LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Journée africaine de la médecine traditionnelle : six médicaments homologués au Burkina

Publié le vendredi 2 septembre 2005 à 07h36min

PARTAGER :                          

La troisième édition de la Journée africaine de la médecine traditionnelle a été célébrée le 31 août 2005 à Bobo-Dioulasso sous le thème : « Médecine traditionnelle africaine : contribution à la prévention à l’infection à VIH ».

Une formation des tradipraticiens et agents de santé, des conférences-débats, une exposition de produits de la médecine traditionnelle et des remises de prix et d’attestations ont meublé cette célébration présidée par le secrétaire général du ministère de la Santé, le Pr Jean Gabriel Ouango.

Cette année, la Journée africaine de la médecine traditionnelle est axée sur le thème du VIH/Sida parce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est "consciente de la place et du rôle que cette médecine occupe dans notre dynamique sanitaire ", a précisé le secrétaire général du ministère de la Santé. Selon lui, la médecine traditionnelle contribue de manière significative, à la prise en charge de certaines grandes pathologies comme le paludisme, le Sida et les Infections sexuellement transmissibles (IST) au Burkina. Elle y est exercée par plus de 30 000 tradipraticiens.

Ceux-ci sont consultés en première intention par la majorité des patients. Ils sont de ce fait en première ligne pour les premiers soins prodigués aux Personnes vivant avec le VIH/Sida (PVVIH). "Cette importante porte d’entrée dans la prise en charge est entrouverte en permanence par des hommes et des femmes qui détiennent un savoir naturel dans la lutte contre la douleur et la souffrance ", affirme le Pr Ouango.

Il faut donc tenir compte d’eux dans la prévention du VIH/Sida et la prise en charge des PVVIH, surtout que "depuis plus de 20 ans, le virus du Sida défie toutes les médecines du monde entier. Il se joue de la technologie, du mystique et du spirituel ", ajoute-t-il. L’exemple a été donné par le président du Faso qui a pris en compte la médecine traditionnelle dans le renouvellement des Engagements nationaux en 2004.

Des acquis indéniables

Cette coordination des efforts entre les médecines traditionnelle et moderne a donné des acquis indéniables. Les plus importants sont la réglementation de l’exercice de la médecine traditionnelle et la mise en place d’une procédure d’homologation des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle. Ainsi, six (06) médicaments qui en sont issus et qui ont été fabriqués par des producteurs nationaux ont bénéficié récemment d’une autorisation de mise sur le marché. Il s’agit de quatre (04) médicaments des laboratoires Phytofla à Banfora, produit par le Dr Zéphirin Dakuyo et de deux (02) médicaments des laboratoires Phytosalus du Père César à Ouagadougou.

Ils interviennent essentiellement dans la récupération nutritionnelle, le traitement du paludisme et des fatigues générales. Ces médicaments peuvent désormais être commercialisés dans le circuit officiel de dispensation des médicaments et prescrits par les médecins. Les dossiers concernant une vingtaine d’autres médicaments issus également de la pharmacopée traditionnelle sont en cours d’examen. L’avenir de cette médecine complémentaire voire alternative semble prometteur avec l’implication des chercheurs. "La présence de nombreux chercheurs travaillant sur les plantes médicinales nous donne de bonnes raisons d’espérer le développement d’une production locale fondée sur des données scientifiques fiables concernant la qualité, l’efficacité et l’innocuité des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle", a dit le Pr Ouango. En outre, le net recul des publicités tapageuses sur certains médias, les différentes formations ont permis de renforcer les capacités des tradipraticiens de santé.

Le secrétaire général du ministère de la Santé a invité les tradipraticiens, les producteurs et les chercheurs à trouver un cadre adéquat pour la gestion de la propriété intellectuelle liée au savoir traditionnel. Il les a assurés du soutien et de l’accompagnement du gouvernement dans l’œuvre de "modernisation de notre patrimoine thérapeutique traditionnel ".Quant au représentant des tradipraticiens, Samuel Sawadogo, il a remercié les autorités du ministère de la Santé pour les actions déjà entreprises à leur endroit. Il a plaidé pour un accompagnement plus soutenu afin de donner à leur savoir plus de visibilité.

Des journalistes primés

Une des activités-phares de la journée aura été la proclamation des résultats et la remise des prix aux lauréats du 3è " prix de l’excellence Kamanga Théophile Ouédraogo ", prix mis en compétition par REJOMETRA (Réseau des journalistes en médecine et pharmacopée traditionnelles).Sur les onze œuvres en compétition (cinq en presse écrite et six en radio), deux ont été primées par catégorie. Pour la presse écrite, Charles Ouédraogo des Editions Sidwaya a reçu le 1er prix pour son article intitulé « " Pharmacopée et paludisme : la nécessaire collaboration entre médecine traditionnelle et moderne". Il a été suivi de Sourô Dao de L’Express du Faso pour : " Rissala, un tradipsychiatre burkinabè ".

En catégorie radio, Sylvain Vébamba de la radio diffusion du Burkina remporte le 1er prix pour son émission : « Médecine/pharmacopée traditionnelles : pratiques et perspectives ». Ouabo Nombré de Savane FM s’adjuge le 2è prix pour l’émission intitulée : " Rôle de la médecine traditionnelle dans la lutte contre le Sida ". Les premiers de chaque catégorie ont reçu un trophée, une attestation, des médicaments et 250 000 F CFA. Quant aux seconds, ils ont chacun eu comme récompense une attestation, des médicaments et 150 000 F CFA.

Le jury a tablé sur des critères tels que la clarté, la technique de l’écriture journalistique, l’intérêt du sujet, la qualité de l’information, la diversité des sources, la qualité des illustrations et la connaissance du domaine. L’absence d’oeuvres télévisuelles a été déplorée.

La troisième Journée africaine de la médecine traditionnelle a pu se tenir grâce à l’appui du ministère de la Santé, de l’OMS, du Projet pharmacopée valorisée (PHAVA), d’ONG, d’associations de tradipraticiens et des autorités régionales, provinciales, communales, coutumières des Hauts-Bassins et des Cascades.

Il faut préciser que la médecine traditionnelle est selon l’OMS « la combinaison des connaissances et pratiques, explicables ou non, utilisées dans le diagnostic, la prévention ou l’élimination de maladies physiques, mentales ou sociales et qui s’appuient exclusivement sur l’expérience et l’observation passées transmises de génération en génération, verbalement ou par écrit ».

Urbain KABORE


Congrès du WANPRES

En marge de la célébration de la 3è Journée africaine de la médecine traditionnelle, le Réseau ouest-africain des chercheurs dans le domaine des substances naturelles (WANPRES) a tenu son congrès du 29 au 30 août 2005. Il a notamment adopté son règlement intérieur et fait le point sur la recherche. Il faut préciser que WANPRES est une équipe pluridisciplinaire constituée entre autres, de sociologues, de pharmacologues, de toxicologues, de biochimistes, de microbiologistes.

C’est également une équipe interministérielle impliquant les Enseignements secondaire et supérieur, la Santé, l’Environnement et le Cadre de vie. Ce réseau est une passerelle entre l’administration de la santé et les tradithérapeutes. "Nos recherches sont axées sur les plantes médicinales " affirme le Dr Hassanata Millogo, coordonnatrice de WANPRES. Ainsi, les vertus médicinales sont mises en évidence car on vérifie les informations données par les tradipraticiens et la production de gélules ou de comprimés peut être envisagée.

En outre, des facteurs non maîtrisables par les tradithérapeutes (conservation, dosage, effets secondaires à court et long termes sur les organes vitaux) sont pris en compte par les chercheurs de WANPRES. La coordonnatrice du réseau en appelle à une plus franche collaboration entre les tradithérapeutes et les chercheurs. " Les chercheurs ne peuvent pas travailler sans les tradithérapeutes, mais on ne sait pas toujours jusqu’où les tradithérapeutes peuvent aller ", conclut-elle.

UK

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique