Lefaso.net : Le 8 décembre 2020, le pape François a dédié l’année liturgique « B » à Saint Joseph, Père de l’Eglise. Comment avez-vous accueilli cette annonce ?

Mgr Léopold M. Ouédraogo : Nous l’avons accueilli avec beaucoup de joie et de reconnaissance parce que Saint Joseph n’a pas parlé du tout dans l’évangile, donc il est resté discret, caché. Et cela peut faire penser qu’il n’a pas fait grand-chose alors qu’il a été très efficace comme père adoptif de Jésus, époux de Marie et même finalement, il a été déclaré Père de l’église. En effet, c’est grâce à son "fiat" que le fils de Dieu est né et a accompli sa mission sans problème. Et c’est Joseph qui l’a suivi, l’accompagné jusqu’au bout dans la soumission, dans l’humilité et dans la confiance de la parole de Dieu.

Alors, l’église veut que nous pensions à lui (Joseph) et c’est sûr que maman Marie aussi fait partie de celles qui voudraient qu’on dise : « Pensez à mon mari ». Parce que sans lui, on n’aurait pas pu accomplir notre mission. Cette année, c’est pour dire « merci à Joseph pour tout ce qu’il a fait pour que le Salut soit accompli ».

Quel privilège spécial Dieu a-t-il donné à Joseph pour faire la différence d’avec les autres hommes de la terre, lui le père putatif de Jésus ?

Je ne dirai pas qu’il a eu un privilège qui le rend différent des autres hommes. Mais il a accompli sa mission en toute complétude et dans la discrétion. Il a été pleinement homme. Quand Joseph a entendu l’ange du Seigneur lui dire que ce n’est pas la faute de sa fiancée, prends là ; il l’a prise sans arrière-pensées et l’a protégée dans son voyage jusqu’à Bethléem et par la suite en Égypte afin de sauver l’enfant Jésus. Il a vraiment agi dans la plénitude et la confiance parce que Dieu lui a parlé.

Dieu lui a dit que son épouse Marie est innocente et lui a demandé de s’occuper d’elle. C’est ainsi qu’il s’est occupé de sa femme jusqu’au bout. Imaginez un peu la douleur qu’un homme doit ressentir si toutefois, il apprend que sa femme est enceinte et que la grossesse n’est pas de lui (sourire). D’autres allaient la répudier ou bien ils allaient chaque fois le rappeler, mais Joseph ne l’a pas fait.

Il a laissé sa femme s’épanouir, vivre dans la confiance, réaliser tout son plan de salut jusqu’au bout. C’est sa femme qui était au pied de la croix parce que Joseph avait accompli sa mission. L’enfant était adulte et il passait partout, quand bien même Joseph savait que l’enfant allait souffrir. C’est un homme qui a été discret et efficace jusqu’au bout sans avoir rien réclamé à Dieu.

C’est pour cela, un frère canadien, André, a dit que « puisque Joseph a accompli la lourde mission que Dieu lui a confiée sans se plaindre, tout ce que Joseph demandera à Dieu, Dieu va l’accomplir. » Conscient de la grandeur du patron des « exilés (Joseph) », le frère André disait ceci : « Rassemblons-nous ! Prions et faisons une grande église pour Saint Joseph en reconnaissance de sa bonté et de sa fidélité. » De ce fait, il y a une grande basilique à Montréal (Canada) pour Saint Joseph et l’on y trouve des béquilles abandonnées par les fidèles, car ils ont retrouvé la santé en suppliant Joseph. Saint Joseph n’a pas été un super homme mais il a été discret.

Un message à l’endroit des époux ?

En ce jour solennel, le message c’est, prenez exemple sur Saint Joseph qui ne s’est pas dit que : « Je suis le chef de famille et c’est moi qui commande. » Je suis le chef de famille pour protéger ma famille, pour aider mes enfants et mon épouse à s’épanouir. Donc, je dois être prêt à faire tout ce que je peux pour les aider à aller mieux, car Dieu me les a confiés en signe de son amitié pour moi. Et en signe de reconnaissance pour Dieu, je vais les rendre heureux (mes enfants et mon épouse).

En ce moment, on ne peut même pas imaginer dans ces conditions qu’il y ait des bagarres, des coups, des blessures, de la trahison, parce que c’est un beau cadeau que Dieu nous a fait, et en réponse il faut bien entretenir ces cadeaux. Si les gens le faisaient, nos familles seraient des familles épanouies où il y a l’entente, la joie de vivre, le pardon, la miséricorde comme Dieu nous le demande.

Propos recueillis par Dofinitta Augustin Khan
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