Il faut dire qu’elle n’est pas partie d’elle-même : c’est Lambert qui l’a chassée du domicile parce qu’elle était rentrée très tard une nuit. L’a-t-il recherchée pendant tout ce temps ? Personne ne saurait le dire. Mais les gens présents ce jour-là, constatèrent le changement d’attitude de Lambert qui se précipita sur sa fille avec la ferme intention de la malmener sur place au bord de la route. Une course-poursuite dans le quartier qui s’acheva au désavantage du père.

La fille avait trouvé sécurité dans une cour voisine. De retour sur les lieux, Lambert se mit à insulter vertement les père et mère de la copine à sa fille Adèle accusée d’être livrée à la prostitution au bénéfice de la famille de cette dernière.

La mère de cette copine se tenait de l’autre côté de la route en conversation avec d’autres personnes. L’ayant vue, Lambert abandonna la fille pour la mère. Il l’y rejoignit et se mit à lui cracher son venin en face, répandant sur elle son haleine avinée. Peu satisfait du résultat de ses grossièretés, Lambert entreprit de battre la dame en question. L’assistance s’y opposa. Mieux, quelqu’un alla prévenir le mari de la dame de ce qu’elle était en mauvaise posture.

Celui-ci s’étant rendu sur les lieux, demanda poliment à Lambert s’il connaissait le mari de la dame qu’il voulait rosser. Lambert lui répondit de la manière la plus grossière qui soit bien qu’il sût que l’homme était l’époux de la dame. L’homme ne répondit pas. Il ajusta les deux joues de Lambert et de ses deux larges mains, il le gifla avec violence en même temps, prenant la tête de Lambert en sandwich.

Le double coup sonna notre homme qui tel un boxeur groggy, resta un moment les yeux pleins de brume, la bouche ouverte à ne savoir où il se trouvait. Lorsqu’il reprit ses esprits, et malgré l’intervention de l’assistance, Lambert voulut rendre les coups reçus. Son premier coup de poing partit et rencontra le vide. L’homme l’avait esquissé avant de le cueillir à sec par un crochet qui le fit tituber fortement. Quelqu’un d’autre aurait compris que le combat était inégal. Pas Lambert. Son deuxième coup de poing fut facilement dévié par l’homme qui visiblement voulait en finir. Voici pourquoi il a balancé à la face de Lambert un coup à ébranler un taureau.

Cette fois-ci Lambert était au sol à rouler dans la poussière tant le coup l’avait éjecté : tout comme au cinéma. Comme le crocodile avant de mourir boit de l’eau, Lambert voulut réagir pour sauver l’honneur car sa fille Adèle, son amie et bien de ses connaissances du quartier assistaient à la bagarre. En se relevant difficilement, il se saisit d’une grosse pierre qu’il balança à la tête de son adversaire. L’homme l’évita et marcha sur lui avec la nette intention de l’envoyer cette fois-ci dans le fossé à côté.

Lambert l’avait-il compris ? L’assistance le vit tituber à reculons, puis courir franchement vers son engin qu’il enfourcha, démarra en trombe et insultant sans distinction adversaire et assistance, disparut dans un nuage de fumée.

Après son départ, l’assistance fort amusée, commenta avec bonne humeur l’altercation. Mais personne dans cette assistance-là ne pensa un seul instant au sort de la malheureuse Adèle. Adèle l’orpheline de mère ; où ira-t-elle après avoir assisté à l’humiliation de son père ? Les parents de sa copine voudraient-ils toujours la garder chez eux après tout ce qui s’est passé ? !! Lambert, ressaisis-toi ; sinon ce que tu craignais pour ta fille risque bien d’arriver : la rue puis la prostitution.

Sacré Chédou OUEDRAOGO
Sidwaya