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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le général Gilbert Diendéré ne reconnait pas avoir envoyé un soldat au standard

Publié le mercredi 22 décembre 2021 à 22h57min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le général Gilbert Diendéré ne reconnait pas avoir envoyé un soldat au standard

Avant la suspension de l’audience, ce mercredi 22 décembre 2021, la Chambre de jugement du tribunal militaire de Ouagadougou a entendu le témoignage du sergent à la retraite Pascal Bassorougou. Il était en poste au conseil de l’Entente, précisément au service des transmissions.

À la barre, le témoin a déclaré qu’il était de service, entre 15h et 16h, lorsque des militaires du conseil de l’Entente étaient à un rassemblement, à l’issue duquel un sous-officier a donné un cours de combat. « Pendant qu’on était à ce cours, j’ai vu des éléments descendre d’un bâtiment et rentrer dans deux véhicules pour se diriger vers le bureau du président Thomas Sankara. Nous avons entendu des coups de feu. C’était la débandade. J’ai rejoint mon service et après on a entendu qu’il s’agissait d’un coup d’État. », a déclaré Pascal Bassorougou.

Il dit également avoir reçu, aux environs de 22h, un ordre du lieutenant Gilbert Diendéré d’aller dire au standard « d’ouvrir la ligne de Kamboinsin ». Rappelons au passage que c’est dans ce quartier situé à la périphérie nord de Ouagadougou que se trouvait l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR), un corps jugé proche du président Sankara.

« J’ai pris mon arme et je suis allé. J’ai dû enjamber le sang des victimes. Quand j’ai tapé à la porte, les éléments du standard criaient. Je leur ai dit que je ne leur voulais pas du mal et que le chef de corps m’envoyait leur dire d’ouvrir la ligne de Kamboinsin. Leur chef Boureima Sawadogo m’a dit que c’est fait. Et je suis allé rendre compte au lieutenant Diendéré », a raconté le témoin.

Après ces déclarations, le président du tribunal a demandé au témoin s’il savait comment on ouvrait ou fermait une ligne. Il a répondu par la négative en précisant que bien qu’étant des transmissions, il n’avait pas fait la phonie.

Selon Me Olivier Yelkouni, si son client général Gilbert Diendéré a envoyé le soldat Bassorougou d’aller faire ouvrir la ligne de Kamboinsin aux environs de 22h, cela voudrait dire que ladite ligne était fermée. « Comment l’officier Morifing Traoré a-t-il réussi à contacter le conseil de l’Entente, aux environs de 19h ? », se demande bien l’avocat.

Après cette première incohérence, l’avocat a lu un passage de la déposition du témoin qui a dit au juge avoir également reçu l’ordre de Diendéré, peu avant 22h, de transmettre un message pour l’envoi d’un renfort militaire à partir de Pô. Cette ville, située au sud du Burkina, abritait le centre national d’entrainement commando (CNEC).

Pour Me Yelkouni, il s’agit d’une deuxième incohérence, car des témoins ayant fait partie du renfort militaire venu de Pô ont affirmé à la barre avoir quitté la ville aux environs de 18h en direction de Ouagadougou.

Confus, Pascal Bassorougou reconnaitra à demi-mots s’être entremêlé les pinceaux pour ce qui est des horaires. Mais il est catégorique : Il a reçu les ordres du lieutenant Diendéré, son chef de corps.

« Je suis un peu surpris de cette affirmation. Je ne savais pas si la ligne était fermée ou pas. Le standard n’était pas sous ma responsabilité, mais relevait de la présidence. Et les chefs des deux standards ont été nommés directement par le président du Faso. Je n’avais pas de main mise sur le standards », a déclaré le général Gilbert Diendéré, pour sa défense.

D’autres avocats de la défense ont également saisi la balle au rebond pour confondre le témoin à ses propres déclarations pendant l’instruction du dossier. Selon Me Mamadou Sombié, il avait donné au juge, l’identité des membres du commando qui ont embarqué dans deux véhicules en direction du bâtiment où se trouvaient le président et ses compagnons. Il avait cité Nabié N’soni, Hyacinthe Kafando, Élysée Ilboudo, Paté Maïga, Arzouma Ouédraogo dit Otis et Nabonsseouindé Ouédraogo.

À la question de Me Mamadou Sombié de savoir s’il connait bien son client Nabonsseouindé Ouédraogo, le témoin répondra par l’affirmative en disant qu’il faisait partie de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré. Sur insistance de l’avocat, Pascal Bassorougou n’est plus affirmatif sur la présence de Nabonsseouindé Ouédraogo dans le commando. Tantôt silencieux, tantôt avec la voix titubante.

Selon Me Mamadou Sombié, le témoin fait une confusion entre Nassonswendé Ouédraogo et son client Nabonsseouindé Ouédraogo. Le premier était membre de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré et le second montait la garde au pied-à-terre du domicile de Blaise Compaoré.

Après cela, le président de la Chambre a engagé un interrogatoire avec le témoin sur sa santé.

- Est-ce que vous êtes en bonne santé ?
- Ma vue n’est plus normale
- Et votre mémoire ?
- J’ai tendance à oublier vite. Je peux déposer quelque chose et quelques instants ne plus savoir là où j’ai posé cette chose.
- Même quand quelqu’un vous doit de l’argent ? Quand on vous communique la date de la pension là, vous oubliez ?
- Non, cela ne m’est jamais arrivé.

À la fin de son audition, Urbain Méda a cité les noms des quatre témoins à décharge du colonel-major à la retraite Jean-Pierre Palm. Ce dernier, selon son avocat, bénéficie d’un repos médical de 72h qui court jusqu’au 23 décembre inclus. Par conséquent, le conseil a souhaité que la déposition de ces témoins se fasse en présence de l’accusé, c’est-à-dire, à la reprise de l’audience, puisque celle-ci devrait être suspendue le 23 décembre pour ne reprendre que le 4 janvier 2022.

HFB
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Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2021 à 23:07, par Ka En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le général Gilbert Diendéré ne reconnait pas avoir envoyé un soldat au standard

    Je vois dans toutes les analyses de ce procès qu’un caca est seul contre toutes et tous les internautes de bonne foi pour défendre ses criminels ! Qu’il sache qu’on peut dire en lisant les mensonges de ce félon, que l’ombre et la mort des âmes tués hantent déjà Gilbert Diendéré, Blaise Compaoré, et Jean P. Palm. Retenons qu’il n’y a jamais de meurtre parfait... qui l’aurait cru....d’une manière ou d’une autre le fou ou le menteur a toujours une vérité a dire : La vérité est que les trois ont tué l’idéologue Thomas Sankara pour un pouvoir sanguinaire.

    • Le 23 décembre 2021 à 17:47, par caca En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le général Gilbert Diendéré ne reconnait pas avoir envoyé un soldat au standard

      >Vieux Ka ! Bonne fête de Noel car un fils nous est donné dans le ciel.
      Au moment où la constitution du Burkina est garant de la liberté d’opinion et d’expression, caca est libre de défendre ou de soutenir de qui lui semble. Je vois dans toutes les analyses de ce procès qu’un caca est seul contre toutes et tous les internautes de bonne foi pour défendre ses criminels !
      Vieux Ka y a-t-il un mal que je choisis mon quand ? Je ne insulte personne et en faisant mes analyses. Je ne suis pas obligé de suivre tout le monde. Le parquet reconnait que personne parmi les accusés devaient dire des choses pour satisfaire les attentes de la partie civile. Les accusés ont droits de défendre dans une accusation d’attentat à la sureté d’état dans la personne du président du Faso. Certains ont été accusés de complicité et le parquet cherche des preuves de leurs culpabilité et jusqu’à présent aucune preuve n’a été établi de manière claire que les personnes inculpés sont coupable de la mort de Thomas Sankara. Chacun est libre dans ses convictions.

  • Le 23 décembre 2021 à 08:24, par Fiho En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le général Gilbert Diendéré ne reconnait pas avoir envoyé un soldat au standard

    C est vraiment honteux pour un chef de corps ou un général de ne ne jamais reconnaître les ordres qu’il avait donné sans savoir que un jour il fera face à la justice c est dommage pour moi il connaît tout et c est lui qui a tout organiser il faut le condamné à perpétuité il est très mauvais je me demande quel éducation donne t il a ces enfants à ma maison un criminel qui ce dit général ?qui qui ne sais pas qun jour là vérité sera il continue toujours de mentir Dieu donnera raison a tout le monde vivant ou mort

  • Le 23 décembre 2021 à 09:21, par Seydou SESSOUMA En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le général Gilbert Diendéré ne reconnait pas avoir envoyé un soldat au standard

    Ce procès me fait tristement penser à un spectacle de grands enfants. Les enjeux de ce procès sont complètement fourvoyés, et ce depuis le départ.
    Comment pensez-vous juger une personne sur vous n’avez aucun levier de pression. C’est bien de Gilbert Diendéré dont il s’agit.
    Avant le début de cette mascarade, Gilbert Diendéré a bien pris soin de mettre bien à l’abri et sécurité sa famille, et cela grâce au chef de gang Macky Sall.
    Et depuis, il vous nargue. Il dit ou ne dit pas ce qu’il veut, quand il le veut, et comme il le veut. Allègrement.
    Le rapport de force n’est pas équilibré. Et c’est un déséquilibre en faveur de la défense. Il (Gilbert Diendéré), est dans un confort psychologique qu’il faut impérativement rompre et casser. Croyez moi il y a bien plus de manières de contraindre cette personne à ce mettre à table et même à pousser la chansonnette. Tant qu’on ne sera pas dans cet esprit là, on peut considérer que ce procès, aussi coûteux qu’il soit, n’est qu’un concert de mandoline !

  • Le 23 décembre 2021 à 16:08, par Nabiiga En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le général Gilbert Diendéré ne reconnait pas avoir envoyé un soldat au standard

    @ Seydou Sassouma

    ’Comment pensez-vous juger une personne sur vous n’avez aucun levier de pression.’

    Seydou, on te comprend. Les sentiments de colère qui t’abritent sont palpables ; on comprend ta douleur mais ne te décourage pas, ce dont tu crains n’a pas de fondement dans un procès tel que celui-ci. N’étant pas juriste, je ne saurais dire grand-chose mais la cour ne dispose pas assez d’autorité pour contraindre l’accusé à s’exprimer si l’accusé décline l’invitation de s’exprimer. Il a le droit de garder le silence. Oui, nous sommes tous d’accord avec toi que ce félon, hypocrite, peureux et exploiteurs des subordonnés, ne subisse pas le même sort qu’il a fait subir d’autres mais la cour n’a pas d’option à lui imposer quoi que ce soit. Une note heureuse par contre : Il est bien écroué dans une cellule de luxe à MACA, privée de ses mouvements, lui qui aimait autant pavaner partout à Ouaga, une ville acquise à sa cause par les différents assassinats dont il en est la cause. C’est déjà assez pour nous pour le moment en attendant la fin de ce procès. Calme-toi.

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