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Paix et Cohésion sociale : « Nous pouvons instaurer et animer en permanence des cadres de dialogues dans nos différents milieux pour renforcer nos liens sécuritaires et avancer unis contre toutes les formes d’adversités », Rugga Beleko Barry

Publié le jeudi 23 décembre 2021 à 11h00min

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Paix et Cohésion sociale : « Nous pouvons instaurer et animer en permanence des cadres de dialogues dans nos différents milieux pour renforcer nos liens sécuritaires et avancer unis contre toutes les formes d’adversités », Rugga Beleko Barry

Face à la guerre sans merci imposée au Burkina Faso par les groupes extrémistes violents, les autorités burkinabè ont lancé récemment un appel à l’unité nationale et à la mobilisation populaire pour appuyer l’action militaire en cours depuis le déclenchement de la crise. Faisant suite à cet appel, la Coalition Jam pour la paix et la cohésion sociale (CJPCS) a initié une rencontre le dimanche 19 décembre 2021 à Ouagadougou, entre ses cadres et des personnes-ressources en vue d’apporter sa pierre pour la paix et un meilleur vivre ensemble dans le pays.

La Coalition Jam a entrepris de remobiliser ses membres pour mener des actions d’envergure sur le terrain, à travers la présente rencontre placée sous le thème : « Pour la consolidation de l’État, la prévention de la radicalisation et la victoire sur l’extrémisme violent, comment capitaliser sur les mobilisations populaires historiques des Burkinabè de la période coloniale à nos jours ? ».

« Notre association a jugé opportun de convoquer cette rencontre afin de recueillir le maximum d’idées et de fédérer les énergies pour une plus grande couverture et une efficacité prometteuses de résultats probants sur le terrain », a notifié Rugga Beleko Barry, président de la coalition CJPCS.

Quelques participants à la rencontre de la Coalition Jam pour la paix et la cohésion sociale (CJPCS)

Des idées, il en ressortira plus d’une dans l’allocution du leader de la Coalition Jam. Il s’agit notamment du dialogue et de la sensibilisation contre la stigmatisation et le repli identitaire, de la solidarité envers ceux qui sont dans une difficulté quelconque du fait de l’extrémisme violent.

« Nous pouvons encourager nos enfants qui s’engagent sur le champ de bataille pour notre protection, en nous montrant dignes et en soutenant leurs familles », a signifié Rugga Beleko Barry.

Les autorités religieuses et coutumières présentes ont en effet, formulé des bénédictions pour la réussite de cette rencontre qui a été ponctuée d’une communication sur l’appel à la mobilisation ainsi que d’ateliers sur les défis sécuritaires et les solutions attendues.

Subdivisés en plusieurs groupes, les participants, venus des quatre coins du Burkina Faso, ont échangé sans langue de bois autour de la question sécuritaire pour la restauration de la paix dans le pays.

Au cours de ces ateliers, l’un des participants a donné ce témoignage : « Deux conseillers d’une commune ont fui leur localité estimant que l’insécurité s’est aggravée dans leur zone pour avoir vu des personnes se faire abattre. Pour comprendre ce qui se passait, nous avons envoyé une délégation chez le gouverneur de la région concernée qui, au départ, ne voulait pas nous recevoir. Après lui avoir exposé les faits, il nous a répondu que ce que nous avancions était faux et n’existait pas », a-t-il déploré.

Rugga Beleko Barry, président de la coalition CJPCS.

L’homme propose de ce fait qu’il faudrait toucher urgemment les plus hautes autorités burkinabè pour donner un message aux gouverneurs.

Puis de conclure par cette recommandation : « Que l’autorité centrale puisse envoyer des messages forts dans le sens d’apaiser les gens, car si le remède devient pire que la maladie cela devient très compliqué ».

Un autre participant recommande de se méfier de l’apparence qui est parfois trompeuse. « J’ai vécu le cas et j’en parle avec expérience. Par exemple, nous qui sommes là en tant que société civile, vous pouvez tous avoir confiance en moi, mais en réalité ce que je fais, vous ne le savez pas. Cela, c’est de l’apparence. Nous avons vécu plusieurs cas de ce genre et lorsqu’on vous fournit les preuves, vous tombez à la renverse », a-t-il affirmé.

La pauvreté et le chômage structurel à l’origine de la radicalisation des jeunes
Après être brièvement revenu dans sa communication sur l’historique du Burkina Faso, à travers les grandes luttes qui ont été à l’origine de sa reconstitution en 1947 et de l’acquisition de son indépendance le 5 août 1960, Issaka Sourwema, Dawelg Naaba Boalga, ambassadeur de la paix du REFFOP-BF a relevé quelques facteurs incitatifs de la radicalisation et de l’extrémisme violent dans le pays.

Ces facteurs sur le plan politique sont, selon lui, dus à la mauvaise gouvernance, l’absence ou distance entre l’administration et les administrés, la persistance de l’impunité, de la corruption et de l’incivisme, les litiges de succession au niveau des pouvoirs traditionnels, l’implication des acteurs politiques dans le règlement des litiges de succession, la criminalité foncière dont se rendent coupables certains élus locaux.

Un des groupes de discussions des ateliers sur la situation sécuritaire au Burkina Faso

Au niveau économique, il ressortira qu’un large consensus révèle que la radicalisation des jeunes est du fait de la pauvreté et du chômage structurel. « Le manque d’emploi et l’absence de perspectives mettent particulièrement les jeunes dans une situation de vulnérabilité face à des alternatives plus attractives offertes par les groupes extrémistes. C’est le cas particulièrement des jeunes talibés qui, dans un sentiment d’abandon, peuvent insidieusement ou par attraction, basculer dans un processus de radicalisation », a souligné Issaka Sourwema.

Ce cadre d’échanges a permis notamment de faire l’état des lieux de la situation sécuritaire dans les différentes régions du pays, de donner une compréhension plus claire des attentes liées aux appels lancés, d’identifier les actions urgentes à mener dans les différentes régions et les pistes de mobilisation des populations.

Au terme de ladite rencontre, les résultats attendus sont, entre autres, l’adhésion des leaders d’opinion et des populations aux appels lancés par les autorités nationales, le renforcement de la cohésion nationale et la mobilisation populaire dans la lutte contre la violence extrémiste et le terrorisme.

A cela s’ajoute l’émergence d’initiatives populaires pour la lutte contre le terrorisme et le renforcement de la confiance entre les populations et leurs gouvernants.

« Il n’est plus besoin aujourd’hui de pleurnicher sur ce qui nous arrive encore moins de tergiverser sur qui doit faire quoi ou qui n’a pas fait quoi. Il est plutôt urgent d’agir dans la complémentarité pour permettre à notre nation de retrouver sa quiétude d’antan où les différentes communautés qui la composent vivaient dans une parfaite symbiose », a indiqué Rugga Beleko Barry

Hamed NANEMA
Lefaso.net

Photos
1.
2. Quelques participants à la rencontre de la Coalition Jam pour la paix et la cohésion sociale (CJPCS)
3. Rugga Beleko Barry, président de la coalition CJPCS
4. Un des groupes de discussions des ateliers sur la situation sécuritaire au Burkina Faso
5.Issaka Sourwema, Dawelg Naaba Boalga, ambassadeur de la paix du REFFOP-BF

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Vos commentaires

  • Le 19 décembre 2021 à 14:42, par TANGA En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Ç c’était où ?
    J’avais fait cette proposition sur lefaso.net et cela à plusieurs reprises.
    Si chaque association avait au moins un membre qui lisait, écoutait les différents médias, beaucoup de choses pouvaient déjà êtres faites.
    Allons seulement.
    Il est préférable de mettre les contactes de l’association pour que celui qui veut puisse donner son idée. Bien entendu, ils ne pourront pas prendre tout en compte mais avoir plusieurs idées c’est déjà quelque chose.

    tangatapsoba@yahoo.fr

  • Le 19 décembre 2021 à 15:28, par Yovis En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Bonne idée. Car il faut occuper ou disputer le terrain aux terroristes. Chaque espace doit être couvert. Si les religieux arrivent à remplir leur part, les structures et institutions de l’État doivent suivre pour plomber les ressorts de ces brigands.

  • Le 19 décembre 2021 à 15:47, par Burkina En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Ça y est !
    C’est maintenant que nous vaincrons le terrorisme.
    Voilà ce que le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) et autres gros intellectuels devaient faire depuis longtemps au lieu du repli identitaire ou le silence coupable derrière lequel ils se sont complus jusque-là.

  • Le 19 décembre 2021 à 16:41, par Fasovision En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Une initiative à saluer. C’est un bel exemple de contribution des citoyens, comme le requiert la situation. C’est également une proposition pertinente, ce point de vue du président de l’association concernant le contre-discours terroriste qu’il conviendrait de servir, à tous les niveaux, face à ce qui n’est autre qu’une propagande d’individus qui, à l’évidence, sont manipulés pour se livrer aveuglément au mal.

    Déconstruire dans les mentalités, autant que l’on peut, le mensonge transformé en vérité par ce jeu propagandiste, justement. Car il n’y a aucun avenir ni dans le terrorisme ni pour le terrorisme. Pas besoin donc d’aller s’asseoir et imaginer y "faire carrière ou fortune". C’est tout simplement un chemin sans issue aucune. A quelque niveau que ce soit, ce message a besoin d’être communiqué à tous, jeunes ou plus âgés.

    La jeunesse mais aussi tous, nous avons, en effet, besoin d’appréhender la vie, particulièrement en ces moments de défi, avec lucidité et responsabilité, pour ne guère nous fourvoyer loin des sentiers de la vie.

  • Le 19 décembre 2021 à 19:56, par Le petit En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Pesez de votre poids pour éradiquer les talibets dans nos différentes villes. Certains maîtres coraniques sont des truands et vous le savez mieux que quiconque.
    Courage à toute l’équipe.

  • Le 19 décembre 2021 à 20:30, par Ed51 En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre-discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Pour aller dans ce sens, il faut reconnaître, qu’au Burkina, il y a souvent la conviction que c’est Dieu qui décide tout. C’est donc facile aux terroristes d’utiliser cette voie.
    Ne nous contentons jamais des mots de celui qui les dit pour accepter une vision de la vie. Gardons notre libre arbitre. C’est le message important qu’on peut comprendre.

  • Le 19 décembre 2021 à 21:36, par boss En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre-discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Merci de servir le contre discours.
    c’est une des voies suivies en Mauritanie en plus de la répression militaire et ça marche pas mal.
    Ensemble personne ne peut nous faire quoi que ce soit.

  • Le 19 décembre 2021 à 22:54, par Passakziri En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre-discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Cette initiative me donne un bon sentiment que nous viendront à bout du terrorisrme. ... à condition de nous parler sans langue de bois, je le repète : SANS LANGUE DE BOIS.
    S’il y’a une attitude qui va à l’encontre d’un échange sans langie de bois, c’est bel et bien le terme STIGMATISATION parce qu’appliqué il est nuisible, et ressenti il est aussi nuisible. Pourtant dans la situation actuelle , les deux cas de figures sont prépondérantes. les uns (une minorités ) stigmatisent, les autres réssentent automatiquement la stigmatisation ( une minorité ?) . Pesonellement je pense qu’au delà des termes les communautés religieuses et (ethniques ?) que les groupes terrosristes font semblant de representer devraient s’en demarquer vigoureusement et intensifier la sensibilisation afin d’assécher les nids de récrutements, même si force est de reconnaitre que sans une perspective d’emplois décents des jeunes, le seuil d#attractivité de vendeurs d’illusions risque de rester bas.

    Neanmois, l#engaemenbt de la société civile avec ses moyens et methodes constitue une lueur d’espoir.

    Passakziri

  • Le 20 décembre 2021 à 00:59, par Bob En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre-discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Voyez la différence entre les discours évasifs et édulcorés du président du Faso qui n’ose pas appeler un chat un chat et les propos de Sourwema qui montrent clairement l’origine du mal. Pensez vous que des Fds qui rackettent, pillent, violent les populations auront le soutien de celles-ci ? Si un seul policier peut racketter dans la circulation à Ouagadougou sans être inquiétés alors sachez que cette guerre ne sera pas gagnée. Il faut la tolérance ZÉRO avec la corruption le vol la mauvaise gouvernance pour gagner. L’union commence par le respect de Tout et de Tous. C’est de cette RÉCONCILIATION dont on a besoin. Malheureusement tout ce qui est fait actuellement n’est que de la poudre aux yeux. Il n’y a eu aucun changement véritable. Merci aux conférenciers qui ont une très bonne lecture de la situation. Que Rock donne le pays à des gens de cette trempe et aille se reposer car il est lui-même un PROBLÈME

  • Le 20 décembre 2021 à 07:24, par Pthe Diallo En réponse à : Lutte antiterroriste : « Nous pouvons diffuser un contre-discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse », Rugga Beleko Barry

    Toutes mes felicitations a cette coalition JAM. Occuper le terrain, se faire entendre par les populations dans les zones les plus reculées avec un message religieux de tolerance qui demontre que les djihadistes sont des menteurs des usurpateurs, qu’ils ne connaissent rien en matière de religion. C’est la meilleure manière de les combattre. Une telle campagne permettra au plus vulnerables, aux jeunes chomeurs de comprendre que la voie des djihadistes est sans issue ! Vive le FASO

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