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Soutenance de thèse : Hyacinthe Kanté décrypte les aspects biochimiques, biotechnologiques et nutritionnels de la mangue

Publié le mercredi 16 octobre 2019 à 19h35min

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Soutenance de thèse : Hyacinthe Kanté décrypte les aspects biochimiques, biotechnologiques et nutritionnels de la mangue

La communauté scientifique burkinabè s’est enrichie dans la soirée du 14 octobre 2019. Hyacinthe Kanté a soutenu sa thèse unique de doctorat à l’Université Joseph Ki-Zerbo. C’est un travail scientifique de six ans sur les aspects biochimiques, biotechnologiques et nutritionnels des variétés de mangues produites au Burkina Faso qui a été présenté au jury. Elle a été jugée du grade de Docteur.

« Valorisation des variétés de mangues produites au Burkina Faso : aspects biochimiques, biotechnologiques et nutritionnels », c’est le thème qui a fait l’objet des recherches de Hyacinthe Kanté, dans le cadre du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest. Pendant six ans, elle a parcouru les vergers, rencontré les producteurs, les transformateurs, étudier 20 variétés …pour donner un spectre des qualités biochimiques et nutritionnelles des mangues locales disponibles au Burkina Faso et décliner les potentialités d’utilisation industrielle de ces mangues pour la création de richesses et l’assurance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Il s’agissait à travers cette étude, selon Hyacinthe Kanté, de travailler à « la valorisation technologique de la mangue (Mangifera indica) à travers l’amélioration et la diversification de ses produits alimentaires dérivés ». Ce, à travers un état des lieux sur la transformation de la mangue réalisé auprès de 40 unités de transformation. Elle part du constat que la transformation de la mangue au Burkina Faso est limitée par la qualité, la diversification des produits dérivés et par l’insuffisance de données sur les caractéristiques biochimiques et technologiques des variétés de mangue utilisées.

Pourtant, au Burkina Faso, la mangue (Mangifera indica L.) fait partie des six filières dites porteuses identifiées comme présentant un fort potentiel pour la diversification des exportations. La production nationale s’élève à environ 337 101 tonnes /an pour 2 274 035 pieds répartis sur une superficie de 12 250 hectares. Elle est la plus importante production nationale fruitière et de ce fait considérée comme « premier fruit national ».

Mais, la mangue récoltée est essentiellement vendue à l’état frais à l’export et sur le marché local. Une bonne partie de la récolte (30-40%) pourrit dans les champs. Certaines mangues tombent de l’arbre avant la cueillette et d’autres sont affectées par la mouche des fruits. Les conditions inappropriées de cueillette et d’entreposage ainsi que l’insuffisance d’infrastructures de conservation et de techniques de traitement des mangues contribuent à augmenter les pertes post-récoltes.

La transformation de la mangue elle, ne représente que 20% de la production nationale et est réalisée par une soixantaine d’unités de transformation à majorité artisanale. La mangue séchée est le principal produit de la transformation et représente 80% des produits transformés. Les autres produits sont les jus/nectar, la confiture, la pulpe et le sirop.

Le niveau de transformation reste donc faible à cause de la faible capacité des unités artisanales, de l’insuffisance d’infrastructures de conservation/ transformation et d’une main d’œuvre non qualifiée. Les produits finis issus de la transformation de la mangue sont confrontés à un problème de qualité du fait que certaines unités ne maîtrisent pas ou ne transforment pas suivant les normes de qualité. Malgré tout, la mangue constitue un maillon dynamique et génère des revenus pour les acteurs et l’économie du pays.

« Les données de l’enquête ont révélé que les unités de transformation sont composées à 41% d’unités artisanales et à 56% d’unités semi industrielles », a révélé l’étude.
A l’issue de sa présentation orale, le jury composé de six enseignants d’universités du Burkina Faso, du Bénin, de la Tunisie, et présidé par le Professeur Eloi Palé, a salué le travail de la chercheuse qui s’est engagée sur un terrain pas suffisamment défriché.

« C’est un sujet important, c’est un fruit important en matière de création de richesse. La mangue est un fruit particulier parce qu’il est climatérique. Ça veut dire que c’est un fruit qui continue à mûrir et à respirer. Les pertes de production chez nous durant la période post récolte varient entre 30 et 50 %. C’est normal donc qu’on développe de nouvelles stratégies, de nouveaux procédés de transformation. Mais avant de transformer, il faut déterminer les paramètres biochimiques et biotechnologiques », a pour sa part noté le Directeur de thèse, Pr Mamoudou Dicko pour qui, pour aller à la transformation, il faut d’abord bien connaitre scientifiquement les fruits.

Et c’est ce à quoi s’attèle le Laboratoire de biochimie, biotechnologie, technologie alimentaire et nutrition (LABIOTAN) qu’il dirige pour la valorisation biotechnologique des ressources endogènes locales, notamment les produits végétaux locaux.

« Il faut que la thèse serve ceux à partir de qui, nous avons identifié la problématique », a dit par contre le président du jury, Professeur Eloi Palé. Cela n’est pas contesté par Hyacinthe Kanté qui a promis d’organiser des sessions de restitution des résultats de sa recherche à l’endroit des producteurs et transformateurs de la mangue. Elle a été jugée digne de porter le grade de Docteur, avec mention très honorable.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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