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Affaire de vol de chèque : Un procès à rebondissements

Publié le samedi 3 décembre 2005 à 07h11min

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L’audience correctionnelle du tribunal de grande instance de Ouagadougou en sa séance du 30 novembre dernier a vidé des dossiers de vol, complicité de vol. Voici le récit d’un procès à rebondissements. Le sieur rasmané Tiendrébéogo travaille depuis 20 ans à la représentation de la FAO. au Burkina. Chauffeur de son état, il est marié et père de 10 enfants.

Il est prévenu d’avoir, courant juillet 2005 soustrait frauduleusement un chèque appartenant à Mme Alimata Nignan, une collègue de service. Un délit punit par l’article 449 du code de procédure pénale qui stipule en substance que quiconque soustrait frauduleusement un bien appartenant à autrui est coupable de vol. Comment les faits se sont-ils produits ? En effet, soutient la plaignante, de retour d’un congé au Ghana, elle constate que ses tiroirs avaient été ouverts de « façon professionnelle » et se rend compte que des tickets de son chéquier se sont envolés. Toujours, selon ses témoignages, elle appelle son banquier pour l’informer du vol des chèques. Après vérification Mme Nignan s’aperçoit qu’un chèque de 900 000 F CFA est passé sur son compte.

Ces faits remontent au 06 septembre dernier et le chèque était endossé sous le nom de Moumouni Dao dont la carte d’identité aurait été délivrée par le commissariat de police de Bogodogo. Mais c’est le 25 octobre que Mme Nignan découvre ce vol. Elle décide alors de s’y rendre pour vérifier l’authenticité du document d’identité. Elle est informée plus tard par le commissaire que ce document est un faux et que ses services n’ont jamais délivré une CIB pour le Sieur Dao.

Lasse mais décidée à découvrir la vérité sur cette affaire, elle informe ses supérieurs hiérarchiques qui constatent en présence du vigile du jour que les tiroirs ont effectivement été fouillés. Ceux-ci adressent alors une correspondance aux sociétés de nettoyage et de gardiennage, la dernière n’ayant jamais répondu. Toujours dans son élan de découvrir la vérité, la plaignante fait photocopier le registre des visites chez le vigile.

C’est à l’aide de celui-ci qu’elle dépose plainte à la gendarmerie contre X. Suite à une confrontation d’écriture qui en réalité a permis d’établir une similitude, l’officier de police judiciaire marque sa volonté d’entendre Fatogoma Diomou alors vigile en service à la F.A.O. au moment des faits et employé de la société de gardiennage Security Guard mais qui entre temps, a démissionné de cette société et pris service à la direction régionale de la Santé du Sahel à Dori comme garçon de salle le 12 août 2005. « Depuis lors, je ne suis plus revenu à Ouaga et le dernier chèque que j’ai endossé pour M. Tiendrébéogo remonte à courant juin juillet », a-t-il expliqué au cours du procès. Celui-ci avoue que c’est son écriture et confie aux enquêteurs avoir rendu service à Rasmané Tiendrébéogo en endossant le chèque pour lui.

A la barre M Diomou qui est inculpé pour complicité de vol reconnaîtra que le sieur Tiendrébéogo a l’habitude de lui demander assistance mais nie avoir endossé le chèque d’un montant de 900 mille FCFA. Il affirme par la suite que l’enquêteur lui aurait suggéré de reconnaître les faits afin que Mme Nignan retire sa plainte et que l’on règle l’affaire à l’amiable.

A ces propos, Me Sylvie Dembélé qui est le conseil de Mme Nignan monte au créneau et fait observer que le prévenu contredit sa déposition qu’il a lui-même signée. Dans sa plaidoirie, elle demande à la Cour de condamner solidairement les deux prévenus à payer Mme Nignan, la somme de 960 000 FCFA et 300 000 F CFA au titre de dommages et intérêts. D’autant soutient Me Dembélé, que Rasmané Tiendrébéogo s’est engagé à rembourser le chèque, « chose qu’un innocent peut faire.

De son côté le conseil des prévenus, Me Issa Diallo note que l’instruction du dossier a révélé que beaucoup d’éléments manquent . « Je doute fort que la partie civile n’ait pas elle-même soustrait son chèque. On ne peut pas dire que c’est tel ou tel qui a soustrait le chèque sur la base d’une seule écriture », s’insurge Me Diallo ajoutant que dans ces conditions si lui-même était passé à la F.A.O., il serait aujourd’hui à la barre : « c’est la première fois que j’entends que des tiroirs qui se ferment en chaîne l’ont été sans que l’un ne le soit. Il conclut alors que l’infraction n’est pas constituée car dit-il mon client n’a pas été retrouvé dans le bureau de Mme Nignan par un personnel X. Il termine sa défense en demandant à la cour la relaxe de son client.

Dans son réquisitoire, le parquet note que les soupçons se fondent uniquement sur la similitude de l’écriture de M. Diomou. Il en déduit que la preuve n’est pas suffisamment établie étant donné que cela n’a pas été fait par un expert. Il requiert qu’il plaice à la Cour de relaxer les prévenus au bénéfice du doute. Le tribunal présidé par Pulchérie Sawadogo dans son verdict a accédé à la requête du parquet. Il a donc décidé de la relaxe pure et simple des prévenus.

S. Nadoun COULIBALY (oulibalynadoun2002@yahoo.fr)
Sidwaya

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