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Immigration clandestine : Melilla se ferme à des Burkinabè

Publié le mercredi 21 décembre 2005 à 09h49min

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Embarqués dans une aventure à l’issue incertaine, qui les a conduits aux portes de l’Espagne, de jeunes Burkinabè ont vu leur rêve brisé par leur rapatriement au Faso natal, via l’Algérie. Ils ont été remis aux autorités burkinabè, le lundi 19 décembre 2005, sous grande escorte de militaires algériens.

"Si les richesses ne vont pas où sont les hommes, les hommes iront où sont les richesses ». Cette assertion, beaucoup de jeunes d’ici et d’ailleurs l’épousent entièrement, eux qui, pour la recherche du bien-être matériel, n’hésitent pas à franchir le pas, souvent au risque de leur pauvre vie. Des exemples, il y en a à foison.

On se rappelle ce naufrage en pleine mer d’une embarcation de fortune, transportant des émigrés vers le Gabon, naufrage duquel ont pu être sauvées 161 personnes, dont 87 Burkinabè (Cf. l’Observateur Paalga n° 6475 du mardi 13 septembre 2005).

Il y a cet autre incident spectaculaire qui, en octobre dernier, a mis en péril la vie de plusieurs autres candidats à l’aventure vers l’Europe. Deux de nos compatriotes avaient été repêchés in extremis du bourbier et reconduits à la maison (Cf. l’Observateur Paalga n° 6510 du mercredi 02 et jeudi 03 novembre 2005). Trois mois après, tout semble indiquer que les aventuriers n’ont pas encore appris la leçon

L’eldorado à tout prix

C’est aux environs de 18 h que le 7 T-WHO 4897, l’avion militaire de l’armée algérienne, a atterri à l’aéroport international de Ouagadougou. A son bord, des rapatriés burkinabè d’Algérie. Le gros oiseau de fer mit du temps à libérer ses passagers, le commandant de bord, ayant refusé qu’ils soient filmés.

Celui de la gendarmerie de l’aéroport ne l’entendait pas de cette oreille. Il donna l’ordre aux photographes et au seul cameraman présent d’immortaliser le transfert. C’est donc sur ces entrefaites que le « colis » est enfin livré et conduit au hall d’arrivée.

Huit au total, on comptait parmi eux un malade mental, un autre souffrant de douleurs gastriques et un troisième, d’une fracture à la cheville. Dans le cargo militaire, qui a ramené les nôtres, se trouvaient d’autres rapatriés : un Béninois et un Libérien, passagers que la partie algérienne a tenté, par une vaine négociation, d’abandonner entre les mains des autorités burkinabè.

L’Algérie, une intermédiaire pour évacuer des indésirables

Nos frères Burkinabè n’ont pas été les seuls à être refoulés vers leur pays d’origine. Il y avait, avec eux, d’autres nationalités dont des Maliens, de loin les plus nombreux. Ils avaient réussi à atteindre Melilla, l’enclave espagnole située sur la côte méditerranéenne du Maroc.

Comme Boureima Sana, un élève de 25 ans de niveau 3e, originaire de Zabré, ils y ont passé deux semaines avant d’être reconduits dans un ghetto au pays de Mohamed VI.

Leurs conditions de détention auraient été des moins enviables et c’est de camp d’internement en camp d’internement qu’ils ont finalement atteint le voisin algérien, qui s’est finalement chargé de convoyer chaque nationalité chez elle par un vol spécial.

Parvenus au pays natal, les rapatriés burkinabè ont été accueillis, après les formalités d’usage, par les responsables du Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (CSBE), qui se chargeront de leur hébergement, leur restauration et leur transport en direction de leur résidence d’origine, pour ceux d’entre eux qui le souhaitent. Ils ont tout perdu, ou presque, dans leur mésaventure. La plupart avouent ne plus rêver de tenter encore l’expérience, pour rien au monde.

Pourvu que ce qu’ils ont vécu serve de leçon à leurs frères qui sont restés au terroir et qui seraient déjà piqués par le virus de l’immigration...clandestine.

D. Evariste Ouédraogo

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Liste nominative des ressortissants du Burkina Faso identifiés

1- Diallo Hamidou né en 1980 à Dori
2- Diabo Salam, né en 1965 à Sampema
3- Louré Adama, né en 1984 à Zabré
4- Sana Boureima, né en 1979 à Zabré
5- Dao Idrissa, né en 1976 au Burkina
6- Dabiré Tiérry,né en 1981 au Burkina
7- Dabré Saïdou, né en 1981 à Zabré
8- Saré Adama, né en 1974 à Gambo

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2005 à 11:57, par L’analyste En réponse à : > Immigration clandestine : Melilla se ferme à des Burkinabè

    Messieurs les autorités, vous avez pas le droit de filmer des gens contre leur gré, c’est de l’excès de zèle,ils pourraient vous poursuivre en justice et a juste titre d’ailleurs. Notre jeunesse se meurt, les tentatives d’immigration vont se poursuivre, les gens en ont marre de galerer et ils sont prêts a tout pour fuir la misère. C’est clair que c’est une très mauvaise idée de vouloir etre imigrant clandestin mais quand on est a bout, on est prêt a tenter tout. Allez dans les bas quartiers, vous entendrez des phrases du genre "si on me propose de vivre heureux 3ans et de mourir ensuite, j’accepte"..allez y comprendre quelque chose...c’est de la detresse, la logique de "ya plus d’espoir".. Vous n’avez pas non plus compris qu’on est en face d’une nouvelle generation de Burkinabé, qui a emergé a nos pieds sans qu’on s’en rende compte : les premiers n’avaient pas beaucoup ambition, n’avaient pas le gout du risque et se contentaient de peu (les 50000FCFA ca me suffit)... la seconde est plus forgé au moule de la diaspora,a beaucoup voyagé surtout dans la sous region, est plus ambitieuse... Celle la est prête a tout pour quitter la misère. Cette nouvelle generation monte et si rien n’est fait pour lui trouver des solutions, elle prendra ses responsabilités même au prix de sa vie. Et tel l’effet de masse, elle contanimera la première generation, parceque bien qu’ils ne voient pas les choses de la même manière, ils se cotoient souvent. Il y’a donc fort a parier que dans les années qui viennent, il y est de grand flux migratoire en sortie du Burkina.. si rien n’est fait pour trouver des solutions à cette jeunesse. Il ne sert a rien de se voila la face

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