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Arrondissement de Boulmiougou : Séraphine contre-attaque

Publié le vendredi 9 septembre 2005 à 08h05min

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Le lundi 11 juillet 2005, des conseillers municipaux de l’arrondissement de Boulmiougou avaient convoqué une session extraordinaire, dont l’objectif était non seulement de demander des comptes à la commission d’attribution des parcelles.

Mais aussi débarquer le maire, Séraphine Solange Ouédraogo, qui séjournait à l’époque en France, pour raisons de santé. Hier, en fin de soirée, elle a donné un point de presse pour faire l’état des lotissements dans la zone.

D’entrée de jeu, Séraphine Ouédraogo indiquera que le principe de la transparence l’a toujours guidée dans la conduite des opérations de lotissement. C’est donc pour elle une obligation de rendre compte. Seulement, avouera-t-elle, la cupidité des uns et la détermination des autres à emprunter, quoiqu’il advienne, la courte échelle pour être attributaire d’une parcelle, mettent à rude épreuve la bonne foi et la meilleure des organisations qui soit.

Abandonnant la langue de bois, elle ajoutera que « nous ne nous laisserons pas divertir par des manœuvres sordides d’apprentis politiciens en mal de sensation. Toutes les fois qu’il nous a été permis de débusquer des spéculateurs sans scrupules, certains se sont révélés être des agitateurs en chef de prétendus mouvements ou des auteurs des écrits relayés par la presse ». Sur cette lancée, elle fera allusion au « Groupe 7 » dirigé par un certain « Tiisnaaba », qu’elle citera nommément.

On se rappelle qu’au moment fort de la crise, des trafiquants de parcelles ont été écroués à la MACO, mais libérés plus tard. On peut donc naturellement penser à une certaine impunité. Mme le maire n’a pas cette compréhension de la chose. « Le dossier a été confié à la gendarmerie. Ils ont été écroués. Nous n’avons jamais intervenu pour qu’on libère qui que ce soit.

Ce n’est pas nous qui les avons relâchés. Cela n’est pas de notre ressort ». Certains hommes de médias ont par ailleurs fait un rapprochement entre le « cas Boulmiougou » et celui de la mairie de Koudougou, qui a valu à son bourgmestre d’être révoqué. Et nombreux sont ceux qui ont pensé que si cette décision n’était pas politique, Séraphine Ouédraogo devrait elle aussi passer dans la trappe.

C’est d’ailleurs ce que certains conseillers ont tenté de faire lors de leur session extraordinaire. Il a fallu que Simon Compaoré tape du poing sur la table pour éviter ce putsch. Madame le maire de Boulmiougou n’est-elle donc pas une protégée de Simon ? Elle dira au passage que c’est de bonne guerre que le maire de la commune soutienne ses maires d’arrondissements, qui sont ses plus proches collaborateurs. Puis, élèvera le ton en martelant que :

« Si je n’ai rien à me reprocher, pourquoi j’irais à la MACO ? Je ne suis pas tout inquiète et je le dis haut et fort. Je n’ai pas vendu de parcelle. Si tel était le cas, le maire m’aurait lâchée ». Séraphine voit plutôt d’autres raisons aux problèmes qu’elle rencontre : D’abord, elle expliquera que Boulmiougou est le plus grand des arrondissements de Ouaga et que c’est une zone péri-urbaine. En plus, ajoutera t-elle, « il faut reconnaître que je suis dure et sévère. Il y en a même qui disent que je ne veux pas les laisser manger ».

Elle a par ailleurs abordé la question de l’attribution des parcelles dans le quartier Zongo, précisant que les 15 000 parcelles prévues couvriront tous les résidents. Seulement, il a été décidé de surseoir à ce lotissement, pour traiter des cas plus avancés dans d’autres zones.

A défaut de s’en occuper elle-même pendant son mandat, Séraphine dira que les acteurs du prochain conseil municipal s’en chargeront. Toujours est-il qu’à la date du 18 août 2005, dans son arrondissement de Boulmiougou, 1170 parcelles ont été attribuées au secteur 16, 26578 au 17 et environ 16316 au secteur 19.

Après analyse des différents remous qu’ont connus les lotissements, force est de reconnaître que les deux mandats de Séraphine n’ont pas été de tout repos. On est donc tenté de se demander si elle voudra bien être candidate aux prochaines élections. A l’écouter, ce n’est pas sa préoccupation. « L’important pour moi est de terminer mon mandat présent. De toutes les façons, même si je ne suis pas à la mairie, le combat se poursuivra ».

Issa K. Barry
Kader Patrick Karantao (Stagiaire)

L’Observateur

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