille de route claire et précise.

2) Le MPSR doit conserver la présidence du Faso. Le pouvoir ne doit pas être remis aux civils sans que l’on ne soit passé par les urnes. On connait les velléités partisanes des civils, politiques ou non. La première transition, qui est à l’origine du premier paradoxe politique, constitue une bonne leçon à cet égard, en gouvernant à faire élire le candidat de son choix. Ce qui motive la défense ici d’un « putschisme éclairé » comme situation transitoire pour des élections libres et transparentes ensuite, c’est la tendance des civils à défendre des intérêts particuliers, quoi qu’il en soit. Les civils ne sont pas fiables pour conduire une transition. Ils n’ont ici aucune légitimité puisqu’ils ne sont pas auteurs du putsch.

On les entend déjà à titre individuel ou depuis les officines politiques ou encore les Organisations de la Société civile (OSC) qui s’excitent, s’exhibent et qui se mettent en ordre de bataille pour une éventuelle présidence de la transition. Le capitaine TRAORE et ses amis doivent s’en méfier comme la peste, car ce sont bien eux qui intoxiquent l’espace politique burkinabè. Ils ne savent rien faire d’autre que de gouverner dans la vengeance et l’exclusion, ce qui est l’expression suprême de la gouvernance partisane, de la mal-gouvernance, ce que l’on ne peut pas accepter en politique en général, et encore moins dans une situation de transition. L’élection sera pour eux l’occasion de remplir les conditions pour gouverner.

3) Former un gouvernement recentré de femmes et d’hommes sans accointance directe avec un parti politique ou une OSC qui, de fait, sont politiques, et dont l’objectif immédiat sera de resserrer la politique nationale sur la lutte contre le terrorisme.

4) Ne pas nommer d’Assemblée Nationale de Transition qui n’est aussi qu’une parodie institutionnelle. C’est dire qu’il faudra prendre l’engagement courageux de gouverner par ordonnance.

5) Organiser des élections présidentielles et législatives libres et transparentes dans un délai de 12 à 18 mois afin de remettre le pouvoir aux civils.

Le capitaine Ibrahim TRAORE et le MPSR doivent prendre leurs responsabilités. Pour cela il est urgent de réaliser l’union sacrée au sein de l’armée, car une armée divisée conduit toute action, même vertueuse, à l’échec. Une armée divisée est le signe d’un rapport de forces pour le pouvoir, constituant un danger pour le pays. Prendre ses responsabilités, c’est surtout faire comprendre à la communauté internationale qu’on ne peut pas imposer une démocratie au forceps. Dans cette situation de crise majeure, l’heure n’est pas à discuter de démocratie. La gravité de la situation transcende la démocratie elle-même. « Il faut un temps pour toute chose sous le soleil », dit l’Ecclésiaste. Le temps pour la démocratie viendra avec les élections. Dans l’immédiat, il faut juste se laisser guider par la lumière de la raison focalisée sur les intérêts de la nation et non sur des intérêts individuels. En revanche, les engagements déjà pris devant les instances régionales, la CEDEAO en l’occurrence, dans la perspective du retour à un ordre constitutionnel normal doivent être strictement respectés.

En vérité, on en conviendra tous, le pays des hommes intègres, en ces temps difficiles, n’a pas besoin d’un tel désordre au sein de l’armée et d’une telle instabilité politique. En tant que démocrate, c’est une situation qu’en aucune façon on peut avaliser. Cet imbroglio politique fait de ce pays la risée de tous. Comment en est-il arrivé là ? Ce pays qui, il y a encore moins d’une décennie, était adulé à travers le monde, comme un exemple de stabilité politique. Peut-être que les raisons d’une telle catastrophe sont à rechercher au-delà des 27 années de pouvoir du Président COMPAORE. En attendant de se pencher sur une telle analyse qui mérite tout un livre, il faut faire de mauvaise fortune bon cœur. Aussi, est-il une exigence que ce pays soit véritablement dirigé. Qu’il le soit, non pas avec autoritarisme, mais avec autorité, car la situation actuelle exige de la fermeté et de l’autorité. Telles sont les qualités dont doit s’investir la junte militaire qui, encore une fois, doit conduire la transition en la menant de main de maître et avec une main puissante à l’instar de celle d’un Général d’armée, car le pays est en guerre.

Paris le 5 octobre 2022

Jacques BATIÉNO
Philosophe

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Vos commentaires

  • Le 7 octobre 2022 à 17:05, par Ebenezer En réponse à : Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

    Toute cette litterature pour nous dire quoi ???
    Oui paradoxe paradoxe et apres.Si c est pour dire qu on a une belle plume c est raté.

  • Le 7 octobre 2022 à 17:25, par RV En réponse à : Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

    Globalement d’accord mais il n’y a des nuances à faire ! Seuls les résultats rapides sur le front de la Paix maintiendrons ou pas TRAORÉ au pouvoir.

  • Le 7 octobre 2022 à 20:22, par Ed51 En réponse à : Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

    Cher Professeur,
    Bien qu’étant de France, j’ai appris à connaître le Burkina Faso et j’apprécie ce pays, malgré ses complexités et ses incohérences.
    Pour que la démocratie s’exprime librement, les citoyens doivent être capables de discernement. Or, tant qu’on n’a pas eu accès à un minimum de formations basiques, on est terriblement influençable et même lorsqu’on est instruit, ce n’est pas aussi simple, ni ici, ni ailleurs.
    Apres avoir suivi l’évolution du coup d’état, il était devenu clair à mes yeux que le Burkina allait être aux prises avec la population du pays, tant le terrorisme était devenu insupportable. Quelque part, ce nouveau coup d’état était un moindre mal pour le futur du pays.
    Je ne crois pas que le premier coup d’état était aussi justifié que ce qui est présenté. Pour avoir rencontré certains membres alors à la tête du pays, l’objectif restait bien le développement et pas forcément l’enrichissement personnel. Le terrorisme n’est pas facile à exterminer et la France est bien placée pour le reconnaître. Le Covid a mis entre parenthèses l’action des terroristes.
    Actuellement, séparer les rôles des acteurs restent le moyen le plus sûr pour établir une gouvernance équilibrée.
    Un chef des armées est capable de diriger une armée, mais pas un pays.
    Les structures administratives existantes doivent suffire sans vouloir tout changer.
    Le constat qu’il y a beaucoup de désespérance dans la population est réel et se comprend. Les solutions viendront avec l’implication de tous. En parler est déjà le premier rempart contre le terrorisme et la zizanie.

  • Le 7 octobre 2022 à 20:57, par Bob En réponse à : Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

    Je voudrais qu’on m’explique par quelle acrobatie des gens intelligents disent qu’il faut une transition de 12 à 18 mois ! Sur quoi basent ils leur raisonnement ? Quel est l’objectif ou l’état à atteindre avant de céder le pouvoir aux civils ? Premier paradoxe. Deuxième paradoxe l’auteur reconnaît que des obstacles de toute sorte rendent notre Démon 👿 cratie aux antipodes des standards généralement admis pour qu’un système politique soit qualifié de DÉMOCRATIE et sans transition ni autre amélioration, il affirme qu’au plus tard dans 18 mois, il faut qu’on replonge dans cet enfer. Notre véritable problème c’est cette Démon 👿 cratie où tous ceux qui ne veulent pas notre bien nous pousse. AUCUN pays au monde ne s’est développé dans la démocratie. C’est dans le sang et les larmes que la révolution industrielle a permis aux occidentaux de se développer et les dragons d’Asie ont grandi sous la poigne de fer de dictateurs nationalistes et éclairés. Aucun politicien burkinabé ou africain n’aime son pays et son peuple. Ces apatrides croient qu’ils sont le centre du monde et se fichent des populations comme du premier million qu’ils ont volé. la guerre actuelle impose que les populations se mobilisent, s’investissent et se sacrifient, or aucun politicien burkinabé n’inspire confiance. Malgré les milliards de FCFA qu’ils investissent dans les campagnes électorales, il n’y a jamais eu 2 millions d’électeurs, 10% de la population. Or il faudra qu’on mobilise 90 à 95% de la population si on veut gagner la guerre. Alors, quel est le véritable paradoxe !

  • Le 8 octobre 2022 à 07:18, par TANGA En réponse à : Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

    Aucune bonne démocratie ne s’est adossée sur une démocratie pour se faire.
    Aucune démocratie n’a été décréter et a fait son petit bonhomme de chemin et grandit parfaitement.
    Après la deuxième guerre mondiale, Degaule qui n’avait pas été voté est reste au pouvoir pour les affaires courantes puis, est reste encore pour l’organisation de institutions pendant des années.
    Après cela, il a été élu et a fait deux mandats.
    Ce n’est qu’un exemple ; mais qui montre comment cette démocratie à été construite. Il en existent d’autres. Aux USA, chaque droit obtenu l’anete avec des moyens non démocratiques (droit des noirs à l’école, égalité de races, etc.).
    Laisser nous tranquilles car la démocratie s’obtient dans le travail ; tous les autres systèmes mageants leurs enfants, la démocratie arrive d’elle même.

  • Le 8 octobre 2022 à 08:05, par Sabadokan En réponse à : Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

    Soutien total à ces analyses. Il serait incongru qu’un civil ou un militaire autre que Capitaine TRAORÉ dirige cette transition.

  • Le 8 octobre 2022 à 11:02, par Yako En réponse à : Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

    Merci prof pour cette sortie, que tout citoyen raisonnable partage l’esprit.En effet, le pays est en guerre et la gouvernance doit l’être aussi pour espérer vaincre l’ennemi et ensuite revenir au fonctionnement normal de l’état. D’où la nécessité de maintenir l’état d’exception jusqu’aux prochaines élections en 2024 comme horizon.je disais au lendemain du putsch des capitaines qu’il faut bien se garder d’une transition civilo-militaire inopportune et inefficace et le pays réel n’a aucun problème à accepter un régime d’exception dans un contexte de guerre. Tirant leçon de la transition pilotée par le couple Zida/Kafando/Sy qui non seulement a connu un putsch septembre 2015 pire elle a transmis le pouvoir au triumvirat dans des conditions moralement discutables ce qui va maintenir le pays 6 ans durant dans une sorte de guerre sociale car ils ont gouverner par exclusion,le terrorisme en a profité pour s’installer.Comme quoi, notre division en interne profite toujours à l’ennemi.Conclusion : le capitaine doit assumer son acte et agir comme tel.Vouloir s’engouffrer dans des institutions transitionnelles ne rend pas service ni à son arme ni à son pays.En tout cas s’il ne veut pas lui aussi finir comme voisin de Zida dans le quartier vieux Montréal il est important qu’il fasse un choix clair et net. Yako

  • Le 12 octobre 2022 à 12:10, par Rasmus En réponse à : Situation nationale : Le Burkina Faso et ses paradoxes politiques

    Bonjour Mr Bationo
    Merci pour cette contribution
    J’ajouterai que le fait de créer ce charivari institutionnel et juridique dans la conduite des affaires, après une prise de pouvoir en dehors du droit, relève d’une volonté de ne pas s’assumer. En effet, les fautes et échecs éventuels sont mis sur le dos des autres. Si une telle attitude est admissible en régime démocratique (les fusibles qui sautent), elle l’est moins dans un régime d’exception : il faut s’assumer. Si on cherche d’avance des boucs émissaires, soit l’objectif n’est pas clair, soit les motivations ne sont pas avouables (il faut appeler un chat, un chat)
    En outre, nous sommes dans une période de turbulences où le maître d’antan ne sait même pas comment se comporter, jouant sa survie. Cela impose également qu’il faille s’assumer avec comme boussole l’intérêt collectif, l’intérêt de la nation. Toute autre appréciation conduira à l’échec, comme de Zida à Damiba en passant par Kaboré.
    Seul votre peuple peut vous protéger, vous, votre famille et vos ancêtres. Pour cela, il faut que vous œuvrez dans le sens des intérêts de ce peuple, même avec des moyens limités.

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