Coup d’Etat au Burkina Faso : Les syndicats vont consulter leurs bases pour avoir la conduite à tenir, selon Marcel Zanté de la CNTB
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Depuis hier, 23 janvier 2022, le Burkina faso vit une situation politique tendue avec pour corollaire l’arrestation du président du Faso, Roch Kaboré. Quatre responsables d’organisations syndicales membres de l’UAS ont convié la presse dans l’après-midi de ce lundi 24 janvier 2022 afin de clarifier leur position par rapport à cette crise. A noter que la rencontre a eu lieu avant l’annonce officielle de la prise de pouvoir par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration.
La première réaction est venue du secrétaire général de l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL), Paul Kaboré. Il a condamné toute prise de pouvoir par la force. « L’ONSL ne cautionnera jamais cette situation. Je ne sais pas si c’est un coup d’Etat. Nous, ONSL, nous sommes des socio-démocrates. Un social-démocrate, c’est celui qui est jaloux de sa liberté. Il y a des gens qui sont élus et, normalement, la voix républicaine doit compter. Par conséquent, je n’épouse pas la façon de faire. Un coup d’Etat, quel que soit là où ça provient, nous ne sommes pas d’accord », a déclaré M. Kaboré estimant qu’avant d’user des moyens forts, les militaires mutins auraient dû privilégier la voix du dialogue. Ceci, en vue de trouver des solutions aux problèmes qu’ils dénoncent.
Se disant lui aussi attaché à la démocratie, le secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè (CSB), Olivier Gui Ouédraogo, a, pour sa part, exprimé des inquiétudes face à la dégradation de la situation politique : « Aujourd’hui, nous ne savons pas très bien ce qui se passe dans notre pays. Mais nous espérons que ce n’est pas une remise en cause des libertés démocratiques. Parce que notre existence est fondamentalement liée à cela. Nous avons eu beaucoup d’acquis à travers la démocratie. Nous ne nous voyons pas vivre sous d’autres cieux qu’un ciel démocratique. La démocratie, Quelles que soient ses faiblesses, je cite Winston Churchill, ancien Premier ministre du Royaume-Uni : c’est le moins mauvais des systèmes ».
En tout état de cause, la CSB condamne sans équivoque tout coup de force.
De son coté, son collègue de l’Union syndicale des travailleurs du Burkina (USTB), Ernest Abdoulaye Ouédraogo, n’est pas passé par quatre chemins pour cracher ses vérités. Pour lui, cette situation provoquée par les hommes en armes est écœurante. Il va plus loin en disant : « si chaque Burkinabè de part ce qu’il a comme force devrait peut-être se comporter ainsi, je pense que nous n’allons pas vivre en paix. Le syndicat évolue. Si par exemple la SONABEL, devait arrêter l’électricité tous les matins ou nos camarades de l’ONEA arrêter l’eau tous les matins, vous pensez vraiment que ce Burkina allait être là où il est ? ».
M. Ouédraogo ne décolère pas : « C’est vrai, ils ont la force, ils peuvent nous tuer mais ce n’est pas ça qui va les grandir. (…) Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui, on a affaire à un pouvoir civil qu’il faut le martyriser et nous malmener chaque matin. Nous en avons marre. Il faut dire la vérité. Moi, je n’ai pas peur. Advienne que pourra ».
Le secrétaire général de la Confédération nationale du travail du Burkina, annonce une concertation avec les travailleurs pour la conduite à tenir. « Nous sommes prêts pour cela », soutient Marcel Zanté, rappelant qu’en 2015, l’UAS a lancé un mot d’ordre pour demander aux travailleurs et aux populations de protester contre le coup de force du général Diendéré.
Aïssata Laure G. Sidibé
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