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Cent jours du mandat de Roch Kaboré : Dr Aimé Claude Tassembedo regrette la « continuité d’une politique molle »

Publié le lundi 17 mai 2021 à 15h23min

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Cent jours du mandat de Roch Kaboré : Dr Aimé Claude Tassembedo regrette la « continuité d’une politique molle »

Ceci est une déclaration de presse de Dr Aimé Claude Tassembedo, candidat indépendant à la présidentielle du 22 novembre 2020. Il se prononce sur les 100 jours du deuxième mandant du président Roch Kaboré. Dr Tassembedo donne son point de vue sur un certain nombre de questions qui touchent à la vie de la nation. Pour lui, la réconciliation nationale, « c’est une tentative de distraire les Burkinabè par une problématique fictive ».

C’est avec dévouement que nous avions, au soir du 22 novembre 2020, accepté le choix du peuple burkinabè ; lors de l’élection présidentielle de renouveler sa confiance en la personne de son Excellence Roch Marc Christian KABORE, et à son programme politique. Au seuil des cent jours de son mandat, ayant été candidat indépendant à cette élection présidentielle passée, nous n’avons pas eu de complexe à reconnaitre notre défaite.

Il est de notre devoir de donner notre point de vue sur le débat politique qui prévaut face aux défis majeurs qui s’imposent à savoir les questions sécuritaires, d’éducation et de l’emplois des jeunes.

De façon générale c’est avec regret, que nous avons constaté une absence de levier sur lequel le président s’est fondamentalement appuyé jusque-là.

On assiste à la continuité d’une politique molle avec comme caractéristique, face à ces défis, l’expression d’intentions et pas de perspective de solutions durables.

1- Dans le domaine sécuritaire : bien que l’armée ait évolué dans son organisation et engrangé des victoires certaines on assiste à une recrudescence des violences et attaques meurtrières avec les déplacements de population de plus en plus inquiétants.

En gestion de crise. Nous sommes convaincus que le chef de l’Etat dispose de compétences avérées au sein de sa majorité pour y réfléchir et mettre en œuvre l’effort conjugué de l’action militaire et de la diplomatie.

2- S’agissant de l’emploi des jeunes, nous avons une dégradation progressive. L’espoir devient un vain mot. La situation des jeunes et de leur employabilité est précaire. Sinon comment justifierez-vous le suicide répété en milieu estudiantin !
Quelle attitude adopte l’autorité politique face à ce niveau de détresse ! Sinon qu’un silence assourdissant. Nous sommes en droit d’alerter le chef de l’Etat pour qu’il dynamise et revoit sa politique, parce que la question sécuritaire est aussi économique, sociale, et politique. Pour aboutir à un début de solution il faut poser les bases d’une relance économique. Malheureusement, cette vision dans le programme politique du chef de l’Etat n’est pas clairement exprimée.

3- Au niveau de l’éducation nous assistons à une politique de tâtonnement. Avec des tournées que nous estimons inopportunes au vu des profils d’institutions et personnalités visités. La question des examens, et du rattachement du Baccalauréat n’est pas une urgence et pouvait être cerné dans la réforme globale de l’éducation pour la rimer avec le marché de l’emploi. Il faut un instant qu’il s’arrête pour réfléchir méthodiquement cette refonte de l’éducation en harmonie avec le milieu de l’emploi.

Manifestement il faut un réveil, parce qu’a l’issue des cent jours, nous restons toujours avec les mêmes inquiétudes bien qu’il ait été brillamment réélu.

Concernant la réconciliation nationale : Souvenez-vous que pendant la campagne présidentielle nous avions soutenu l’idée selon laquelle « il n’y a pas un problème de réconciliation nationale ». C’est une tentative de distraire les Burkinabè par une problématique fictive. C’est une coquille vide. La preuve est qu’on poursuit jusqu’à présent des formes de résolution, lesquelles nous mettent face à toute la contradiction obscure qui s’impose. Il n’y a aucune direction, aucune politique de réconciliation construite sur laquelle le chef de l’Etat a véritablement la main mise. Pour nous, c’est un faux problème et à un faux problème il n’y a pas de solution possible.

La problématique est qu’il y a des individus et des groupes d’individus dont certains sont toujours dans le système ; n’ayant pas changé de savoir-faire et savoir-être politique, noyés dans l’arrogance politique, abusant de leur statut, ont commis ou commandité des crimes politiques, économiques voire humains. Notre ultime souhait à ce jour est de voir un élan de justice. Pour cela il faut, s’inspirer des acquis de la révolution d’août 1983, en s’appropriant et dépoussiérant le système judiciaire des TPR (Tribunal populaire de la Révolution) tout en lui donnant des formes appropriées de juridiction exceptionnelle mais respectant les piliers démocratiques au lieu d’aller chercher des modèles au Rwanda, en Afrique du Sud, etc.

En outre, notre ferme conviction est que le ministère de la Justice et des droits humains est compétent à gérer tous les dossiers. La création d’un ministère de réconciliation, budgétivore dont les résultats restent vains, est inutile et donc à supprimer.

Pour bien orienter son action politique et réussir son quinquennat, le chef de l’Etat doit de notre point de vue, se focaliser sur la lutte contre la corruption et l’impunité, agir en priorité sur la promotion de l’emploi des jeunes.

- En urgence sur la sécurisation du territoire : conjuguer stratégiquement les efforts militaires et diplomatiques pour une solution définitive et durable. Il n’y a aucune inspiration diplomatique sur ce volet et c’est dommage. Le ministère des Affaires étrangères est totalement en sommeil. Il faut pourtant une diplomatie de résolution de la crise en amont des efforts des ministères de la Défense et de la Sécurité

- A court et moyen terme. Relancer l’économie nationale avec l’activation de l’emploi des jeunes. Les fonds alloués dans ce cadre peuvent être utilisés et optimisés autrement sous l’impulsion d’une politique volontariste du président de la république.

- A long terme, reformer le système éducatif en revoyant la démarche : prioriser une concertation plus soutenue entre les partenaires sociaux de l’éducation, les promoteurs de l’emploi, les représentants des élèves et étudiants et les parents d’élèves en vue de la conception d’un TDR à discuter pendant les assises. Pour cela il faut abroger les décisions qui ont été prises sur l’éducation afin de créer une ambiance de confiance non seulement entre les partenaires sociaux de l’éducation et les gouvernants mais aussi entre gouvernants et acteurs.

Dr Aimé Claude TASSEMBEDO

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Vos commentaires

  • Le 17 mai 2021 à 17:47, par HUG En réponse à : Cent jours du mandat de Roch Kaboré : Dr Aimé Claude Tassembedo regrette la « continuité d’une politique molle »

    Vous avez raison. le plus rien ne sera comme avant est devenu pire qu avant. Monsieur tassembedo tout le monde est largement rassemblé autour du mpp plus de 80 partis politiques, des autorites religieuses ey coutumieres qui dans leur grande majorité applaudissent le mpp pour ce que nous savons tous. Des osc a la solde du mpp pour ce que nous savons.Pourtant tous les maux sont la : vie chere,corruption , des deplacés internes nombreux., des terroristes occupant des portions du territoire..violation du decret de 2008 relatif a la remuneration des ministres, requisitoon de sg admis a la retraite...Courage a vous car le silence coupable n est pas une bonne chose

  • Le 17 mai 2021 à 18:08, par Toutehontebue En réponse à : Cent jours du mandat de Roch Kaboré : Dr Aimé Claude Tassembedo regrette la « continuité d’une politique molle »

    Je suis en phase avec cette analyse. Sauf là ou on dit que le président a été brillamment élu/réélu sur la base de son programme. En Afrique aucun chef d’état n’a été réellement élu sur la base de son programme, donc n’ayez pas peur de le dire à Rock aussi. Ayez l’honnêteté intellectuelle de le dire, car nos électeurs ne sont pas suffisamment éduqués pour ça. Leurs voix s’achètent souvent à moindre prix ( billets de mille ou deux mille francs suffisent) . Ce n’est pas de l’injure mais c’est la réalité, une trivialité déconcertante.
    Autrement on dit qu’un peuple a les dirigeants qu’il mérite
    Gouvernement amorphe, sans vision ni initiative.
    Ministre des affaires étrangères, incompétent et somnolent.(d’ailleurs il compte parmi les plus riches du gouvernement sinon du pays ! Quel effort doit-il faire encore puisque tout est acquis pour lui sinon renouveler le simple beurre sur ses épinards)
    Ministre de l’éducation : il a donné des faux espoirs dès le départ mais actuellement il smble avoir atteint certainement son seuil d’incompétence.
    Ministère de la reconciliation :inutile et budgetivore sans aucun espoir un mirage, un horizon sans fin ( c’est tout simplement pour amuser les galeries et en dormir le peuple). Vous verrez au résultat : rien de bon, sinon gaspillages en temps et en argent.
    Les autres ministres c’est du pipeau !
    Quant au 1er ministre par défaut, à vous d’apprécier et de juger par les faits, quand il était ministre de la santé (ravage de la méningite par sa mauvaise gestion) quand il était ministre des enseignements supérieurs (année blanche à l’université de Ouaga, dont les squelles perdurent toujours avec des années scolaires transformées en S1 S2,..... Sn, équation ou suite arithmétique ...) premier ministre , Terrorisme+ Covid avec tous leurs corollaires.de malheur.
    Que Dieu sauve le Burkina et lui dote de dirigeants compétents et méritants qui se laissent guider par le bien être du peuple !

  • Le 18 mai 2021 à 13:56, par Tokouma En réponse à : Cent jours du mandat de Roch Kaboré : Dr Aimé Claude Tassembedo regrette la « continuité d’une politique molle »

    Aussi bien l’article lui même, que les commentaires disent beaucoup de choses MALHEUREUSEMENT vraies.

    Rien que l’incivisme, surtout des jeunes de tous les milieux (scolaires, petits commerçants, enfants de rue, etc) justifie et prouve que nous sommes sans gouvernants.

    Je m’excuse de le dire mais SEUL notre Honorable Président de l’Assemblée Nationale a le courage de lever la voie et nous le supportons.

    - La Police est l’ombre d’elle même ;
    - La plupart des Ministères ne sont que de nom, aucune action sur le terrain. Tout est THÉORIE VIDE ;
    - Ne parlons pas des Maires et de leurs conseillers qui vraisemblablement n’existaient que pour des parcelles.

    Monsieur Le Président, il faut un peu de poigne pour que TOUT ne s’écroule pas.

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